LET'S ROCK | Minsung

Chapitre 9

Encore une fois Minho se retrouvait dans la grande gare de Séoul mais cette fois, un pressentiment le travaillait. Jeongin, du peu qu'il lui parlait, ne lui avait rien dit sur une soi-disante surprise qu'on pourrait lui faire ou même un concert de prévu, rien du tout. Il avait vaguement parlé du fait qu'il s'était pris une journée de calme rien que pour lui et qu'il ne répondrait pas forcément aux messages.

Pourtant Jisung l'avait bien convié à le rejoindre, il était présent à la bonne date, à la bonne heure. Il le sut lorsqu'il aperçu le batteur faire son entrée dans la gare, mains dans les poches.

Il stressait, une des premières fois que ça lui arrivait. Il avait convié le petit ami de son meilleur ami à le rejoindre alors qu'il n'avait rien prévu, que personne n'était au courant, qu'il allait devoir avouer la vérité au châtain qui s'énerverait sans doute. Il regretta instantanément ses agissements, il ne savait même plus pourquoi il s'était comporté ainsi.

Lorsqu'ils furent face à face, leurs regards s'étaient aussitôt rencontrés, ils n'arrivaient à se détacher l'un de l'autre sans vraiment savoir pourquoi, sans même dire un mot. Ce ne fut que lorsqu'une voix annonçant l'arrivée d'un nouveau train retentit qu'ils réalisèrent qu'ils étaient l'un devant l'autre depuis une trentaine de secondes sans se parler.

— Salut.

Minho avait été le premier à parler. Ramenant Jisung à la réalité, c'était le moment où il allait devoir lui expliquer la situation.

— Hm, t'as fait bon voyage ?

— Normal.

Puis silence à nouveau, ils sentaient que quelque chose se passait sans vraiment trop savoir ce que c'était. De la gêne probablement, ils avaient l'impression de ne pas se connaître alors qu'ils se parlaient tous les jours.

— On va chez Jeongin du coup ? Il m'avait dit qu'il se prenait une journée seul et tranquille donc ça m'a étonné un peu.

— En fait, il y a un changement de programme.

— C'est-à-dire ?

— C'est-à-dire qu'on va chez moi et que je t'expliquerai là-bas.

Minho était perplexe mais suivit tout de même le batteur. Que pouvait-il faire de plus de toute façon ? Il était seul avec une valise dans une ville qu'il ne connaissait que très peu.

Ils prirent le métro et arrivèrent chez Jisung en quelques minutes. C'était la première fois que Minho voyait son appartement autrement qu'en photo ou Facetime, il était nickel, rangé de A à Z, même une odeur de produits ménagers se faisait sentir. À croire qu'il avait rangé rien que pour son arrivée.

Jisung lui fit un petit tour rapide des lieux, c'était tout de même un assez petit appartement mais assez grand pour y vivre. Une cuisine, une salle de bain, un salon et une chambre.

Une fois arrivés dans cette dernière, Jisung fit face au châtain, prêt à parler.

— En fait, hm... comment dire ça. Il reprit sa respiration, ne sachant pas pourquoi il se mettait dans de tels états. Je t'ai un peu menti.

— C'est-à-dire ?

— Je... Il y a pas de surprise, de Jeongin ou je ne sais quoi, en fait personne est au courant que t'es là sauf moi.

Minho fit un retour sur la terre ferme d'un seul coup, et pourtant il n'était pas très étonné.

— J'aurai dû m'en douter.

— Comment ça ?

— Que t'allais me mentir pour m'attirer dans un de tes plans à la noix, depuis qu'on se connaît je m'éloigne de Jeongin, tu m'éloignes de Jeongin, et voilà qu'encore une fois tu m'attires dans des problèmes par rapport à lui. Tu sais que j'ai pas un grand budget ? Que des billets de train je ne peux pas en acheter tous les mois et que tu viens juste de me prendre une occasion de voir mon copain ?

Le ton était monté assez vite, et en même temps c'était compréhensible. Minho n'était même pas tant énervé que ça, il ne savait décrire ce qu'il ressentait. Il avait l'impression de savoir depuis le début que c'était faux, mais qu'il s'était volontairement laissé tomber dans le piège.

— Arrête, on sait tous les deux que t'en as plus rien à foutre de Jeongin, tu lui mens sans arrêt, tu l'appelles plus, tu prends même plus de ses nouvelles .

— À qui la faute hein.

— À toi, t'es le seul responsable de tes actes.

— Oh, donc tu vas me dire que tu passes tes soirées à me parler, à me draguer, à me donner des rendez-vous en secret à cause de moi aussi ?

Jisung ne savait plus quoi dire. Il avait bien envie de lui répondre qu'il avait fait tout ça pour le piéger, c'était le but après tout, mais il ne pouvait nier qu'il avait donné rendez-vous à Minho pour son propre petit bonheur, pour sa satisfaction personnelle.

— Tu me gonfles. Avait dit Minho. Je te jure que tu me gonfles.

— Ça c'est gratuit.

— C'est mérité, tu veux faire de moi ce que Hyunjin a été depuis le début. T'en as rien à foutre de ton meilleur pote ou même de moi. Je sais même pas pourquoi j'ai continué de rentrer dans ton jeu et de perdre un mec en or alors que tu me racontais comment tu faisais pour manipuler Hyunjin et ses sentiments. Je sais pas, je me suis peut-être dit que j'étais différent et que t'allais m'épargner ça mais non, je suis qu'un putain de remplaçant Jisung. Plus il parlait, plus il s'énervait. Bien sûr que je suis aussi en tort dans l'histoire mais n'essaye même pas de me faire croire que t'es un saint.

Tout ce qu'avait dit Minho, Jisung le savait. Bien sûr qu'il était au courant, qu'il connaissait son plus gros défaut, mais l'entendre de la bouche de Minho l'avait blessé. Peut-être que lui aussi avait pensé qu'il aurait pu être différent mais apparemment non, le naturel revenait à la charge plus vite que prévu.

Voyant son manque de réponse, Minho soupira. Il laissa sa valise dans un coin et quitta la pièce, se rendant dans le salon. Il remit son manteau, ses chaussures, alors qui Jisung le regardait inquiet.

— Minho...

— Je vais faire ce que j'aurais dû faire depuis un moment déjà. Envoie-moi ton adresse je te dirai quand je rentre.

Jisung continua de le fixer sans rien dire, bouche bée. Il se sentait bizarre; un mélange entre le vide et la culpabilité. Et, lorsque la porte claqua, annonçant le départ de Minho, ce fut de justesse qu'il arriva à retenir une larme.

C'était vrai au fond, il était un connard qui faisait souffrir tout le monde, et à force de continuer il se retrouverait seul plus vite que prévu.