Chapitre 7 : rêverie du jour

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« Katsuki, c'est pour ton bien ! »

« Papa arrête papa ! »

Sursaut. Katsuki ouvre grand les yeux. À moitié étouffé par ses propres phéromones, il cherche à reprendre son souffle et se tord sous les draps, pressant sa cage thoracique alors que son palpitant fait n'importe quoi. La bouche ouverte, il tousse alors qu'il tente de saisir sa bouteille d'eau. L'Oméga se redresse maladroitement sur le lit et vide l'intégralité du liquide dans sa gorge complètement desséchée.

Après ça, alors qu'il commence enfin à reprendre son souffle, Katsuki ne peut s'empêcher de se passer une main dans sa crinière en bataille, quand bien cela ne l'aidera pas à s'apaiser. Finalement, prenant appui sur ses jambes, il prend son visage en coupe entre ses mains et expire bruyamment.

C'était juste un mauvais rêve. Comme il en arrivera tant d'autres dans une vie.

Katsuki frotte ses yeux lourds de sommeil, sentant son corps encore mollasson alors que son esprit, lui, carbure. À travers sa vision embrouillée, il lui semble même voir des spectres fantomatiques se répandre sur les murs de sa chambre plongée dans l'obscurité. Les volutes de rêves s'agrippent rageusement à sa mémoire, quand bien même Katsuki cherche déjà à l'effacer de son esprit.

Sans grande conviction, le blond jette un coup d'œil à son réveil et constate qu'il est 6h30. C'est tôt. Il a beau savoir qu'il est de congé aujourd'hui, l'idée de replonger dans ses draps lui donne pourtant des sueurs froides. C'est au-delà de ses forces. Résigné, Katsuki abandonne l'idée de se recoucher. De toute façon le lit pue désagréablement et une envie soudaine de changer les draps pour pouvoir retrouver des senteurs moins stressantes lui titille l'estomac.

Il tire son tiroir et sort une petite seringue en grommelant doucement. Il se plante l'aiguille dans le bras sans sourciller, comme tous les autres jours de la semaine, afin de réguler ses phéromones. Mais l'Oméga ne compte pas trop là-dessus pour apaiser la tension dans sa nuque et dans sa poitrine. L'impact de ces suppresseurs quotidien est terriblement limité...

Katsuki se lève en grimaçant et se dirige à tâtons vers sa fenêtre pour l'ouvrir. Le ciel est encore noir, mais la ville, elle, est bien éveillée. Les lampadaires éclairent les lieux d'une ambiance artificielle que Katsuki connaît bien. Il a grandi ici, entre les barres d'immeubles et les néons des luminaires. L'Oméga balance sa couette et son oreille sur le rebord de la fenêtre, espérant secrètement que cela suffira à faire partir la senteur aigre qui imprègne le tissu. Il préfère s'endormir dans des draps qui sentent le bitume et l'asphalte que le stress et la peur.

Sa peau aussi sent mauvais. Sa sueur est recouverte d'une fine pellicule nauséabonde qui lui donne l'impression de puer la mort. Pressé, l'Oméga sent une irrépressible envie de se laver et de se frotter la peau afin d'évacuer toute cette mauvaise odeur. Il a besoin de ne plus sentir les relents de son rêve qui s'accroche à sa peau. Comme si cela ne suffisait pas, la boîte orange fait des siennes. Son Oméga s'agite et la marée noire crache des relents nauséabonds dans tous les sens, appelant à être consolé par le premier venu.

Comme si Katsuki allait s'effondrer pour si peu. Il est plus fort que ça.

Récupérant quelques vêtements propres, son téléphone à clapet, plus par automatisme que par besoin réel, Katsuki ouvre la porte de sa chambre en grinçant avant de se diriger vers la salle de bain.

À l'autre bout du couloir, il aperçoit une faible lumière venant du salon-cuisine ainsi que quelques bruits de conversation. C'est le signe que ses deux colocataires sont déjà levés et prêts à aller travailler.

C'est rassurant de voir qu'ils se parlent de nouveau, alors qu'ils se faisaient encore la tête hier à cause d'une énième dispute.

Un court instant, Katsuki se demande s'il ne va pas les ennuyer en monopolisant la salle de bain pour lui tout seul. Mais il n'est pas capable de rester comme ça plus longtemps. Il ressent le besoin de tout laisser couler dans la bouche d'évacuation. De toute faire disparaître.

À l'usure [DekuBaku]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant