Eden- Un ange

Chapitre XX

  Mains crispées sur le volant, yeux fixés sur les lignes pointillées de la route, j'arpente les rues de Paris à la recherches d'une place où me garer.

Après avoir déposé Jenne chez moi, lui avoir prêté des vêtements propres, lui demandant de rester sagement dans ma chambre, je me suis hâtée pour cette chose importante que j'avais prévue. Déjà trente minutes que je tourne et il n'y a pas une seule place de libre, ni sur le parking, ni dans les rues alentours.

Il est Seize-heures quarante-cinq et je risque d'être en retard.

Je sillonne enfin les couloirs blancs et froids et arrive enfin aux admissions.

— Mademoiselle, bonjour ! En quoi puis-je vous renseigner ?

— Bonjour, mon ami est admis ici, je cherche où et comment passer des test en vue d'un don d'organe. Pouvez-vous m'indiquer les démarches ?

— Bien-sûr ! Voilà un dossier à remplir, dès que vous avez terminé je vous envoie en salle d'examen où l'on vous fera tous les test nécessaires. Ici vous marquez le nom du receveur, nous nous occuperons du reste des démarches. Vous êtes sa femme, sa sœur ?

— Euh, non, sa compagne. Ça change quelque-chose ?

— Selon la loi, si vous n'êtes pas sa compagne depuis plus de deux ans, nous ne pouvons accéder à votre requête.

— Oh, eh bien, cela fait plus de deux ans.

Je suis entrain de mentir, mais je veux sauver Eden, s'il leur faut des preuves, j'en trouverai d'un manière ou d'une autre. Ma patronne pourra peut-être m'aider, elle est au courant de cette histoire et me soutiendra peut être.

— Très bien, voici le dossier mademoiselle. A tout de suite !

— Excusez-moi, ce sera long ? Enfin, les tests, combien de temps cela prend ?

— Le tout premier est rapide, une simple prise de sang et une échographie des reins. Si tout va bien, nous enchaînerons sur les autres tests en prenant rendez-vous. Une demie-heure, voire trois quarts d'heure maximum.

— Très bien !

Assise dans un coin, sur une chaise aussi confortable qu'une planche à clous, face à un mur aussi blanc que les cachets qu'on distribue aux patients et dans un calme bruyant, je remplis les pages de mon dossier consciencieusement.

Nom, Prénoms, date de naissance, qualité du donneur, Nom du receveur, numéro de sécurité sociale, date, signature, etc...

Une fois le tout rempli, je repars vers la femme blonde qui me l'a tendu. C'est une petite femme les cheveux au carré. Elle porte une blouse blanche et des sabots de la même teinte. Sur son badge est inscrit son prénom : Johanne. Sa voix est un peu stridente mais à la fois douce. C'est sûrement une infirmière et je pense qu'elle doit savoir être patiente mais aussi s'imposer quand il le faut. Elle m'inspire plutôt confiance.

— C'est tout bon ? Alors ma collègue vous attends en salle une. C'est la première sur votre gauche pour la prise de sang. Revenez me voir ensuite et je vous enverrai en radiologie. C'est un très beau geste que vous faites mademoiselle, j'espère que tout sera bon. La loi est si dure pour les dons, elle devrait être un peu plus laxiste, croisez les doigts pour que votre dossier passera vite !

— Merci beaucoup, je le souhaite aussi !

Une fois ma prise de sang faite avec un certain dégoût — je ne supporte pas les piqûres — je suis dirigée vers une salle d'examens plus grande dans laquelle on me demande de retirer mon haut et de m'allonger sur le côté sur une table glacée. On m'applique un gel tout aussi froid puis j'observe mon moi intérieur sur un écran en noir et blanc.