NIGHTMARE 2 - Dystopique [MxM] [terminé]

7 - Changement de ligne

 Le réveil fut plus dur que je le pensais. Contrairement à la veille, ma nuit n'avait été ni calme ni reposante. Mon sommeil avait été construit de plusieurs éveils en sursaut, entrecoupés de cauchemars particulièrement réalistes.

Devant ma tasse de café, je n'en menais pas large, frottant régulièrement mes yeux gonflés et fatigués. Nous quittâmes sous peu la maison de Beryl et Ethan, nous promettant de nous revoir et dans la voiture, je parlais peu, répondant juste à Logan par politesse. Lorsque nous arrivâmes en ville, il me demanda si je souhaitais passer dans l'immédiat chez Mickaël et je pris le temps d'y réfléchir.

D'un côté, je voulais me débarrasser de ça au plus vite et m'éloigner de lui. Ce que m'avait raconté Ethan stagnait dans mon cerveau, y infusant une peur nourricière. Je refusais d'aller plus loin dans cette relation, dans la violence qu'il avait instaurée. Mais d'un autre côté, je n'étais pas certain d'y parvenir. Je n'avais jamais fait partie des plus courageux ni même des plus téméraires. Alors, prendre ce genre de décision me mettait tout entier à mal.

— Éliah ? me relança Logan.

— Pardon, j'étais dans la lune. Je ne sais pas trop. Pour t'avouer la vérité, j'ai un peu peur d'y aller.

— Si c'est lui qui t'effraie, tu n'as pas à t'en faire. Je t'ai dit que je viendrai avec toi et je n'ai qu'une parole. Si je suis là, il se tiendra bien.

— Merci. Ça me soulage légèrement.

— Tant qu'on parle de ses frasques ; je pense que quand ton portable sera réparé, tu devrais en changer. Change de sim aussi. Change tout. Il ne doit plus être en mesure de te contacter.

L'idée était plutôt bonne. C'était un tantinet extrême, mais comme je ne savais pas comment fonctionnaient ces applis de surveillance, autant tout racheter afin d'être sûr de ne plus avoir de problèmes. Après une petite délibération, nous nous dirigeâmes vers l'appartement de Mickaël. Garé devant, je pris de longues inspirations salvatrices. Mon cœur tambourinait tellement que j'en avais presque la tête qui tournait. Lorsque je me sentis prêt, je sortis de la voiture et entrais dans l'immeuble, Logan sur les talons. Je pouvais presque ressentir son aura de chien de garde et ce fut le seul point qui me donna envie de sourire tandis que l'ascenseur nous menait à l'étage.

Face à la porte que j'avais franchie tant de fois, de nombreuses incertitudes m'assaillirent. Est-ce que je prenais la bonne décision ? Avais-je vraiment donné toutes ces chances à mon couple ? Avais-je choisi la facilité ? Remarquant mon trouble, Logan posa sa main sur mon épaule et me parla d'un ton bas.

— Tu prends la bonne décision. Je sais que tu doutes et tu seras perdu encore quelque temps ; mais je te promets que bientôt ça ira mieux et que tu seras heureux de l'avoir fait.

Je le regardai un instant. Il avait l'air sur ses gardes, ce qui ne m'enchanta pas. Puis, plus dans un réflexe qu'autre chose, je toquais. Les secondes qui s'écoulèrent jusqu'à l'ouverture du battant me parurent durer une éternité et finalement, lorsqu'il apparut, je reculais d'un pas.

Un gros coquard ornait son œil là où Logan l'avait frappé. En me voyant, il esquissa un sourire, mais en apercevant Logan, la noirceur et l'animosité remplacèrent sa joie.

— Qu'est-ce qu'il fout ici ? gronda-t-il sans jamais le quitter des yeux.

Ma bouche s'élargit, mais aucun son n'eut la faculté d'en sortir et son regard haineux qui se braqua sur moi ne m'aida pas. Logan, qui n'avait certainement rien loupé de ce changement d'attitude, saisit un passant de ma ceinture puis me tira en arrière. L'ambiance s'alourdit une nouvelle fois ; je remarquais bien que les deux se contenaient, mais je ne savais pas si je serais capable de les arrêter si tout dégénérait. Je devais me forcer à converser, exprimer ce que je ressentais. Alors, afin de court-circuiter ma peur, je clôturai mes yeux et parlai le plus vite possible :