PROLOGUE

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Une soirée dansante, les lumières chaudes du bar où s'ajoutaient au brouhaha les chants approximatifs de ses compagnons soûls demandant une nouvelle tournée entre deux chansons, rythmée par les musiciens dont les mélodies enveloppées la salle.

Lorsqu'une jeune femme s'approcha de lui, un sourire aguicheur sur ses lèvres teintées de rouge et lui tendit une main pour l'inviter à la rejoindre sur la piste, il accepta et saisit celle-ci.

Mais en un clignement de cils, ce qu'il tenait n'était plus une main aux doigts fins et à la peau chaude mais une arme à feu, lourde et froide. Les lumières du bar avaient disparues, laissant place à la pénombre de la nuit et il se trouvait désormais dans une ruelle vide, à l'exception d'une personne.

Son uniforme de soldat avait été troqué contre un accoutrement plus lourd et plus résistant, recouvrant tout son corps, excepté son bras gauche, métallique et dénué de sensation.

L'arme qu'il tenait pointait la seule personne se trouvant dans cette étroite ruelle, éclairée seulement par la lune. Apeuré, les larmes ruisselant sur son visage, l'homme le suppliait de le laisser partir. Mais comme s'il était pris d'une soudaine surdité, ses paroles ne lui parvenaient pas, seules ses lèvres bougeaient.

Le seul bruit qu'il entendu fut la détonation du coup de feu lorsqu'il pressa la détente sans aucune hésitation. Suivie d'une deuxième, et d'une troisième, toutes visées dans le cœur de sa victime.

Ses larmes cessèrent, son corps se figea avant de tomber raide sur le col, une marre de sang dessinant petit à petit une auréole autour de sa silhouette inerte.

Et le Soldat de l'Hiver tourna les talons pour repartir, l'objectif de sa mission accompli.














Haletant et trempé de sueur, il ouvra les yeux et se releva brutalement sur son lit. Ces cauchemars sanglants rythmés ses nuits, toutes sans exception, vestige de son passé. Celui en tant que Soldat de l'Hiver. Maintenant qu'il n'était plus sous l'influence d'HYDRA et que l'État l'avait gracié, lui offrant la perspective d'une vie normale, ses souvenirs de ces soixante dix dernières années revenaient le hanter chaque fois qu'il fermait les yeux, le replongeant au sein des innombrables missions exercées pour le compte de cette organisation malfaisante, dans un corps dénué de contrôle et d'émotion. Dénué même d'identité.

Il se leva, délaissant son lit aux draps blancs pour quitter sa chambre et se rendre dans la salle de bain. Simple et petite, les murs de la pièce étaient pour deux d'entre eux recouverts de peinture blanche, et de peinture bleu marine pour les deux autres. Elle comportait en tout et pour tout une douche, un lavabo décoré d'un miroir à côté du quel était posée une panière en osier et d'une étagère simple contenant des serviettes de douche.

Rinçant son visage à l'eau froide, il releva la tête vers son reflet, les mains agrippant le rebord de l'évier. Ses cheveux bruns désormais coupés courts et sa barbe rasée lui donnaient une toute autre apparence que celle qu'il avait arboré ces derniers mois, ou plutôt années. Ce changement physique représentait en quelques sortes la ligne entre son ancienne et sa nouvelle vie. Il voulait laisser son passé derrière lui, ou du moins il s'efforçait d'y parvenir. Baissant ses yeux de son visage à son torse nu, il observa quelques secondes la nette démarcation entre sa chaire et son bras en vibranium avant de secouer la tête et de saisir une serviette sur le côté.

 

Lorsqu'il sortit de son appartement, il avait revêtu des vêtements noirs, couleur qui dominait sa garde-robe. Un tee-shirt surmonté d'une veste en cuir et coincé dans un jean dont les chevilles étaient rentrées dans ses rangers. Il avait aussi recouvert ses mains de gants, cachant ainsi son membre cybernétique.

Dans les rues animées, il s'arrêta devant un fleuriste installé au bord de la route, lui achetant un bouquet de roses blanches avant de lui tendre un billet et de reprendre sa route, bouquet à la main.

Il faisait la plupart de ses trajets à pieds. Il s'acclimatait encore à la vie au XXIe siècle, alors passer le permis et mémoriser toutes les règles à respecter lorsque l'on est au volant lui demanderait encore un peu de temps.

Les odeurs des restaurants effleuraient ses narines. Les enfants passaient à côté de lui en vélo, jouant à celui qui atteindrait l'épicerie le plus vite. Il adressa même un signe de main à l'un d'eux lorsque l'un des enfants habitant dans son immeuble le salua en le reconnaissant.

Petit à petit, les bruits s'atténuèrent et le passage se fit moins dense. Il poussa le grand portail en fer et un grincement résonna dans l'air silencieux. D'un pas beaucoup moins rapide, il s'avança sur le terrain, traversant les allées d'herbe bordées de pierres tombales.

Le ciel s'était légèrement assombri, recouvert de nuages et au bout de quelques minutes, il s'arrêta devant l'une des tombes, se pinçant les lèvres en relisant comme chaque année le nom inscrit dessus.

Il inspira une grande bouffée d'air, refoulant ainsi les larmes qui pourraient couler par mégarde et déposa le bouquet de fleurs sur la pierre avec une certaine douceur.

- Elle aurait adoré ta nouvelle coupe de cheveux, résonna soudainement une voix.

Il n'y avait aucune trace de moquerie ou d'humour dans celle-ci, la situation ne s'y prêtait pas. Seulement un moyen d'attirer l'attention du brun sur son ami d'enfance qui s'approchait de lui.

Lui aussi avait retenu la date, et tout comme le brun il était venu lui rendre hommage, un bouquet de roses blanches dans les mains qu'il déposa à côté du sien.

- Steve, l'accueilla-t-il en lui offrant une étreinte fraternel.

Ils tombèrent ensuite dans un silence, celui-ci n'avait rien de gênant, non, ils étaient tous deux fixés sur la tombe où reposaient leurs bouquets.

- Elle est la seule à avoir cru en moi lorsque personne ne le faisait, hors-mis toi, brisa soudainement le brun.

- Elle s'est portée garante pour toi, et elle a tenu son engagement jusqu'au bout, répondit le blond, le souvenir de la jeune femme défilant dans son esprit.

Garante ( Bucky x OC)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant