" She says she's not good "

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Cela faisait trois semaines que nous étions rentrés de Toulon et nous passions le plus clair de notre temps au studio à enregistrer. Il y avait une sorte de dynamique de groupe assez impressionnante et Nek était celui qui avançait le plus vite. Devika avait demandé à me voir plusieurs fois mais j'avais décommandé, étant soit au studio, soit avec Lola. Elle n'était pas la seule dans ma vie et je lui avais bien fait comprendre mais là j'étais en route pour son appartement, il était 22h30 et je n'y allais pas pour jouer aux billes, j'avais juste envie de sexe et la flemme de voir Lola.

« Salut ! » Souffla-t-elle avec un petit sourire.

Elle me tchecka et me proposa une bière que j'acceptais.

« Alors, depuis trois semaines ? » Demanda-t-elle.

« Le studio et Lola, rien de passionnant. »

« Ça avance bien l'enregistrement ? Hakim me dit qu'il galère un peu. »

« Ouais Mekra est un peu en pause, il est en panne d'inspi' mais moi ça avance plutôt bien même si c'est rien comparé à Nek. »

« Bientôt un nouvel EP ? »

« Depuis quand tu connais ce terme là toi ? » Riais-je.

« Depuis que Hakim m'a fait un petit cours accéléré sur le langage que vous aviez. C'est super dur de tout retenir mais j'essaie parce que vous m'intéressez. D'ailleurs je suis contente de te voir. »

« Moi aussi, ça faisait longtemps. »

« Ça se passe bien avec Lola ? Elle avait l'air gentille. »

« Écoute j'ai pas spécialement envie de parler de mes bails avec toi. On se voit et on peut parler de ce que tu veux mais je préfère garder pour moi ce que je fais avec d'autres meufs. »

« Oh d'accord. Je ne voulais pas t'embêter. »

« T'inquiètes. »

Alors qu'elle buvait une gorgée de bière, je me levais et m'approchais d'elle. Je colla mon front contre le sien et profitais de la tension sexuelle qui s'était créée entre nous en l'espace de quelques secondes. Cette fille était attractive, je ne pouvais pas le nier et il se passait quelque chose entre nous d'inexplicable, une sorte de lien un peu bizarre. C'était différent avec elle mais je crois que je ne voulais pas le voir. Elle avait une aura, une sensibilité et une attitude qui m'incitait à m'approcher d'elle sans comprendre pourquoi.

Ce fut elle qui franchit les quelques centimètres qui séparaient nos deux bouches et elle m'embrassa tendrement avant de s'agripper à ma nuque. Je la soulevais de sa chaise et la portait sur le canapé. Je me mis au dessus d'elle et commença à attaquer son cou. Elle avait une odeur fruitée, son odeur et je la trouvai enivrante. Je retirais doucement son haut et me posais sur elle afin d'admirer son corps. C'était le genre de fille avec qui j'avais envie de baiser la lumière allumée, juste pour voir son corps et ses dents mordre sa lèvre. Elle me donnait envie de la mordre à mon tour.

Alors que j'étais en elle, profitant de chacun de ses soupirs, une crampe me prit la cuisse gauche et je m'écroulais à côté d'elle en tenant ma cuisse. Elle me regarda et commença à rire sans pouvoir s'arrêter. Je le regardais et son fou rire me prit également.

« Non mais vraiment on fait pitié. » Articula-t-elle entre deux rires.

Nous étions tellement morts de rire qu'il fut impossible de reprendre nos activités pour adultes. Elle était incroyablement belle quand elle riait et j'en prenais conscience à présent. Elle se retourna vers moi, l'air songeuse, visiblement calmée.

« Tu penses qu'il y a quoi après la mort ? »

« C'est quoi cette question ? » Répondis-je sèchement.

« Je me demande c'est tout. Alors ? »

« Alors je pense qu'il n'y a rien, que c'est juste du vide. Je ne vois pas pourquoi il y aurait un truc après la mort. On vit, on meurt et c'est fini. »

« Je ne suis pas d'accord. »

« Tu penses qu'il y a quoi après la mort toi ? »

« Je pense que quand on meurt, on rejoint un monde parfait. Un monde sans souffrance, avec juste de beaux sentiments et qu'on retrouve ceux qu'on a perdu, comme si ils nous attendaient là depuis tout ce temps, veillant sur nous. »

« Tu penses que quelqu'un t'attend ? »

« Mon grand-père. Je l'ai perdu quand j'étais jeune et il me manque chaque jour. Quand je finirais par mourir, parce que c'est vrai que c'est la finalité, je suis sûre que je le retrouverais et qu'on pourra parler de tout et de rien, comme si nous ne nous étions jamais quittés. »

« J'imagine que ça fait accepter la mort plus facilement de se dire ça. »

« En effet, j'accepte beaucoup plus ma vie quand je sais que ma mort n'est pas la fin mais le commencement de quelque chose de plus beau. »

Je la regardais sans répondre. Ses beaux yeux bleus étaient perdus dans le vide et je commençais à la cerner. Elle était tout ce qu'il y a de plus vivante mais elle songeait déjà à sa mort et au fait qu'elle retrouverait les êtres aimés qui ont disparu avant elle.

« Tu as encore du temps devant toi pour songer à ça. » Remarquais-je.

« Je crois qu'il faut que je te dise un truc. »

IncendioOù les histoires vivent. Découvrez maintenant