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- Je me demande à quoi ressemble cet Ivanovitch.

La douleur que Anna avait fait taire durant 10 longues années, refaisait surface brusquement en une douleur cuisante dans sa poitrine.

Intérieurement, elle décrivit l'image qu'elle avait de lui. « Il est grand comme une muraille, beau comme un dieu grec, Play boy, charmeur et surtout cruelle... » du moins de ce dont elle se souvenait. Elle n'avait aucune idée de l'homme qu'il était devenu et ne cherchait pas le savoir.

Lorsqu'elle était allée à Lexington pour le mariage de Maria et Jack, elle avait craint de le revoir. Mais heureusement, il avait apparemment eu un voyage d'affaire important. N'étant pas aussi proche d'eux que ne l'étaient Anna et June, il avait bien sûr préféré ses affaires.

Cependant, il avait envoyé un cadeau d'une belle valeur aux nouveaux marié. Maria ne l'en avait pas voulu de ne pas être venu, mais Anna si, même si elle n'aurait voulu le voir pour rien au monde. Aujourd'hui, le destin semblait vouloir la confrontée à lui.

- Je suis bien pressé de le rencontrer, reprit Charlie sans se formaliser du silence de son amie. C'est la première fois que je rencontrerai un russe. Tu crois qu'il a l'air féroce ?

- Arrête de te faire des films, Charlie, soupira Anna en ouvrant la porte du bureau de Ryder McAllen.

La baie vitrée faisait parvenir toute la lumière dans la pièce que n'occupait pour tout matériel une table en acajou, une armoire et des divans. Anna pouvait se revoir, penchée sur cette table lorsqu'ils passaient des heures à travailler. Le vielle homme avait toujours été bon avec elle.

Dès leur rencontre le courant était tout de suite passé, et elle avait pris un grand plaisir à discuter de sujets anodins avec lui une fois qu'ils avaient fini leur travail. Il arrivait des fois qu'ils partagent leur dîner ici ou dans le sien. C'était toujours un moment de joie. Mais ce que Anna aimait surtout chez cet homme, c'était de l'entendre lui raconter des anecdotes sur la grande famille qu'il avait laissées derrière lui.

- Il te manque n'est-ce pas ? s'enquit Charlie en la voyant perdue dans ses pensées.

- Beaucoup. Savoir que je ne travaillerai plus avec lui m'embête. Celui ou celle qui le remplacera ne sera jamais aussi bon qu'il l'a été.

- Tu le dis parce que Ryder est le seul avec qui tu as travaillé de prêt. Et puis sois positive.

- Hum, répondit-elle simplement avant de refermé la porte.

Charlie retourna à son bureau et elle ouvrit la porte qui se trouvait à côté de celle de Ryder. Lorsqu'elle s'assit dans son fauteuil, elle songea à la nouvelle qu'elle venait d'apprendre.

Une telle coïncidence pouvait-elle arriver ? Pourquoi, dans toutes les entreprises qui existent, il fallait que ce soit avec celle de Drike que son entreprise ait signé un partenariat ?
Dream Corporation. Anna avait entendu parler de l'entreprise mais n'avait jamais su qui en était le PDG. Si au moins elle avait été au courant, elle serait moins surprise par la nouvelle.

Drike Ivanovitch, le Play boy russe qui faisait s'émouvoir les filles, était le PDG d'une grande entreprise de renom. Pour une quelconque raison, Anna sentit une pointe de fierté qui s'en alla dès qu'elle s'en rendit compte.

- Non mais qu'est-ce qui me prend ? Je ne vais quand même pas me mettre à penser à cet odieux personnage et à le féliciter d'avoir si bien réussir ! se sermonna-t-elle.

Il n'allait pas ressurgir dans sa vie et détruire 10 ans de combat qu'elle avait mené. Fort de cet état d'esprit, elle le chassa de ses pensées et se mit au travail avec acharnement. A l'heure des pauses, qu'elle passait toujours avec Charlie, elle mangea peu car une fois éloigné de ses dossiers, elle était aussitôt perturbée par la présence du russe dans sa ville d'adoption.

Lorsqu'elle se remit au travail, ce fut pour ne s'arrêter qu'après la fermeture, malgré les tentatives de son ami à la faire rentrer chez elle.

Le gardien lui sourit en lui ouvrant la porte.

- Comme toujours mademoiselle ?

Ce n'était pas la première fois qu'elle quittait le bureau tard. Chaque fois qu'elle avait un travail de trop, elle préférait le terminer ou du moins en faire une bonne partie avant de rentrer. De toute façon personne ne l'attendait jamais à la maison, pas même un animal, et puis elle détestait travailler chez elle.

Anna adressa un sourire complice au vigile et sortit les clés de sa voiture.

- Comme toujours, confirma-t-elle. Passez une agréable soirée.

Une fois à l'intérieur de sa voiture, elle mit le contact, mais celle-ci refusa obstinément de démarrer.

- Pas encore ! souffla-t-elle désespérément après plusieurs essaies.

Tout en composant le numéro de son mécanicien, Anna songea qu'il devait se réjouir de lui soutirer de l'argent chaque cinq mois. Il lui fallut attendre une vingtaine de minute avant de se libérer de cette tâche. Comme il ne faisait pas totalement nuit, elle refusa l'aide du mécanicien de la remorquer, et décida de faire une petite marche.

La ville était bruyante, et elle ne s'en plaignit pas comme à son habitude. C'était ce dont elle avait besoin ce soir, et aussi de nourriture, constata-t-elle. Ce n'était que maintenant qu'elle regrettait de ne pas avoir manger correctement aux heures de pause. Mais comment aurait-elle put avaler quoi que ce soit lorsque son cerveau était envahi par des souvenirs déplaisant ?

Au moment où elle allait traverser la route, son téléphone sonna et elle fouilla dans son sac pour l'en sortir. C'était Charlie. Anna était certaine qu'il voulait s'assurer qu'elle était bien rentrée, et ce fut exactement la question qu'il lui posa lorsqu'elle décrocha.

- Je serai chez moi dans une vingtaine de minutes... Oui je te ferai signe dès que j'arrive.. . A tout à l'heure.

Anna rangea le téléphone dans son sac et continua sa route. Mais un crissement de pneu retentit à ses oreilles en même temps que des cris.

En se retournant pour voir de quoi il s'agissait, elle se rendit compte trop tard qu'elle était en danger. Le contacte entre son abdomen et la carrosserie la fit tomber.

En peu de temps, Anna fut entourée par une foule disposer à l'aider. Lorsqu'elle fut sur pied, son cœur battait sourdement et le sang lui montait aux oreilles, en même temps qu'une fine douleur se rependait dans son abdomen. Elle l'ignora et se mit à la recherche de son sac à main avant qu'il disparaisse.

- Tenez mademoiselle, lui dit un monsieur dans la foule en lui tendant le sac. Vous n'avez rien de cassé ?

- Euh non, je ne crois pas. Je vous remercie. Je ne sais pas.

Vengeance d'une amoureuse ≈Terminée ≈Où les histoires vivent. Découvrez maintenant