Chapitre 3 : le départ

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À ce moment précis, j'ai envie d'être une autruche et d'enterrer ma tête dans le sable pour disparaître. Je suis prise entre deux prédateurs, aussi effrayants l'un que l'autre. Des deux Mastrazzi, père et fils, je me demande lequel est le pire. La pomme ne tombe jamais loin de l'arbre dit-on... Ezio le regarde d'un air fermé.

–J'ai entendu dire que ma fiancée allait partir en voyage. Je ne compte pas la laisser partir sans surveillance. Ça va être ma femme, je dois m'assurer qu'elle ne fasse pas de bêtises.

Mastrazzi change complètement de visage. Il affiche un grand sourire en dévoilant ses dents blanches parfaitement alignées. Il administre une tape dans le dos de son fils.

–C'est honorable de ta part, mais crois-tu que c'est raisonnable de t'absenter au vu des derniers événements ?

–Au contraire, je pense que ça apaiserait les tensions que l'on me voit en bonne compagnie.

Mastrazzi réfléchit à cette éventualité. Ça semble lui convenir.

–Sept jours. Je vous octroie sept jours et pas plus. Tu ne peux pas te permettre de partir plus longtemps, tu as à faire ici, tu m'as bien compris ? le met-il en garde.

Ezio s'incline et fait un signe de tête à son père. Waouh, Mastrazzi régit même ses vacances. Je me sentirais presque mal pour lui si cela ne m'affectait pas. Enfin, maintenant que j'y pense, je vais m'octroyer des vacances plus longues de toute façon.

Le patriarche se tourne vers moi et m'attrape la nuque. Je me raidis sous sa prise qui me fait mal. Une nuée de frissons me parcourt, de peur. J'ai l'impression que je vais vomir mon cœur tellement il bat vite. Il a beau sourire, ses yeux me fusillent sur place. J'évite soigneusement de le regarder. Il me rabaisse devant tout le monde et cela ne me plaît pas du tout.

–Je m'occuperai de ton cas plus tard, tu seras punie pour avoir osé adopter un tel comportement en ma présence, siffle-t-il avant de me lâcher.

Il se remet à sourire à pleines dents pendant qu'un SUV s'engage dans la rue.

–Bonnes vacances jeunes gens ! Ne faites pas ce que je ne ferais pas.

C'est bien ce qui m'inquiète. Il ferait tout lui. Il nous adresse un clin d'œil puis monte dans la voiture qui démarre immédiatement après.

Une boule dans la gorge, je retiens mes larmes face à ce trop-plein d'émotions. Mes jambes tremblent et lâchent. Je m'effondre à terre, assise. Je suis bouche bée face à ce qui vient de se passer.

Paolo se précipite vers moi. Je ne l'avais même pas remarqué.

–Tu vas bien ? Je suis désolé de ne pas avoir pu intervenir. Tu sais y a une hiérarchie dans ce genre de cas et on m'aurait descendu sur place si je ne l'avais pas respectée.

Il s'accroupit et saisit mon bras pour m'aider à me relever. Je dois reprendre une certaine consistance. Heureusement que mes lunettes de soleil cachent mes yeux. J'essuie mes dernières larmes et m'époussette.

Sans dire un mot et sous le regard inquisiteur de tout le monde, je remonte l'allée.

Dès que je le peux, je laisse tout en plan et je me casse.

Arrivée au-dessus de la longue allée, je retrouve les filles et mon oncle sous le porche. Il a un œil au beurre noir. Je me demande si c'est Mastrazzi qui le lui a infligé. Que dis-je ? Ça doit être lui. Je n'avais pas mesuré la gravité de la situation. Il a frappé mon oncle, car il m'a autorisée à partir en vacances ?

–Ça va ? s'enquièrent les filles.

Je les ignore et fonce devant mon oncle.

–T'as vu dans quelle prison tu me jettes ?! Comment t'as pu me faire ça ?! Je pensais que tu m'aimais comme ta propre fille ! hurlé-je égoïstement.

Traquée [terminée]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant