Chapitre 1:

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On cherche toujours des raisons à l'étroitesse affective de nos parents. On cherche toujours des raisons au manque d'amour qui nous ronge. Parfois, il n'y a simplement rien à dire.

Tout enfant vient au monde avec, dans une certaine mesure, le sens de l'amour. Mais il dépend des parents, des amis, que cet amour soit celui qui sauve ou celui qui damne.


Ce matin-là, Malika et Khalil se dirigèrent comme chaque jour vers leurs classes respectives. Arrivés au campus, Khalil s'en alla vers ses amis de l'équipe de basket-ball, tandis que Malika elle, resta en retrait. Le groupe de jeunes gens se mit à discuter lorsque Julia prit la parole :


– Pourquoi Malika ne vient-elle pas ?

Ils la regardèrent, l'air perdu dans toute cette foule.

– Elle préfère rester seule, dit Khalil.


Après ça, ils continuèrent la conversation. L'heure de leur premier cours arriva et Malika s'en alla affronter son module de chirurgie, le seul moment où elle pouvait vraiment prétendre être elle-même. Son entourage ne comprit pas pourquoi elle avait fait ce choix, seul Khalil le put.



Le garçon était le meilleur ami de Malika, le seul qui avait été là pour elle lorsqu'elle n'allait pas bien. Dès son jeune âge, il avait compris l'importance de l'amour et de l'attention que l'on portait au prochain. Il était toujours souriant et débordant de joie. Son père était un ami d'enfance du père de Malika et son fidèle associé. Khalil était métis, aux yeux marron. Sa chevelure était bouclé, son visage n'avait pas subi les ravages de l'adolescence.


Aucun bouton n'y avait pointé le bout de son nez, il était parsemé de quelques grains de beauté. Khalil possédait une bouche régulière, des lèvres pulpeuses qui donnaient envie et une pomme d'Adam saillante. Sa carrure d'athlète musclée comme il le fallait inspirait un sentiment de sécurité. On se sentait bien avec lui, d'où sa popularité lors de ses années de lycée et au début de sa première année de fac.


Malika était une solitaire dans l'âme et n'appréciait pas la compagnie sauf celle de Sofia, sa meilleure amie, celle de sa mère et de sa sœur Laïla. Lorsqu'une autre personne essayait de l'aborder elle la repoussait automatiquement, ce qui inquiétait fortement Khalil.


Depuis le traumatisme qu'elle avait subi quand elle n'était qu'une enfant, elle se méfiait de l'être humain en général. Malika se disait que si les personnes en qui elle avait le plus confiance lui avaient fait du mal pourquoi ces étrangers ne le feraient-ils pas à leur tour ?


Après la naissance de Laïla, Malika était tellement heureuse d'avoir enfin une petite sœur. Cependant, à chaque visite des collègues des parents et amis de la famille, des commentaires néfastes fusaient. Les uns disaient que ce nouveau-né était plus beau que Malika à sa naissance, qu'il avait hérité des gênes extraordinaires de ses parents. Les autres quant à eux trouvaient que la petite Malika était trop timide et faisait tache sur ce beau tableau.


À sept ans, seulement, elle se disait que c'était juste des plaisanteries, mais non. Même ses parents riaient lorsqu'une personne se moquait d'elle.


– Vous ne trouvez pas que votre aînée doit être plus éveillée comme tous les enfants de son âge ? Dit un homme très gros.

– En effet, pourvu qu'elle ne transmette pas sa timidité à ce beau nourrisson, nous avons besoin d'un futur leader dans notre entreprise, commenta une dame.

– Nous ne savons vraiment pas de qui elle tient, conclue son père.


Ces propos blessèrent profondément la petite fille, qui s'enfuit dans sa chambre. Le lendemain de cette soirée chez eux, les parents de Malika ne lui accordèrent aucune attention, trop occupés avec le travail et le bébé. Malika fut délaissée petit à petit et laissée entre les mains de Martha la nourrice et de son grand-père.



Pour compenser le manque, Malika passait des journées devant la télévision à regarder des programmes qui n'étaient pas de son âge. Elle commença à regarder la série Dr House avec Hugh Laurie, qui parlait de médecine, ce fut avec elle que tout commença. Malika se prit de passion pour ce métier et regardait chacune des interventions du docteur et de ses collègues.



Lorsqu'elle essayait d'attirer l'attention de ses parents, Malika se voyait rejetée par eux, prétextant être fatigués ou occupés par le travail. À l'école, aussi, les choses ne se passaient pas bien pour Malika, elle se faisait intimider par certains de ses camarades. Au vu de ce qui lui arriva, cette dernière se renferma et ne parla plus à personne. Le jour de ses 8 ans Malika décida de se faire du mal avec une lame qui traînait.




Elle s'enferma dans sa chambre et commença à faire des petites entailles sur ses poignets. Lorsque le sang avait assez coulé, elle recouvrait les blessures avec des pansements.



Pour une enfant de son âge, les critiques de ceux qu'elle considérait comme sa famille avaient créé un mal-être en elle. De plus, ses géniteurs ne réagissaient pas face aux remarques désobligeantes que cette dernière subissait et renforçait son sentiment de solitude. Malika passait du temps devant son miroir, comme toutes les petites filles. Elle ne le faisait pas pour regarder combien elle était mignonne. Non, elle n'aimait plus ses longs cheveux bouclés, son teint métissé, à l'aspect éclatant. Ses magnifiques yeux noirs perçant lui paraissaient trop grands. Malika voulait qu'on lui dise aussi qu'elle était belle comme on le faisait avec le bébé.



Mais hélas, même ses parents l'avaient délaissée. Elle se sentait tellement seule que la pensée de mourir lui vint. Ce soir-là dans sa salle de bain, cette lame était tombée à pic. Elle avait enfin trouvé un moyen de se faire du mal. La première entaille se fit avec hésitation, la douleur était tellement forte qu'elle hurla, mais étant seule à la maison, personne ne pouvait l'écouter.


Puis vint la seconde sur le même poignet, beaucoup plus profonde que la précédente. Pour Malika, plus rien d'autre ne comptait. Ce sentiment de paix, d'anxiété, la douleur, formaient un tout réjouissant, et réconfortant.




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Coucou !

J'espère que vous allez tous très bien ?

Le chapitre 1 été revisité, j'espère qu'il vous plaira autant que la première version !

Kiss ✨🦋

♡~Belle Naïve~♡Où les histoires vivent. Découvrez maintenant