Chapitre 3

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Afin d'assurer leur voyage jusqu'aux portes de la cité d'Alacas, les deux loups-garous préparèrent leur départ avec minutie. Ils acceptèrent même—surtout Hoseok— de puiser dans leur maigre économie. Ils avaient démissionné de leur travail respectif, acheté des chevaux pour le transport, ainsi que quelques vivres afin d'éviter de mourir de faim et aussi de soif. Ils avaient également acheté une tente pour dormir, plutôt Jimin, des couvertures pour se tenir chaud et des armes pour se protéger des pilleurs qui auraient la brillante idée de les dépouiller de leur possession. Ils avaient aussi emporté quelques pièces d'or et de bronze dans le pire des cas.

Après avoir vérifié que tout était fin prêt, Jimin grimpa sur son cheval lorsqu'il eut fini d'accrocher la selle en cuir qui le maintiendrait sur le dos de l'animal et saisit le bridon composé d'un ensemble de lanières accroché sur la tête de l'étalon qui permettait de le diriger aisément. Il jeta un coup d'œil à Hoseok qui l'observait, déjà prêt pour le départ.

— Quelque chose te tracasse, devina t-il en observait le roux .

Un soupir lui répondit aussitôt, confirmant ainsi ses doutes.

— Je me demande comment je ferai pour traverser le voile magique si jamais Jannie ne se trouvait pas à Alacas avoua t-il en se pinçant les lèvres.

Il avait peur de faire tout ce voyage en vain.

— Tu as sûrement raison mais peut-être que nous pourrons chercher une autre personne pour nous aider. Alacas est une grande ville, elle doit regrouper quelques sorcières en fuite.

Les sorcières ne couraient pourtant pas les rues, même à Velríän tout le monde le savait. Alors Jimin ne répondit pas et reporta ensuite son regard devant, se concentrant sur la route en piteuse état. Il se doutait bien que ses chances de rentrer chez lui se réduirait à néant si jamais Jannie se trouvait ailleurs que dans la ville d'Alacas. Seules les sorcières pouvaient ouvrir le voile magique et encore ne réussissaient seulement qu'à faire un petit trou, pas plus d''un mètre afin de permettre la traversée et Jimin ne pensait pas en trouver une autre qu'elle réfugiée dans la cité Alacasienne. En plus, les sorcières étaient des personnes superficielles et opportunistes qui se laissaient entraîner dans les endroits où leur intérêt s'y trouvait. Jannie était plus ou moins une connaissance, la convaincre ne serait pas trop difficile. Cependant, serait-ce la même chose pour une autre ? Jimin n'était pas aussi certain.

Et comment ferait-il pour traverser le voile pour revenir à Orion une fois son problème familial résolu ? C'était là que se situait le plus gros problème. Rien ne prouvait que Jannie se trouvait actuellement à Alacas, encore moins, qu'elle accepterait de rentrer en sa compagnie à Velríän et de l'aider à revenir à Asträn.

Sans une sorcière pour lui venir en aide deux fois, il était coincé.

Dans le passé, il avait réussi à passer le voile magique grâce à une sorcière qu'il sauvât de l'agonie. Lors de sa fuite, il l'avait aperçu allongée dans la forêt, laissée sûrement pour morte suite à une attaque de loup solitaire en état de rage. L'état de rage qui désignait la folie meurtrière chez les loups-garous, faisant d'eux des bêtes sanguinaires incapables de retrouver leur aspect d'origine ni de faire preuve de rationalité ou d'une quelconque émotions autres que la haine.

Malgré la peur qui nouait ses entrailles et son cœur qui battait la chamade à cause des conflits entre leurs deux espèces et de la fourberie connue aux sorcières, Jimin avait refusé de l'abandonner. Il l'avait soigné en utilisant des plantes médicinales que seul lui arrivait à différencier des autres plantes toxiques ( il l'avait appris auprès de sa mère) et en fit un onguent qu'il appliquât sur les blessures de sa patiente. À son réveil, la sorcière avait décidé de s'acquitter de sa dette envers lui et il s'était précipité pour lui faire part de son voeu de rejoindre le monde d'Asträn. La femme avait hésité un moment se demandant ce qu'un si jeune loup-garou pouvait bien aller faire là bas, loin de sa meute, dans un monde qui n'était pas le sien. Il fallait préciser qu'il n'avait que quinze printemps à ce moment là. Il semblait trop jeune pour être un loup-garou solidaire et il paraissait si fragile pour vivre de lui même.

Le prince de Feu Où les histoires vivent. Découvrez maintenant