Traquée [terminée]

Chapitre 18 : tragique interlude

Nous arrivons enfin à la villa après plusieurs heures de route. J'ai honte de le dire, mais j'ai dormi presque tout le trajet. Je m'éveille dans les bras de quelqu'un à cause des secousses provoquées à chacun de ses pas. J'entrouvre les yeux, toujours dans le coaltar et tombe nez à nez avec Ezio. Il a les traits tirés.

Il me dépose sur le lit et constate que je suis réveillée. Il m'observe pendant quelques secondes et m'adresse un petit sourire avant de tourner les talons. Sans réfléchir, j'attrape son poignet. Il se retourne vers moi, surpris, et attend que j'explique mon geste. Je plante mes prunelles émeraude dans les siennes.

— Reste, s'il te plaît, l'imploré-je à voix basse.

Il se tend face à mes suppliques. C'est vrai que ce n'est pas mon genre d'agir comme cela. Je suis même surprise d'avoir dit ça ! Mais ce soir, j'ai besoin d'être rassurée.

— Chef, ajoute-t-il.

Je fronce les sourcils, ne comprenant pas où il veut en venir. Il affiche un sourire en coin. Qu'est-ce qu'il m'a manqué celui-ci !

— T'as oublié notre petit accord ?

Tout me revient en tête tel un raz-de-marée et j'en viens à regretter de lui avoir demandé de rester. Suis-je désespérée à ce point ?

— On ne peut pas oublier ce fichu contrat ? De toute façon, il ne sert plus à rien maintenant.

Il hausse les épaules et enfonce les mains dans poches, m'obligeant à laisser retomber sur mes cuisses la main qui le tenait. Son regard se perd à cet endroit et observe ma robe en dessous du sweat. Il grimace. Je me relève. Tant pis, je ne le supplierai pas plus...

— Je vais aller me changer. Bonne nuit.

Je me dirige vers le dressing. La main sur la poignée, je me retourne et le fixe en souriant légèrement.

— Chef, ajouté-je avant de disparaître derrière la porte.

J'entends un petit rire lui échapper. Cette douce mélodie me réchauffe le cœur. J'espère que ça l'incitera à rester.

J'enlève mes chaussures, le sweat et enfin cette satanée robe. En sous-vêtements, je m'observe dans le miroir. J'aurai bien souffert en une semaine. J'ai heureusement à chaque fois plus ou moins vite récupéré. Les anciennes marques ont laissé place à celles de ce matin. Aux coupures sur mes cuisses, à la blessure à ma tête, à mes pieds abîmés, à ma joue contusionnée. J'espère ne plus jamais vivre des choses pareilles. Je ne sais pas s'il faut que je me colle à Ezio ou, contraire, que je parte le plus loin possible pour être sauvée. Causera-t-il ma perte ou m'apportera-t-il le salut ? Ce qui importe pour le moment, c'est de récupérer des forces. J'enfile le sweat noir. Je hume son odeur en la laissant s'imprégner dans mes narines. Ça sent bon. Ça sent... Ezio. J'ouvre la porte et je ne peux m'empêcher de me sentir soulagée lorsque je le vois allongé sur le lit, les bras croisés derrière la tête. Il porte un jeans et un t-shirt noir. Ses cheveux de la même couleur sont ébouriffés. Cela lui confère un air enfantin. C'est craquant. Lorsqu'il me voit sur le pas de la porte, une salve d'émotions traverse son visage. Il décroise ses bras et se rassied tout en me détaillant. Il semble déconcerté, surpris. Je jurerais voir un éclat de désir briller dans ses prunelles. Et puis, il remarque mes blessures sur les cuisses. Une voile de pitié recouvre à présent ses yeux. Il ouvre sa bouche avant de la refermer. Je n'insiste pas. Je n'ai pas envie de revenir sur ce qu'il s'est passé. Mais je tiens à clarifier une chose.

— Il ne m'a pas touchée. Il n'en a pas eu le temps, murmuré-je.

Il passe une main sur son visage en soupirant, soulagé. Puis, il se rallonge. Je fais le tour et vais m'allonger à ses côtés. Je me tourne face à lui et l'observe. Il m'attire doucement contre son corps. Timidement, je passe une jambe et un bras sur lui tandis que ma tête repose sur son torse. J'entends son cœur battre la chamade à travers le tissu.