Chapitre 23 : désillusion et révélation

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Les jours s'écoulent les uns après les autres. Je n'ai plus d'appétit. Mon estomac se tord rien qu'à penser à de la nourriture. D'ailleurs, je suis convaincue d'avoir perdu une poignée de kilos dans le processus. Il m'arrive souvent de me remémorer le repas qu'il m'avait préparé. C'était si délicieux. Et dire que maintenant il cuisine pour une autre... Cela me déprime encore plus. Eh oui, le trou béant qui s'est formé dans mon cœur peine à se refermer. J'ai l'impression que ce dernier brûle tellement j'ai mal. Comment est-ce possible de ressentir autant de douleur physiquement alors que tout se passe dans la tête ? J'aimerais beaucoup que quelqu'un m'explique comment nous pouvons être autant impacté par le psychologique. C'est du n'importe quoi. Ça ne devrait pas exister. L'amour, la douleur, la haine, la tristesse, toutes ces émotions devraient disparaître de la surface de la terre, voire même de l'univers !

— Nina ? m'interpelle Jonas d'une voix douce.

J'émerge hors de mes pensées.

— Oui ?

— Je t'ai demandé si tu voulais quelque chose à boire.

Je secoue la tête.

— Non merci.

Il soupire.

— Debout.

Je me retourne vers lui, interloquée.

— Pourquoi ?

— Ça fait des jours et des jours que tu te lamentes, je t'ai laissé du temps par politesse, mais c'est plus possible maintenant. T'es une jolie fille, t'es jeune, il faut te reprendre en main. Tu m'as dit que t'adorais les fêtes de noël, alors apprête-toi, je t'emmène au marché de noël de San Belluci. Tu vas voir, ça en vaut vraiment la peine !

Je grimace et étouffe un grognement tout en me renfonçant dans le canapé.

— Vas-y sans moi.

Je l'entends s'approcher. Soudain, il me soulève et me balance par-dessus son épaule. Je me mets à hurler.

— Non ! Jonas ! Repose-moi !

Il m'ignore et se dirige vers la chambre. Il me dépose devant l'armoire où sont rangés mes habits.

— Prête ou non, on part dans vingt minutes.

Il ne me laisse pas le temps de répliquer, il sort et ferme la porte derrière lui.

Il serait capable de me faire sortir en pyjama. J'ai intérêt à être prête si je veux éviter ce genre de catastrophe !

J'enfile un jeans noir taille haute, un gros pull en laine à col roulé bordeaux, un manteau noir et une paire de baskets de la même couleur. J'attrape mon sac et le rejoins dans le salon.

— Voilà, grogné-je.

— Oh allez, fais pas cette tête petite teigne ! Tu vas bien t'amuser, je m'en porte garant.

— Sinon, t'as pas autre chose à faire que du babysitting ?

Il hausse les épaules en me souriant.

— Je viens de finir mon intérim, j'ai quelques jours devant moi pour m'occuper de toi comme il se doit ! fanfaronne-t-il en ignorant le côté ironique de ma phrase.

Le trajet jusqu'à San Belluci n'est pas très long. Nous arrivons déjà. Une partie de moi ne souhaite pas vraiment retourner dans cette ville. Ça va me ramener des souvenirs de la nuit où Ezio m'a sauvé des griffes des sales types. La nuit où j'ai compris que je ressentais vraiment quelque chose pour lui. Maintenant que j'y pense, je me demande s'il a partagé ne serait-ce qu'un dixième de mes sentiments. Vu qu'il n'est plus avec moi aujourd'hui, j'en doute.

Traquée [terminée]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant