》|Keep your head up love|《

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Sirius était un type bruyant, vivant, en somme le genre de personne qu'on ne peut que qualifier d'extravertie. En réalité ce n'était encore qu'un petit garçon effrayé, un petit garçon à qui personne n'avait jamais laissé la chance de s'assumer. Ses parents par exemple ne le voyaient que quand il faisait quelque chose jugée inacceptable pour un homme de la famille Black. Parfois il se sentait plus à sa place dans les rues moldues que celles des sorciers. Il lui arrivait de transplaner à Londres, dans une librairie de Soho qui gardait sur ses étagères toutes sortes de romances. Le libraire ne vendait jamais d'ouvrages mais après avoir vu Sirius revenir encore et encore, il lui prêta quelques histoires. C'était une amitié étrange qui n'avait rien à voir avec celle qu'il partageait avec les maraudeurs. Il ne savait rien du libraire mais lui racontait quand même ses insécurités et le plus vieux écoutait avec gentillesse et complicité.

Avant le début de sa dernière et septième année, Sirius s'était rendu à Soho pour rendre les quelques livres qu'il avait gardé avec lui durant l'été. Il poussa la porte avec la facilité de l'habitude, le signe "Closed" ne l'empêchant pas d'entrer. Il appela l'adulte à maintes reprises sans obtenir de réponses, il décida alors de ranger les romans sur les étagères correspondantes. Mais lorsqu'il s'enfonça plus loin dans la pièce désorganisée il comprit enfin pourquoi personne ne l'avait accueilli. Devant lui deux hommes, dont le libraire, s'embrassaient, se séparant à bout de souffle lorsque le tenancier remarqua Sirius. L'animagus posa avec diligence le livre qui lui restait et donna un signe de tête respectueux au libraire avant de s'enfuir hors du magasin.

De retour dans le train pour Poudlard, Sirius se sentait bête. Il avait l'impression d'avoir étalé toutes ses préoccupations d'adolescent qui se cherchait à un homme adulte qui vivait sa propre vie avec assurance. Il savait que son ami ne s'était jamais moqué de lui, mais c'était le seul à qui il n'avait jamais fait part de ses sentiments. Le voir dans les bras de son amant a rappelé à Sirius qu'il ne savait rien de son quotidien. Il repensa à toutes les fois où il lui avait dit qu'il préférait faire "comme si", prétendre, plutôt que de s'assumer, qu'il ne comprenait pas les gens qui le criaient sur tous les toits. Le libraire lui avait répondu qu'il comprendrait quand il serait plus âgé et Sirius continuait de rejeter la remarque en se disant qu'il n'avait jamais vécu ce que le brun vivait.

Il se tapa la tête contre la vitre en se rendant compte de son arrogance. Remus qui lisait un journal en face de lui baissa le papier et fit une grimace d'incompréhension.

- Tu es bouleversé depuis tout à l'heure, s'est-il passé quelque chose ?
- Tout va bien Moony, je me suis juste remis en question.
- Événement bissextil, pourquoi je n'étais pas au courant ?

Sirius lui jeta un regard noir sans réelle animosité et s'enroula plus profondément dans le manteau en laine de son ami. Il n'avait pris que sa veste en cuir, pensant que le froid anglais n'était pas si horrible que ça, il avait eu tort.

- Tu sais, le libraire...
- A Soho ? Tu y es allé ?
- Ouais, mais il avait les mains prises.
- Désolé que vous n'ayez pas pu discuter.

Remus avait l'air si sincèrement affecté que Sirius du se retenir de gémir de frustration.

- C'est de ta faute aussi.
- Si le libraire n'était pas disponible ?
- Si j'ai eu besoin de parler avec le libraire en premier lieu.
- Qu'est-ce que tu veux dire ?

Sirius expira, un trémolo dans la voix alors qu'il tenta d'en faire une blague :

- You know, you tend to need a confidant when you discover that you fell in love with your bestfriend.
- Sirius...

Le susnommé se tourna vers le paysage qui défilait derrière la fenêtre du wagon, anticipant la réponse à sa confession.

- Tu aimes James ?

Choqué par le manque de lucidité de son ami, Sirius hocha la tête.

- Tu sais ce n'est pas grave, tu as le droit d'aimer un autre garçon. Même si ce n'est pas notre cas à nous, je suis sûr que James comprendra aussi bien que je le fais !

Sentant son estomac se retourner sur lui-même au sourire rassurant de l'amour de sa vie, il se leva en s'excusant et sortit du compartiment. Les couloirs du train se ressemblaient alors qu'il se dépêchait de les remonter, ne sachant même pas où il allait, il frôla plusieurs élèves et bouscula certains. Il finit par rejoindre la cabine de Potter et Lily. Lorsque James ouvrit la porte, Sirius sentit les larmes couler librement le long de ses joues, sa main couvrant sa bouche alors qu'un hoquet lui échappa. Il s'étouffait entre les larmes et la douleur, son cœur se déchirant sous le manteau de Remus qu'il portait toujours. James le prit sans un mot dans ses bras tandis que Lily les attirait à l'intérieur et fermait la porte, évitant à des regards curieux d'étudier la situation. Son meilleur ami le garda près de lui, la rousse caressait son dos avec compassion et Sirius s'effondra davantage.

L'année se passa bien et défila plus vite que ce à quoi Sirius s'attendait, ils eurent tous leurs diplômes, un petit garçon dont il était le parrain était né et le groupe d'amis ne pouvait être plus heureux. Sirius voyait Remus régulièrement sans que la douleur ne soit insupportable, ils sortaient dans les rues se promener, rendaient visite aux Potter, buvaient dans des bars où Sirius se rendait assez saoul pour espérer avouer son amour par accident et se délester du poids qui le torturait. James le regardait souvent avec pitié, Lily essayait de lui présenter des amis qu'elle savait capable d'aimer Sirius. Et Peter les trahit, le brun se retrouva derrière les barreaux. Mais ça allait, au final il le méritait, combien se faisaient tuer pour ce qu'il était dans d'autres pays ? Lorsqu'il réussit à s'échapper, revit son neveu et revit Remus, Black avait eu l'impression de vivre à nouveau, d'enfin avoir retrouvé la respiration. Durant les dernières années, l'idée de revoir Remus lui avait permis de garder un semblant d'âme, il n'allait pas le nier.

Il rejoignit l'ordre du Phénix et s'accrocha à l'idée d'y avoir sa place. Puis il remarqua lors d'une réunion la façon que Remus avait de regarder sa cousine Tonks et il sourit. Il sourit car il avait toujours su qu'un jour, le loup trouverait la femme de ses rêves. Sirius pouvait disparaître heureux sachant qu'il s'agissait de Nymphadora car elle était gentille, bruyante et vivante. Tout ce que Sirius n'était plus.

...

Os n.9: Keep your head up love

Nombre de mots: 1111

A strong Moon and a beautiful Star - WolfstarOù les histoires vivent. Découvrez maintenant