Chapitre 5

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Léon

Je sors de ma chambre au pas de course, j'ai vingt minutes de retard sur son programme. Je croise des amis que je salue avec un petit sourire polie comme à l'habitué. Ce matin je suis en charge du potager et cette après-midi c'est la sortie des hommes en cheval. Entre ses deux activités il faut faire le linge, vérifier les devoirs et commencer le planning pour les réceptions d'essais. Je ne vais pas avoir une seconde pour moi aujourd'hui.

N'ayant pas le temps de déjeuner convenablement je prends une grande tasse de café et me hâte d' aller dans le potager. Et j'y travaille tout le matin, mais c'est une activité qui me plaît. Les autres ne sont pas bruyants et font bien leur travail, alors j'en profite et tente de voir ça comme une petite pause. Je vois au loin monsieur Flinck me faire un signe de la main. Je lui répond poliment d'un signe de tête. Il n'est pas seul donc je ne peux pas l'ignorer, sinon je pourrais être vu comme malpolie.

Sur l'heure du repas je cours presque pour aller remettre le linge propre en place. La chambre de Nicolas est encore et toujours en désordre. Alors je fais un brin de ménage et nettoie à fond sa salle de bain. En finissant mon ménage je remarque que l'heure du déjeuner est terminée, je mangerais mieux ce soir. Pour le moment je dois vite aller me changer pour la balade. Dans ma course je recroise Flinck qui joue avec une pomme en main. Je lui fais un signe de tête en entrant dans les quartiers de domestiques. Je retire ma longue jupe et en mets une plus courte. Par expérience, les longues jupes finissent toujours tachées et/ou déchirées. Alors il vaut mieux plus court, je mets de grandes chaussettes noires et une paire de bottines. J'arrive avec les autres servants et je me place près du cheval de mon maître. Pretender est un très bon cheval, je le sors et prépare l'équipement pour que Nicolas l'équipe lui-même. Le voilà qui arrive avec les autres nobles, je retiens un soupir en voyant Flinck tout sourire. Il donne sa pomme à sa jument et commence à l'équiper.

« Léon !, j'arrête de fixer Anderson et me retourne vers mon maître,

- Oui monsieur ?

- Donne-moi la selle. »

Je lui donne et quand je suis proche de lui il attrape discrètement ma main. Je regarde nos doigts s'entremêler puis je me retire doucement en prenant mon sac à dos avec tout ce qui est nécessaire, autant pour mon maître que pour sa monture.

Une fois tout le monde monté, la balade commence sous les directives de l'instructeur. Nous suivons à pied et prenons les rênes pour les passages plus délicats. Arrivé à un certain moment, c'est l'heure du galop, alors nous attendons à l'espace de pause le temps qu'ils reviennent. Nous avons le temps de préparer leurs petites collations sur les tables sous le préau et de remplir les abreuvoirs ainsi que vérifier qu'il y ait assez d'herbe pour les bêtes.

Les voilà qui reviennent. Je me tiens debout en attendant Pretender et Nicolas. Je commence à aider Nicolas quand je me fais appeler par Victoire, le servant de Flinck. Il me demande de l'aider car il n'arrive pas à défaire la botte de son maître coincé dans l'étrier. Je soupire et lui laisse les chaussures propres de Nicolas en me dirigeant vers le cendrillon, qui s'est installé étrangement loin. Je trouve ça très louche sachant que Victoire est le meilleur écuyer parmi nous. Il ne se serait jamais trompé de taille. Mais bon, je me baisse pour retirer la sécurité et Flinck descend tout sourire.

« Merci Léon, je ne sais pas ce que j'aurais fait sans toi. Tu veux bien retirer mes bottes ? Vic est occupé. » Je le regarde s'asseoir sur les marches et je mets un genoux à terre pour retirer ses bottes. Sa main glisse dans mes cheveux et défait ma queue de cheval.

« Je te préfère les cheveux lâchés.

- C'est contraire au règlement monsieur Flinck.

- Appel moi Anderson. Nous ne sommes plus des inconnus mon Léon. Te voir ainsi pourrait me donner des idées pour notre prochaine nuit. »

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