Chapitre 11 : je t'aime, moi non plus

215 17 0
                                    


Jonas reste silencieux tout le trajet jusqu'à la voiture. Moi aussi d'ailleurs. Je ne cesse de repenser aux derniers événements. J'ai la nausée à chaque fois que je repense au trou qui s'est formé dans le front de mon agresseur. Ezio a tué quelqu'un à cause de moi... Je n'avais jamais vu de morts auparavant. Je m'en serais bien passée. Son air lorsqu'il a reçu la balle... Ses yeux exorbités. Sa bouche s'ouvrant mollement. Son âme qui glisse lentement hors de son corps tandis qu'il s'effondre sur moi. Beurk... Il faut que je pense à autre chose.

Jonas m'aide à avancer, ma cheville a de nouveau reçu un coup, je suis repartie pour boiter un petit moment. Je ne peux m'empêcher de me sentir quand même mal de l'avoir laissé en plan comme ça.

— Tu vas avoir des problèmes à cause de moi ?

— Probablement, mais je ne peux pas t'en vouloir. On a notre part de responsabilité aussi.  On pensait qu'avec le GPS dans ton téléphone, il n'y aurait pas de souci.

Je me tourne vers lui.

— Le GPS ?!

Il se frappe le front.

— J'en dis toujours trop. Au moins, c'est grâce à ça que Monsieur Mastrazzi t'a retrouvée.

Ça ne m'étonne qu'à moitié au final. Et, d'un côté, heureusement qu'il l'a fait.

Nous montons dans la voiture et il la démarre.

— Dis-moi, il en a combien des ennemis ?

Il m'ignore et reste concentré sur la route. Je m'enfonce dans mon siège.

— Je suppose que ça veut dire beaucoup.

Il hoche la tête.

— Comment ça se fait ?

— Le président, le père de Monsieur Mastrazzi, est très influent. Ton oncle a également gagné en puissance ces dernières années, depuis qu'une partie de l'héritage de tes parents lui est revenu. Étant donné que le président s'apprête à se retirer, si des autres arrivent à faire tomber Monsieur Mastrazzi, cela veut dire que sa place sera à prendre. Et s'ils t'ont avec eux, ce seront eux qui deviendront instoppables. Disons que tu es la cerise sur le gâteau. En revanche, morte tu ne vaudrais plus rien. Ils ne cherchent pas à te tuer. Ils n'y gagneraient rien, comme tu n'es pas le successeur direct de ton oncle.

— C'est censé me rassurer ? J'aurais préféré qu'on me tue plutôt qu'on essaye d'abuser de moi constamment.

Je regarde par la fenêtre et enserre mon corps, honteuse. Je tente de chasser les images qui reviennent à moi. Quelque chose me vient en tête...

— Je peux te poser une question ?

— Tu le fais depuis tout à l'heure, me fait-il remarquer.

— Non, mais une question à laquelle tu me promets de dire la vérité.

Il marque une petite pause.

— Oui.

— Je n'arriverai plus à fuir sans me mettre en danger, c'est ça ?

Il opine du chef.

— On pense à présent qu'Enzo a...

Il s'arrête. Une chose horrible me vient d'un coup à l'esprit.

— Non ! Ne me dis pas que...

Il prend un air désolé.

— Il a fait circuler les images qu'il a de toi, confirme-t-il.

Je fixe un point dans l'obscurité de la route devant moi. Je comprends mieux la remarque du pervers de ce soir.

— Super, je vais rameuter tous les détraqués maintenant. Ils vont tous vouloir me passer dessus, soupiré-je désespérément.

Traquée [terminée]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant