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Comme si l'exercice l'avait éprouvé plus que de nature, Anna se laissa tomber par terre contre son lit et éclata en sanglot. Elle en fut surprise et voulut s'arrêter, mais impossible. Une boule monstrueuse entravait sa respiration qui devint de plus en plus hachée. Bientôt sa voix résonnait dans la chambre, comme une musique désagréable. Elle ne savait pas pourquoi elle pleurait comme ça. Cela ne lui était jamais arrivé avant. Enfin, si. Lorsqu'elle était rentrée chez elle après l'humiliation que Drike lui avait fait subir. Heureusement que Maria était venue la trouver sinon elle ne savait pas ce qu'elle aurait fait. Mais ce soir, aucun de ses amis ne viendrait la consolée. Maria était au chaud dans les bras de son mari, à regarder affectueusement la vie qu'ils venaient de donner, et June, nouvellement fiancée, profitait de l'amour de Charlie. Même son père était à mille lieux d'elle et heureux avec sa femme.

Elle, elle restait seule, dans sa maison froide, à pleurer comme une madeleine et sans bras pour la soutenir.

Les larmes d'Anna redoublèrent brusquement. N'avait-elle pas obtenue vengeance ? N'était-ce pas ce qu'elle voulait ? Que Drike tombe éperdument amoureux d'elle ? Lui le grand séducteur qui l'avait traité sans pitié venait de dire des âneries devant elle. Il était visiblement aussi mordu qu'elle l'avait été. Ou qu'elle l'était.

Cette remarque lui arracha un cri de protestation. Mais avant de nié l'évidence, elle s'avoua que ce serait inutile. Au fond d'elle, elle n'avait jamais cessé de l'aimé. Sinon pourquoi se demanderait-elle chaque fois comment seraient les choses si Drike ne l'avait pas jeté de chez lui, s'il s'était comporté en gentleman et l'avait raccompagnée chez elle ?

Lorsqu'elle tenait Jonathan dans ses bras et qu'il s'était penché à côté d'elle, elle avait une fraction de seconde entrevue une image d'elle et de Drike, tenant leur propre bébé dans les bras. Image ridicule ! Comment avait-elle pu retomber amoureuse de Drike, idiote qu'elle était ? Lui plaisait-il de souffrir ? Il était censé être le seul à tomber amoureux, pas elle. A malin, malin et demi. Elle était tombée dans le propre piège qu'elle avait tendu à une autre personne.

On sonna soudainement et Anna sursauta. Tout était si calme autour d'elle qu'elle avait oublié que la vie existait dehors. Elle s'empressa d'essuyer les larmes et descendit bien que difficilement, et fut surprise de voir son voisin.

— J'espère que je ne dérange pas. J'ai vu la lumière et je voulais m'assurer que...

John s'interrompis en voyant le visage rouge et les yeux gonflés d'Anna.

— Qu'est-ce qui ne va pas ma belle, s'enquit-il d'une voix douce en la tirant dans ses bras.

Cette marque d'affection inattendus fit éclater un nouveau sanglot. John resserra son étreinte et entra à l'intérieure avant de refermer la porte d'un mouvement de pied. Anna s'agrippait à lui comme à une bouée de sauvetage, inégale à l'infantilité de son geste. Elle avait eu besoin de bras et John était venu sonné à sa porte comme par hasard. Etait-ce un signe du destin ? Ne devrait-elle pas envisager une relation ? John était beau et charmant, il lui avait plus dès qu'elle l'avait vue. Alors...

Anna renifla et pleura de plus belle.

— Je suis...une id...idiote, hoqueta-t-elle en se rendant compte de ses idées.

Elle se sentait soudain si seule qu'elle voulait n'importe qui pour l'aimer. Elle voulait connaitre le bonheur que son entourage connaissait. Elle était restée si longtemps seule. Drike l'avait totalement brisé. Et pourtant cela ne l'a pas empêché de retomber amoureuse de lui.

— Si tu veux mon avis, tu es loin d'être idiote, lui dit John en l'entrainant à s'asseoir dans le fauteuil sans toutefois la lâchée, puis lui fit poser la tête sur ses cuisses.

Anna ne répondit pas et continua de pleurer en silence. Cela dura un bon moment pendant lequel John respecta son silence. Elle l'en remercia, car elle avait plus besoin d'attentions physique que de discuter. Enfin, pour le moment, car lorsque ses larmes cessèrent, elle se mit volontairement à lui raconter ce qu'elle traversait. Il l'écouta sans l'interrompre, et elle lui dit tout, toutes les émotions que Drike lui avait fait ressentir depuis qu'elle le connaissait, leur première vraie discussion chez lui, la rose blanche, le baiser, le lit, le lendemain matin, le garçon qui avait touché ses fesses et qu'elle avait giflé. Anna déversa tout. Elle ne voyait pas le visage de son auditeur, mais il lui caressait les cheveux et elle sut que si elle le regardait, elle ne lirait rien de déplaisant dans ses beaux yeux bleus.

A la fin de son récit, Anna pleura encore un peu. Finalement, elle s'arrêta, mais commença à avoir de sérieux maux de têtes.

— Tu prendras un comprimé ?

Elle lui indiqua là où se trouvait la trousse de secours, qu'il alla chercher pendant qu'elle séchait les larmes. On sonna pour la seconde fois de la soirée, et elle alla ouvrir. Aussitôt, une larme brulante traversa la barrière de ses yeux. Drike se trouvait devant elle, le regard abattu, les cheveux ébouriffés, la veste défaite. Il n'avait plus rien de l'homme sombre, froid et séduisant qu'elle connaissait. Il semblait aussi abattu qu'elle l'était. Sauf que lui méritait ce qui lui arrivait.

— Anna...

Il avait bu, remarqua-t-elle en fronçant le nez lorsque quelques effluves déplaisants lui parvinrent. Pendant qu'elle pleurait, lui plongeait sa peine dans l'alcool.

— Anna, il faut qu'on parle, affirma Drike en faisant un mouvement vers elle.

Aussitôt, elle se raidit et lui claqua la porte au nez.

— Anna ! protesta-t-il d'une voix misérable.

— Va-t'en ! Je ne veux pas te voir. Dégage !

— Laisse-moi entrer.

Anna s'assura que la porte était bien fermée et couru se réfugier dans le fauteuil, près de John qui attendait, le regard inquiet.

— Je suppose que c'est lui ?

Elle hocha la tête.

— Il ne partira pas avant longtemps, la prévint-il.

— S'il est encore là dans cinq minutes, j'appelle les flics, répondit Anna.

— Prend ça, dit John en lui tendant le verre, où l'effervescent avait eu le temps de dissoudre.

Anna avala le contenu du verre et le remercia. Drike partie avant les cinq minutes.

Vengeance d'une amoureuse ≈Terminée ≈Où les histoires vivent. Découvrez maintenant