》|Parce que tu me tiens|《

607 60 11

par Gyerry

par @Gyerry

OS CONCOURS 1: Ils étaient seuls au monde, dansant sous cet orage tonitruant. Les autres n'existaient plus, il ne restait qu'eux, adolescents amoureux. [little_rainbow_1305 ]

Parfois il arrive qu'on reconnaisse un moment comme étant un futur souvenir, une image qu'on sait qui ne disparaîtra pas. Un de ces instants qu'on apprécie dans le présent et auquel on aspire une fois qu'il s'est évaporé. Qui n'a jamais regardé le visage de quelqu'un en espérant que ce soit une peinture en mouvement ? C'est une partie de l'humanité que de rêver l'éternel. On profite des étoiles en sachant qu'elles reflètent une Terre qu'on ne connaît plus.

Sirius était fascinant, envoûtant. Il était un souvenir de chaque instant. C'étaient les fossettes qui traçaient le contour de son sourire, ses yeux bruns, chauds qui rassuraient Remus, son tic agacé qui retroussait son nez. Sirius brillait dans chaque recoin de la mémoire du Gryffondor et il savait que c'était un fait qui serait éternellement vrai. Il suffisait de sa présence pour que le temps se torde, l'espace que le cœur de Remus avait laissé à Sirius s'agrandissant un peu plus à chaque fois. Était-il fou ? Obsédé ? Amoureux à en mourir ? Si Remus savait dessiner, il aurait déjà des centaines de pages biffées du profil du brun, c'était certain.

Remus dans les yeux de Sirius était tout aussi captivant. Certes d'une différente façon. Là où le culot de Sirius et la manière qu'il avait de s'occuper des autres avaient Remus à ses pieds, c'était l'arrogance à peine voilée sous de la fausse sagesse et l'intelligence frappante du loup qui avaient capturé le jeune Black tout entier. Les rides au coin des yeux de Remus remuaient toujours quelque chose chez Sirius car ce serait son rire qui les aurait provoquées. Les deux ambres qui le fixaient de temps à autre, en cours, à table, dehors, le faisaient se sentir aimé. Il n'y avait personne alors, et Sirius en était sûr, qui fut capable d'adorer Remus Lupin plus qu'il ne le ferait jamais.

Le tourne-disque de Sirius laissait échapper les prémisses d'un doux solo de guitare. Cachés ensemble sous les alcôves en pierre d'un pont de Poudlard, les deux adolescents profitaient d'un moment rien que pour eux. La pluie frappait répétitivement le monde autour, on entendait les gouttes agresser les arbres, les branches ployer sous le poids de l'eau. Quelques buissons en contrebas s'agitaient de petits animaux se mettant à l'abri et plus aucun élève n'était visible depuis de nombreuses heures.

L'Angleterre sous la pluie était un spectacle dont Remus ne cessait de se délecter.

Remus en Angleterre sous la pluie était un spectacle dont Sirius ne cessait de se délecter.

Les cordes pincées se mélangeaient aux percussions de la nature, c'était un orchestre de bonne entente, une rencontre musicale incongrue qui fonctionnait mieux que n'importe quelle nouvelle invention commerciale.

S'ils n'avaient fait que se prélasser dans les bras des nuages sans dire mots, Sirius entreprit de sortir Remus de sa réalité paisible et l'enlaça. Ils se balancèrent l'un près de l'autre, quelques éclairs ponctuant leur sérénade et ce fut un de ces moments. Ceux dont on retient les contours, ceux qui nous envelopperont d'une agréable nostalgie.

Et ils étaient seuls, dansant sous la pluie bruyante, à part du reste du monde qui s'étend derrière les gouttes, amoureux et heureux.

...

Os n.11: Parce que tu me tiens

Nombre de mots: 554

C'est court mais j'espère que c'était assez graphique