Chapitre 10

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Après avoir donné les dernières instructions à Ae-Cha, je pars pour la Colombie. L'avion a fait escale à Los Angeles et heureusement j'ai réservé une chambre d'hôtel pour ce soir. Je lis les derniers messages de maman et m'informe que Bella ne répond à aucun de ses appels et j'imagine déjà l'agacement sur le visage de maman. Je pense que Bella a vraiment tiré un trait sur les parents et je suis plutôt fière d'elle. Elle a compris qu'on était des simples pantins aux yeux de notre famille.

J'ai hésité de prendre l'avion mais par respect pour mon père, je lui rendrai hommage une dernière fois. Je ne sais pas ce que je ressens actuellement. On m'annonce que papa va mourir et j'ai du mal à faire le tri dans mes pensées.

Le lendemain, je reprends l'avion direction la Colombie et j'arrive vers 18 heure à l'aéroport Rafael Núñez. Une bouffée de chaleur me gifle le visage. La plupart des voyageurs se tournent dans ma direction et je rassemble mon peu de courage et quitte l'aéroport, ma valise avec moi. Tout le monde me connaît et ici tout le monde me craint. Ils vont se poser des questions pourquoi la Clara Rodriguez est de retour en Colombie et qu'est-ce qu'elle va manigancer...

S'ils savaient  réellement la justification de ma présence. Personne de ce pays a eu l'oreille que mon père est malade et qu'il est sur le point de crever. Ma famille s'est serrée les coudes pour que sa maladie reste secrète.

Le chauffeur privé de la famille m'accueille et m'aide à mettre la valise dans le coffre. Quand il démarre la voiture, mon téléphone émet un bruit de notification mais je ne prends pas la peine de jeter un coup d'œil. C'est sûrement Owen ou bien Ae-Cha... il n'y a que ces deux là pour m'envoyer des messages inutiles.

– Comment va papa ? On m'a dit qu'il crachait plus de sang que d'habitude.

– Votre père... est décédé, me chuchote le chauffeur.

Je quitte ma contemplation du paysage afin de fixer avec les grands yeux le chauffeur qui s'arrête à un feu rouge.

Papa est mort ?

– Et c'est quand il a donné son dernier souffle ? je lui demande avec une boule dans la gorge.

– Hier soir sur son lit, señorita Clara. La veillée a déjà débutée et les invités sont déjà arrivée.

Je laisse ma tête tomber sur l'appui tête et détourne mon regard vide d'émotion. Je déglutis difficilement et la voiture se remet en route dans un silence assourdissant.

Il ne m'a même pas attendu avant de rendre l'âme. Même malade jusqu'à la moelle, il est toujours injuste envers nous.

J'éprouve de la tristesse,  je ne suis pas si insensible que ça et il restera toujours mon père. Même s'il a toujours été dur avec moi et m'a imposé une vie que je ne souhaitais pas, j'ai aussi partagé avec lui des bons moments comme le jour il m'a appris à manier une arme ou quand il m'a appris à conduire. Ces simples souvenir meurtrissent mon cœur et j'exhale un grand souffle.

Nous arrivons à la maison une demie-heure après et le parking est bondé de voiture. J'entre à l'intérieur de la maison et quelques têtes familières me saluent et présentent leurs condoléances. Je cherche du regard ma mère mais mes pas m'emmènent jusqu'au cercueil où mon père semble dormir paisiblement. Même mort, il est toujours effrayant dans son costume italien et j'ai cette impression derrière ces paupières fermés, il m'observe avec son regard colérique. Un petit sourire étire mes lèvres mais s'estompe quand Ivy s'accoste près de moi.

– Il a voulu que tu sois là un peu plus tôt.

– Pour finalement me bourrer le crâne avec son souhait le plus chère, heureusement j'ai pu éviter tout ça, je chuchote avec un goût amer.

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