Chapitre 16

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La pluie nous a laissé un peu de répit pendant le trajet jusqu'à la maison de sa tante. Depuis quand j'ai posé mon pied dans cette petite maison traditionnelle, sa tante, sûrement âgée dans la cinquantaine, m'observe sans discrétion comme si j'étais une bête de foire.

J'avoue que je suis un peu mal à l'aise et la meilleure chose que je puisse faire c'est de la sourire de temps en temps. Un sourire crispé bien sûr.

– Tiens, voici quelques vêtements qui pourront être à ta taille, s'exclame Kai en me tendant un petit tas de vêtements.

– À qui appartiennent ces vêtements ? je lui demande en dépliant un t shirt imprimé d'une photo  du groupe EXO.

– À ma cousine mais elle est partie à l'étranger pour ses études de danse. Elle ne saura pas que tu vas porter son t-shirt préférée à moins que ma tante lui dit.

Je hoche simplement la tête et me réfugie dans la salle de bain. Je relâche mon souffle ayant été en apnée sous la présence de cette femme et je secoue légèrement ma tête. Je prends une douche et ma change rapidement avant de rassembler mon courage et sortir en douce de la salle de bain. Je m'arrête net quand des chuchotements me parviennent.

– Pourquoi tu m'as ramené une étrangère ? Il existe des milliards de femmes et tu me présentes une étrangère de peau noire, peste sa tante, visiblement dégoûtée.

– C'est mon amie et sois un peu ouverte d'esprit ! Elle est gentille et m'a aidé avec ma peur.

– Je ne la sens pas. Elle est étrange. Je veux que tu me débarrasse d'elle !

Je tique à ces mots et tourne mes talons avant de quitter la maison. Parfois ce genre de critique me passent au dessus de la tête car j'ai tout simplement l'habitude mais cette fois-ci, pour une raison inexplicable, ça m'a fouetté en plein cœur. Les gens à Séoul s'en fichent de mes origines et je peux marcher dans la rue sans me faire agresser mais dans des petites villes campagnardes, reculées de la technologie et ancrées dans les traditions, certaines personnes ont du mal à s'y faire en voyant des étrangers.

Je reste un long moment sous la véranda, fixant les gouttes d'eau s'éclabousser dans la boue avant de rentrer à l'intérieur.

– Tu étais dehors pendant tout ce temps ? Le repas est prêt, me surprend Kai avec un plateau de mets.

Je lui adresse un sourire faux.

– J'ai pas envie de manger avec des personnes qui ne souhaitent pas réellement ma présence ici. Je reste uniquement car j'ai besoin d'un endroit où dormir, je lui réponds avec la voix forte et tout en coréen.

Je jette un mauvais oeil à sa tante qui n'a rien manqué et celle-ci a la bouche ouverte, surprise. Je m'enferme dans la chambre qui m'est attribuée. Je savais qu'elle me croyait conne pour ne rien comprendre dans sa langue natale mais bim, dans ta face vieille pendeja !

Je m'allonge sur le lugeuk bleu et essaye de chercher le sommeil pendant de longues minutes avant de fermer les yeux.

Le lendemain, vêtue de mes vêtements de la veille mais cette fois-ci propre, j'attends Kai sous la véranda. La pluie a cessé de tomber et le ciel commence à s'éclaircir. J'espère que cette fois-ci nous pourrons retourner chez nous parce que j'en ai plus que marre de cette ville campagnarde.

– Vous ne voulez pas prendre le petit-déjeuner ? Kai est à l'intérieur.

Je pivote légèrement ma tête vers sa tante et lui tourne le dos.

– Sans façon. 

Ma réponse était catégorique et sèche. Ne faisons pas semblant de s'apprécier. Après avoir entendu toutes ces méchancetés à mon égard, la seule chose que je voudrais c'est m'éloigner d'elle.

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