Chapitre 8 : Sang à flot

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                Etant incapable de suivre Mycroft et Sherlock Holmes après qu'ils aient quitté Baker Street, j'attendais patiemment avec madame Hudson dans notre salon, à l'étage, me morfondant silencieusement sur le sort de mon ami. Il était parti comme une furie à la poursuite d'Irène Adler et je ne savais toujours pas s'il l'avait trouvé, s'il était tombé dans un guet-apens ou si son frère était à ses côtés, ce qui provoquait chez moi une inquiétude démesurée. Alors que madame Hudson se reposait sur le canapé sans rien dire – elle était certainement aussi anxieuse que moi – et que je tournais fébrilement les pages de mon journal sans parvenir à en lire un seul mot, j'entendis la porte du 221B se refermer sur elle-même. Je me levais d'un bond, lâchant mon journal dont le bout vint se tremper dans ma tasse de thé, et, indiquant à notre logeuse que j'allais voir, dévala les escaliers à toute vitesse.

         Je n'eus pas à atteindre la dernière marche pour m'arrêter : face à la vision d'horreur qui s'offrait à moi, je crus, ce jour-là, que j'allais m'effondrer. Les frères Holmes étaient dans l'entrée, soudés comme je ne les avais jamais vus, l'un tenant le bras de l'autre. Et pour cause : si Mycroft soutenait son frère d'une manière qui m'aurait rendu joyeux quelques heures plus tôt, c'était surtout parce que mon ami, presque inconscient, luttait pour ne pas s'effondrer à cause de la douleur qui devait irradier dans l'ensemble de son corps. Le visage blême et griffé, les mains couvertes d'ecchymoses, les vêtements déchirés et une jambe inutilisable étaient la façon dont je pouvais le décrire alors qu'il se tenait devant moi, les yeux suppliant qu'on le dépose quelque part. Voyant que Mycroft Holmes commençait à faiblir du fait de son inactivité physique récurrente, je vins lui porter secours et passa mon bras autour de la taille de mon ami, le soutenant aussi fort que je le pus. De cette manière, nous permîmes à Sherlock Holmes de grimper les marches de son logement et de s'allonger sur son canapé, délaissé par madame Hudson qui, l'apercevant ainsi, avait fondu en larmes avant de partir s'asseoir sur un des deux fauteuils de la pièce.

          Holmes fut allongé aussi doucement que possible, soutenant sa jambe douloureuse et soulevant sa nuque avec des coussins. Lui ayant préalablement retiré son manteau – ou ce qu'il en restait –, j'entreprenais de l'examiner et de soigner les plaies qui ornaient ses bras et son visage tandis que son frère m'expliquait les événements, fébrile.

- Sherlock a suivi Irène Adler jusqu'à une maison délabrée de Park Road. Apparemment, quelqu'un l'attendait là-bas mais, bien que mon frère possède des dons pour l'escrime ou la boxe anglaise, cela n'a pas été suffisant pour vaincre son adversaire. Je l'ai vu se jeter par la fenêtre du premier étage et s'écraser sur le trottoir, devant tous les passants nocturnes qu'il pouvait y avoir à cette heure-là. Connaissant mon frère, je sais que cet acte était délibéré et que sauter lui a semblé la meilleure idée pour semer son agresseur : même si ce réseau veut nous tuer, il semble que le tueur chargé de cela ne souhaitait pas le faire devant les foules...

- Il n'était pas tout seul...

       Je me penchais sur Sherlock Holmes qui, attiré par le sommeil, se battait contre lui-même pour nous conter son récit.

- Il y avait bien un premier homme, mais il n'était pas seul. Lorsque j'ai fait face à ce militaire, celui-ci m'a tiré dessus. Comme vous pouvez le voir au trou qui est dans ma veste, j'ai pu l'esquiver de justesse et, étant trop proche de lui pour qu'il ne fasse à nouveau feu avec son fusil, nous en sommes venus aux mains. La plupart des coups sur mes bras ne sont rien, docteur Watson, seulement des signes de cette lutte acharnée que nous avons mené et qui m'aurait donné la victoire si un second homme n'avait pas surgi de nul part pour me maintenir. Roué de coups, je pensais mourir quand j'ai eu l'occasion de me libérer et, ne pouvant m'échapper par l'escalier, je me suis dit que la fenêtre restait la meilleure option pour survivre. Figurez-vous que je crois m'être violemment tordu la cheville en me réceptionnant !

Le retour d'Irène Adler : a Sherlock Holmes storyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant