6 - Les autres passagers [Partie 2/3]

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 Heureusement, je ne dus pas attendre très longtemps pour connaître le fin mot de l'histoire.

— Est-ce qu'il t'a expliqué pourquoi tu es là ?

— Je dois bien avouer que non, ricanai-je.

— Ça ne m'étonne pas. Je pense qu'il n'a pas su comment te justifier tout ça. Mais à moi, il m'a appris ce que tu vivais avec ton copain. Il se trouve que j'ai aussi été en couple avec quelqu'un qui ne m'aimait pas de la bonne façon. Je sais qu'on ne se connaît pas, mais est-ce que tu veux qu'on en parle ?

Je fus surpris et un peu perdu devant sa proposition. Je jetai un coup d'œil à mon collègue qui détourna les yeux lorsqu'il me vit. D'accord, il avait vraiment orchestré tout ça.

— Est-ce que ce n'est pas gênant pour toi de me raconter ce que tu as vécu ? m'étonnai-je.

— Bien sûr que non, sinon, j'aurai refusé quand il me l'a demandé.

Durant la demi-heure qui suivit, il me conta alors l'une des pires histoires que je n'avais jamais entendues. Pour mon plus grand déplaisir, je trouvais énormément de points communs avec ma relation actuelle. Il sut poser des mots sur mes interrogations, mes doutes et mes peurs sans même que j'ai à lui demander. J'écoutais consciencieusement et respectueusement son récit, craignant le moment où il arrêterait de parler.

— Finalement, je suis tombé dans une dépression et une paranoïa sévère. C'est en partie grâce à Beryl que je vais mieux. Il a su me montrer que j'étais digne d'être aimé et respecté. Est-ce que ça t'arrive aussi ? De te dire que tu ne dois pas être assez bien pour ton copain ?

Je hochai la tête, un peu abattu avant de lui poser une question à mon tour.

— Quand est-ce que tu t'es rendu compte que c'était mieux pour toi d'être sans lui ?

Il soupira.

— Quand c'était déjà trop tard. Le soir où il m'a giflé, j'ai filé chez ma sœur et c'est elle qui a fini par m'ouvrir les yeux. Malheureusement, c'est lui qui m'a quitté, mais c'était une bonne chose, car sans ça, je ne sais pas où j'en serais aujourd'hui.

Dans le jardin, je surpris plusieurs fois Logan, le regard braqué sur moi. Il s'inquiétait, c'était flagrant et j'étais touché qu'il s'en fasse autant pour moi. Je ne pouvais pas me mentir plus longtemps. L'histoire d'Ethan était bien trop similaire à la mienne. Jusqu'à l'humour humiliant commun à Félix et Mickaël. Ils avaient tous les deux les mêmes réflexes que m'expliqua Ethan ; retourner les situations dans le but de me convaincre que j'étais fautif, tout en se plaçant en victime, vouloir prendre le contrôle de tous les aspects de ma vie, que je sois d'accord ou non, s'énerver pour un rien afin que je sois toujours à la recherche de son approbation...

J'eus bientôt la nausée, mon estomac était tant contracté par le stress et la tristesse que je dus prendre de longues inspirations que j'espérais discrètes afin de ne pas me mettre à rendre mon petit déjeuner dans leur jardin.

— Est-ce que tu y vois un peu plus clair ?

Mes épaules s'affaissèrent sous le coup d'un profond soupir.

— Je pense que oui. Mais... quand il veut, il est tellement adorable et gentil et affectueux... J'ai du mal à croire qu'il puisse vraiment être comme Félix.

— Tu sais, ces gens-là sont tous pareils, mais tous différents. Ils nous font nous sentir bien, puis plus bas que terre. Au final, on devient dépendant d'eux, on attend qu'une seule chose : leurs félicitations. L'emprise qu'ils créent est puissante et plus tu patienteras, plus ce sera difficile de partir. Logan m'a dit qu'il avait été violent avec toi. C'était déjà arrivé ?

NIGHTMARE 2 - Dystopique [MxM] [terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant