2 | Chapitre 7

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Mardi 28 mai 2019

23h56

PDV de Charles

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PDV de Charles

Le bruit de la pluie battante sur le toit me ramène à la réalité. Je m'étais complètement perdu dans mes pensées, c'est dur pour moi de revenir chez Julia tous les jours en sachant que je ne pourrai plus lui adresser la parole après ça. Ça me rend aussi fou de ne pas pouvoir lui dire que c'est George qui m'y a « obligé ». Le pire dans tout ça c'est qu'elle doit très certainement être au téléphone avec lui, alors qu'on peut très bien le tenir en partie responsable de ce qu'il se passe.

George ne doit pas savoir que je viens la voir, je pense pouvoir faire confiance à Julia à propos de ça mais ça n'empêche qu'aucune amie ne m'a autant manqué que Julia ces dernières semaines. Je n'ai jamais été aussi inquiet pour quelqu'un, ça me bouffe. Qu'est ce que ça va être quand je ne l'approcherai plus ?

Je suis content d'être ici, de pouvoir l'aider une dernière fois, c'est la seule chose que je peux faire maintenant. Pourtant, l'entendre me raconter ce qui lui est arrivé, la voir au fond du gouffre, savoir que je ne pourrai plus l'aider me rend malade. J'ai envie d'être là pour elle, de la serrer dans mes bras quand ça ne va pas. Le contact de sa peau est devenu une drogue, j'ai besoin de la sentir près de moi.

Ce qui est plutôt ironique c'est que le fait que George m'ait demandé de la laisser n'a fait qu'amplifier ce que je ressens pour elle. Je me suis rendu compte qu'en si peu de temps, elle m'est devenue indispensable, que je ne retrouverai jamais une personne comme elle. C'est l'amie qu'on a qu'une fois dans une vie, la moitié de mon âme.

Quand elle revient, elle semble plus apaisée que tout à l'heure mais je sens rapidement l'odeur de la cigarette me chatouiller les narines. Je décide de ne pas la relever, elle sait que c'est mal, c'est très certainement pour ça qu'elle le fait d'ailleurs, je ne pourrai pas l'en empêcher. Elle se rassoit en face de moi et inspire un bon coup avant de prendre le carnet entre ses mains. J'appréhende, je ne lui ai jamais dis, mais j'appréhende chacune de ses lectures, de pouvoir ressentir ce qu'elle a vécu, de comprendre d'où vient le vide que je perçois dans ses pupilles. Je pose ma main sur sa cuisse pendant qu'elle ouvre les pages de son carnet.

La colère
Le 22 avril 2015,

La colère, la haine, la rage. Je ne saurai comment résumer ces dernières semaines autrement. Une fois que ma douleur a tout détruit sur son passage, il ne restait plus qu'une seule émotion, la colère.
J'étais en colère déjà contre moi-même. Je me détestais de ne pas avoir été là, je me détestais d'être qui je suis. Je me détestais d'être malheureuse. Je me détestais d'être la seule personne présente pour mon frère. Tout, je détestais tout. J'avais une rage constante au fond de moi qui m'empêchait de penser à autre chose qu'à la haine qui logeait dans mon ventre. Je n'arrivais même pas à la cacher à mon frère, elle était tellement puissante.
J'étais aussi en colère contre le monde. Je n'ai jamais connu un réel amour parental. Ma mère est partie, mon père n'était pas souvent à la maison. J'ai grandi en étant la figure parentale de mon frère alors que je n'étais encore qu'une enfant. J'étais en colère contre tout, contre le monde, contre l'univers. On ne méritait pas ça, ma tante, mon père ne méritaient pas de mourir. On méritait mieux.
Cette rage que j'avais au fond de moi était d'une force incroyable. Je n'étais pas capable de ressentir autre chose que de la haine. Mon corps était en feu, mon âme était déjà en cendre. Je ne suis pas sûre d'avoir réussi à l'éteindre à temps, la colère m'a complètement consumée.

La peur au ventre ~ Charles LeclercOù les histoires vivent. Découvrez maintenant