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Jusqu'à ce qu'elle atteigne la porte, Anna espérait encore que ce soit une blague. Mais en voyant le russe debout, le visage barré par un froncement de sourcil, elle comprit qu'il n'en n'était rien.

— Que viens-tu faire ici ? demanda-t-elle en fronçant elle aussi les sourcils.

— On peut discuter ? Chez toi, de préférence.

Anna hésita une fraction de seconde, puis retourna à l'intérieur prévenir son nouveau voisin qu'elle en avait pour quelques minutes.

— Peux-tu me dire comment tu as eu mon adresse ? Et surtout qu'as-tu de si urgent à me dire pour que tu débarque un dimanche matin, demanda-t-elle en refermant la porte de sa maison.

Au lieu de répondre, Drike parcouru son salon des yeux, lui faisant aussitôt regretter de l'avoir fait entrer.

— Qu'est-ce que tu veux, Drike ? Parle et va-t'en parce que j'étais occupée avant que tu n'arrives.

— Je ne sais pas, répondit-il en la regardant. Je ne sais pas ce qui m'a pris de venir.

— Tu ne sais pas ? demanda-t-elle, perplexe. Tu débarque chez moi à l'improviste, un week-end, et tu ne sais même pas ce qui t'amène ? Tu sais quoi ? Peu importe. Retourne chez toi.

Comme elle se dirigeait vers la porte pour l'ouvrir, il la retint par le bras et la rapprocha de lui.

— Qu'est-ce tu ne comprends pas dans le fait que je ne veux pas que tu me touche, s'écria-t-elle en essayant de se soustraire de son emprise.

— Tu crois que c'est facile pour moi ?

— Quoi ?

— Te revoir après tant d'année, tu crois que ça a été facile ? Je me suis promis de te détester et regarde-moi. Je suis ici parce que je n'arrête pas de penser à toi.

— Tu dis n'importe quoi. Lâche-moi.

— Si j'avais su que tu travaillais dans cette entreprise, je n'aurais jamais accepté de venir, dit-il en la lâchant enfin.

— Tu peux toujours repartir, répliqua-t-elle en ignorant les battements précipités de son cœur. Qu'est-ce que tu crois ? Que je suis contente d'être obligée de travailler avec toi ? Ne te crois pas si important Drike. Je ne sais pas pourquoi tu es venu, mais tu nous fais perdre du temps à tous les deux. Tu ferais bien de faire comme moi. Oublie qu'on s'est connue.

— Tu sais autant que moi que c'est impossible. Tu n'oublieras jamais que j'ai été ton premier amant, et je n'oublierai jamais que tu as été la pire garce que j'ai connue.

Les mots sortirent de ses lèvres avant qu'il ait pu les retenir, et ce fut d'une gifle cinglante que Anna les lui fit regretter.

— Je ne te remercie pas d'être passé, cracha-t-elle avec dédain. Ne viens plus chez moi.

Drike continua à fixer ses yeux sombres sur elle un moment, avant de se décider à obéir. Dès qu'il s'en alla, Anna s'effondra dans un fauteuil, les mains tremblantes.

Elle qui s'était donnée à lui par amour, qui lui avait donné ce qu'elle possédait de plus précieux, il la traitait de garce ? Était-ce donc là l'image qu'il avait eue d'elle durant toutes ces années ? Eh bien, elle allait se comporter comme-t-elle, décida Anna en se plantant devant son miroir afin de contempler son corps.

Elle allait lui faire regretter ses paroles. L'idée de vengeance qui l'avait abandonné resurgit, et cette fois-ci, Anna trouva la vengeance parfaite.

Œil pour œil, dent pour dent, non ? Il y a 13 ans, elle était tombée amoureuse de lui, alors c'était à son tour de tomber amoureux. Pour lui faire mal, elle rejetterait son amour avec froideur.

Ce plan plus énormément à Anna, mais elle fronça les sourcils, incertaine.

Drike amoureux d'elle ? Comment pouvait-elle réussir cet exploit ?

« En le séduisant, bien sûr. » pensa-t-elle.

Anna réprima un frisson. Elle se voyait mal faire les yeux doux à cet homme égoïste. Et si son plan ne marchait pas ? Elle n'avait jamais séduit personne, alors comment y parvenir ?

Elle pensa soudain à June. Son amie lui avait toujours répété que les hommes aimaient les femmes sexy. June ne manquait pas à la règle. Elle restait toujours belle et attirait le regard dès qu'elle passait. Donc, le meilleur moyen de commencer serait de faire un effort vestimentaire. Elle devait donc sortir les vêtements qu'elle se refusait de portée.

— Il va me le payer, siffla-t-elle en renforçant cette idée dans son cerveau. Je veux le voir fou, éperdue d'amour. Il doit ressentir la douleur que j'ai ressenti.

Ce fut avec cette idée en tête qu'elle rejoignit John qui déchargeait un carton où était marqué « FRAGILE ».

— Tout va bien ? s'enquit-il. Ton ami n'avait pas l'air dans son assiette en sortant.

— Ce n'est pas mon ami, répliqua-t-elle en sortant un autre carton. C'est mon patron.

Au salon, elle remarqua le carton de pizza posé sur la table basse.

— Tu n'as pas encore touché ?

— Je n'allais pas commencé sans toi.
Au moment où elle s'apprêtait à mordre dans un triangle, on sonna de nouveau.

— Tu crois que s'est encore lui ?

— J'espère que non, dit-elle en le suivant des yeux quand il alla ouvrir.

Cette fois-ci, ce n'était pas Drike, mais plutôt un jeune homme aussi beau que le propriétaire de la maison. D'une taille moyenne, il arborait un sourire accueillant qui égayait son doux visage. Il portait des cheveux dorés qui bouclaient long sur sa nuque. Désorienté, Anna silla plusieurs fois. Si John lui avait plus par sa force et sa beauté, celui-ci était encore plus craquant, au-delà du possible.

— Anna, je te présente, mon frère, Adam. Adam, Anna Spier. C'est ma voisine, et comme tu as pu le voir, elle s'est portée volontaire pour m'aider à décharger la voiture.

Le dénommée Adam tendit la main, qu'elle prit mécaniquement.

— J'espère qu'il ne vous fait pas trop travaillé ?

— Pas du tout, rassure-vous. Je ne fais rien de difficile et il ne me laisse rien prendre de trop lourd, répondit Anna en souriant maladroitement.

— Si cela ne vous dérange pas, je vais partager votre pizza avant de me m'y mettre, affirma Adam.

Anna passa ainsi la journée avec deux mâles, deux frères plus beaux les uns que les autres. C'était la première fois depuis des années qu'elle se retrouvait en de telles compagnie, et elle s'était étonnée de s'être sentie à l'aise. Toute cette occupation réussie à lui faire sortir de l'esprit la venue de Drike.

Vengeance d'une amoureuse ≈Terminée ≈Où les histoires vivent. Découvrez maintenant