L'Histoire du Dr J. Stevens (Partie 2) [ShortList Watty22... -Edité-]

Chapitre 38 : Les visionnaires aux missions inaccomplies (époque : 2022) (1/4)

Durant le trajet puis en entrant dans les lieux sécurisés, J. Stevens repense aux échanges de la matinée avec son assistante Martha Tabram. Son assistante a-t-elle vu la Gardienne ou est-ce simplement l'évidence de la situation et des échanges qui conduisent à cela ?

Le regard perdu parmi son visage creusé, penser à son assistante lui provoque toujours une forme de nostalgie.

- Je m'entends parler.

- Vous vous entendez parler, Docteur ?

- Oui, enfin, je m'entends parler dans une langue que je ne connais pas.

- Pendant votre sommeil ? précise la femme âgée.

- J'ai l'impression d'être encore endormi, mais je n'en suis pas certain. Il est possible que je sois réveillé... je ne suis plus certain de rien depuis un an.

- Vous êtes bien réveillé là, rassurez-moi Docteur ? s'inquiète-t-elle.

J. Stevens sursaute et ouvre les yeux.

- Docteur ?

- Martha ?

Des mots tentent de sortir de la bouche du clinicien.

« Merde, quel rêve ai-je encore fait ! »

- Vous étiez-là et nous parlions Martha...

- Nous parlions ? dans votre lit ?

- Non, évidemment, en bas de l'hôtel.

- Ce qui me semble plus convenable, lui sourit-elle. Nous sommes amis, mais une certaine courtoisie s'impose, cher Jonathan.

Elle regarde autour d'elle, la chambre en question dont il n'y a rien de remarquable.

- Même si j'apprécie beaucoup les rideaux de votre chambre d'hôtel, pour une fois.

Le décor change autour des deux protagonistes pour laisser place à une salle de restauration vide.

- Et de quoi parlions-nous Docteur ?

Il s'éclaircit la voix à l'aide d'une tasse de café qui vient d'apparaître dans sa main.

- C'était irrationnel... J'ai la sensation réelle d'avoir vu la suite de mes rêves précédents.

- Ceux avec la lumière finale ? suit calmement M. Tabram.

- Oui... et ma bouche... qui parle une langue étrangère dans mes chimères.

Le psycho-criminologue se frotte les lèvres d'une main tremblante, avant de la conduire vers ses cheveux en pagailles poivre et sel. L'assistante écoute patiemment, redressée, d'un visage ferme.

- Et la Gardienne ? Qu'en est-il d'elle ?

J. Stevens se resserre une tasse.

- Oh, quant à elle, il semblerait que vous aviez raison.

- A quel propos ?

- Elle n'est pas seule, il y en a plusieurs. Ce n'était pas moi dans ce rêve, j'étais dans la tête de quelqu'un qui avait son propre Gardien.

- Vous devriez écrire vos rêves, Docteur, pour être certain de ne rien perdre et ne pas tout mettre dans ces rapports judiciaires.

Il approuve en allumant une cigarette. Il se perd dans ses réflexions et parle à haute voix sans s'en rendre compte.

- Serait-ce vrai alors, Docteur ? Vous accordez du crédit à un prévenu qui cherche à sauver sa peau.

- N'est-ce pas ce que nous ferions tous à sa place ? Ne chercherions-nous pas à contrôler le peu d'informations dont nous disposons afin de ne pas mourir ?

Martha Tabram considère froidement le psychologue avant de boire à son tour sa tasse, de thé de préférence.

- Je n'ai pas votre empathie pour les criminels, vous le savez.

- Vous pensez de lui comme le commissaire parlait de Jack Sallow. Croyez-moi, Martha, j'ai vu ce qu'il m'a fait. J'ai vu les traces sur son corps, et mes douleurs qui disparaissaient.

- Donc, soupire-t-elle, il n'est pas normal, mais il n'est pas fou, si je comprends bien, consent-elle.

Elle approche son visage pour souffler à J. Stevens :

- Un peu comme vous, en fait, Docteur.

- Mais à ma connaissance je n'ai pas essayé de tuer quelqu'un récemment, répond-il tandis que la Gardienne lui saisit la jambe droite. J'avoue que l'envie m'a traversée.

- Pourquoi est-elle effrayée comme cela alors ? questionne l'assistante en regardant la silhouette de la jeune Gardienne au sol.

- Elle est toujours comme cela ces derniers temps... rétorque le psycho-criminologue.

La Gardienne recule au fond de la pièce, effrayée.

- Bien qu'il se trouve derrière les barreaux, j'ai l'impression que ce détenu maîtrise mieux la situation que vous ou que l'agent Lewis, Docteur.

- Vous avez raison, je retourne l'interroger aujourd'hui. La deadline approche, nous sommes dans les derniers jours de la dernière semaine.