Chapitre 4 : Une cliente troublante

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              En arrivant dans notre appartement de Baker Street, nous fûmes accueillis par une madame Hudson en trouble : alors qu'elle courrait aussi vite qu'elle le pouvait de son appartement vers l'entrée, elle s'arrêta net en m'apercevant. Je savais que je ne ressemblais en rien à un de ses beaux hommes qui parcouraient les rues de Londres en journée, mais je ne pensais pas que mes blessures pouvaient me rendre si effroyables, au point de déranger notre logeuse. Au lieu de cela, elle dirigea son regard vers mon ami et lui indiqua qu'une cliente l'attendait à l'étage. A cette heure, je me demandais bien de qui il pouvait s'agir, mais elle ne me laissa pas le temps d'accompagner Holmes dans l'escalade des dix-sept marches qui nous séparaient du salon du 221B : m'attrapant par le pan de ma veste, la vieille dame me tira vers son appartement où elle m'obligea à m'asseoir sur une chaise, face à la table de sa salle à manger, et me débarrassa de mon manteau en laine encombré par l'eau.

- Je ne vous laisserai pas une seconde de plus dans cet état, docteur, me dit-elle en cherchant dans ses affaires de quoi me soigner. D'abord parce que je ne vois pas comment vous pourriez attirer d'autres clients avec de telles blessures, mais surtout pour le parquet que j'ai fait poser il y a quelques années et qui est encore en très bon état, malgré les étranges mélanges chimiques et explosifs de votre colocataire. Monsieur Holmes n'a pas réussi à le ruiner, je ne voudrais pas que vous soyez responsable des dégâts de l'appartement.

     Je me retrouvais donc à attendre que Madame Hudson, notre logeuse, m'adresse à moi, médecin de profession, des soins que j'aurai pu m'accorder seul dans ma chambre, pendant que Sherlock Holmes retrouvait cette étrange cliente qui, je l'espère, l'attirerait loin de ses penchants toxiques.

Pour permettre à mes lecteurs de comprendre la suite des événements malgré mon absence, je retranscris ici les notes que mon ami Sherlock Holmes a pu prendre, à la manière du romancier et de l'écrivain que je suis devenu.

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        Je grimpais les marches de l'escalier de l'appartement quatre à quatre, certain de découvrir derrière cette porte close la femme que j'attendais. Je savais Watson entre de bonnes mains, celles délicates et habiles de notre logeuse, aussi me permettais-je de fuir mes obligations d'ami et de compagnon pour rejoindre ma cliente dans le salon. En entrant, je découvris, comme prévu, une femme, enveloppée dans une longue robe noire qui se terminait en dentelles sur de petites chaussures à talon cirées. Un léger voile sombre couvrait son visage et ses cheveux de sorte à ce qu'on ne puisse la reconnaître, mais un ensemble de déductions aiguisées et mon infaillible sens de la logique me permirent de déduire que Irène Adler se trouvait devant moi. Elle ne me salua pas et garda les mains croisées même lorsque je me rapprochais lentement d'elle, les bras dans le dos.

- Wiggins m'a prévenu de votre passage, madame Adler, mais je ne pensais pas vous trouver dans mon salon aussi rapidement.

          Aucune réponse. La femme attendait debout et il m'était impossible de juger son regard, caché par ce voile qui me troublait tant. Mais, j'avais appris à me faire une idée de ce qu'était madame Adler, aussi je ne fus pas décontenancé quand elle refusa de répondre, m'observant simplement à travers cet obstacle. Je me dévêtis donc tranquillement de mon manteau, le laissant sur le canapé de l'entrée, et vint m'asseoir sur une de ces chaises qui accompagnaient mon bureau, près de la fenêtre à travers laquelle je regardais les rues londoniennes avec insistance.

- Ainsi, vous êtes poursuivie par quelque brute de notre monde. Vous avez une fâcheuse habitude de détenir des informations compromettantes qui vous mettent en danger, madame.

          Cette fois, elle osa élever la voix.

- Monsieur Holmes, j'ai grand besoin de vous. Je me suis déplacée jusqu'à Baker Street, alors que ses hommes sont à mes trousses, pour que vous m'aidiez. Vous êtes le seul à pouvoir me sauver.

Le retour d'Irène Adler : a Sherlock Holmes storyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant