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                       22 Mai 2011, Lexington

C'était l'anniversaire de Maria. Elle fêtait ses 16 ans et avait organisé une petite fête pour l'occasion. Tous ses amis étaient invités, et Anna était venue plus tôt l'aider à mettre au point les derniers détails. A présent que le salon qu'ils avaient dégagé était remplit d'un joli petit nombre de camarades, Maria resplendissait au milieu de ses amies.

Anna s'était assise à une table avec Jack et d'autres amis. Comme à son habitude, elle parlait peu et guettait beaucoup la porte d'entrer.

— Passe-moi le plateau de savarin, demanda Alex à Anna au moment où elle se servait.

— Salut !

Au son de cette voix roque, le plateau qu'elle tendait lui échappa des mains et elle leva des yeux perdus vers le nouvel arrivé. Celui qu'elle espérait voir débarquer depuis qu'elle était venue s'assoir à cette table était arrivé.

Rien qu'avec sa voix profonde, son accent russe, et son cœur qui battait, Anna pouvait deviner que c'était lui.

—  Drike, tu ferais mieux d'éviter d'apparaitre derrière elle comme ça, ou elle finira par nous faire une crise cardiaque.

La voix moqueuse de Jack la ramena à elle, et elle se força de se concentrer sur ce qui se passait autour d'elle. Ordinairement, elle aurait répliqué, mais avec la présence de Drike derrière elle, elle ne se sentait pas d'attaque.

Lorsqu'il fit le tour de la table pour se placer en face d'elle, elle remarqua qu'il portait un jean noir et un t-shirt noir.

—  Désolé, s'excusa Drike à l'adresse d'Anna, en prenant place en face d'elle.

Elle rougit aussitôt, comme à chaque fois qu'il lui adressait la parole, ce qui arrivait très rarement. En dehors des salutations, ils avaient à peine échanger de longues phrases. 

— Et Maria ? Je ne l'ai pas vue, s'enquit-il.

—  Elle ne doit pas être bien loin, répondit Jack en tendant le cou pour essayer d'apercevoir leur amie.

En effet, celle-ci apparut quelques minutes plus tard.

— June m'a appelée, informa Maria. C'est avec elle que je parlais. Elle regrette de ne pas être là et elle a bien raison !

—  Je crois que les fêtes à New-York sont plus ambiancées qu'ici, commenta Jack en souriant.

—  Tu insinues Jack, que ma fête est pourrie ?

—  Je n'ai jamais dit ça, protesta-t-il en la fusillant du regard. Ne cherche pas de problème là où il n'y en a pas.

— Alex, n'est-ce pas ce qu'il vient de dire ? Que ma fête est pourrie comparer à celles auxquelles June assiste à New-York ?

—  Il n'a rien dit de tel Maria. Ne te mets pas en colère contre lui, intervint Anna. Viens plutôt, nous allons danser.

Maria fusilla Jack du regard avant d'ordonné au petit groupe de monter sur la piste. Bientôt, elle oublia sa colère et dansa même plusieurs minutes avec Jack. Anna s'était retrouvée face à Alex et ils avaient dansé ensemble. Elle s'efforçait d'oublier Drike qui ne se trouvait pas trop loin d'elle, en compagnie d'une petite rousse.

Il lui fallut peu de temps pour se retrouver seule à leur table, parce qu'elle avait mal au pied. Alex avait trouvé une nouvelle cavalière et elle regardait Maria qui chantait à tue-tête avec ses amis.

— Tout va bien ?

Anna laissa échapper un petit cri en sortant de ses pensées.

— Désolé. J'ai oublié que tu prenais vite peur, dit Drike de sa voix grave, qui la fascinait toujours.

Elle remarqua un petit sourire moqueur au coin de ses lèvres lorsqu'il s'assit en face d'elle.

— Je ne suis pas une peureuse, protesta-t-elle en évitant son regard, car elle le savait, que si ses yeux croisaient les siens, elle ne pourrait jamais s'en détourner.

Elle se sentait si mal à l'aise de se retrouver seule avec lui, qu'elle se mit à prier pour que quelqu'un vienne l'arracher de là.

— Tu ne danse pas ? demanda Drike en jetant un regard circulaire sur la piste.

— J'ai mal au pied, répondit-elle en s'efforçant de concentrer son regard sur Maria.

— J'ai quelque chose dans le visage ?
Anna le regarda et le regretta aussitôt. Il avait les yeux plongés sur elle, et ne la lâchait pas.

—  Non, non, répondit-elle vivement en secouant la tête.

— Alors pourquoi tu évites de me regarder ? Ce serait cruelle de me cacher que j'ai de la mousse sur les lèvres, ou une feuille de laitue coincée entre les dents.

—  Tu n'as rien de tout ça, ne t'en fais pas, répondit-elle en parvenant à sourire.

Drike la regarda un moment trop long, qui lui fit se demander si ce n'était pas plutôt elle qui avait quelque chose coincée entre les dents.

—  Tu veux danser ? proposa-t-il soudainement en lui tendant la main.

—  Non, répondit presque aussitôt Anna, comme si elle s'était attendue à cette demande.

Bien sûr, elle le regretta, et se pinça la cuisse pour se punir, comme elle le faisait à chaque fois qu'elle faisait une gaffe. Pourquoi agissait-elle de manière si bête ? Elle mourait d'envie de danser avec lui. Elle avait voulu dire oui, mais son cerveau se déconnectait dès qu'elle était en face de Drike.

Ce dernier avait redéposé sa main sur la table, visiblement gêné.

—  Désolée, je...

—  Non. Ce n'est rien, t'en fait pas.

Maria apparu en face d'eux à ce moment, et leur ordonna d'aller danser. Anna remercia le Seigneur qu'Alex soit revenus lui aussi, lui évitant ainsi de danser avec Drike.

Elle avait eu là la chance de se rapprocher de lui, et au lui d'accepté son invitation à danser, tout ce qu'elle avait réussi à faire était de blessée son égo en refusant.

Quelle cruche !
Beaucoup plus tard, les invités commencèrent à déserter. Anna aussi demanda à partit, en promettant à Maria de venir la voir le lendemain. Lorsqu'elles sortirent, elle vit Drike qui parlait à la rousse de tout à l'heure.

— Anna tu t'en va ? demanda-t-il en se tournant vers elles.  Je peux te déposer si tu veux.

Avant qu'elle ait pu déclinée, Maria la devança.

— Ce serait super. Je m'inquiétais de la laisser rentrer seule.

— Je ne suis pas une enfant, protesta Anna en roulant des yeux.

— Je sais, je sais. Mais je ne serai pas une bonne amie si je ne veillais pas sur toi.

Elle se tourna vers Drike.

— Conduit doucement, conseilla-t-elle en les embrassant à tour de rôle. À demain, Anna.

Drike avait ouvert la portière pour qu'elle entre.

— Merci.

Quand il entra à son tour et qu'il eut fermé la portière, elle eut l'impression de s'être faite prisonnière.

Vengeance d'une amoureuse ≈Terminée ≈Où les histoires vivent. Découvrez maintenant