Chapitre 15 : tout ira bien

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- Bien, monsieur Bakugo, c'est tout pour le moment. Je repasserai demain matin. Si vous avez besoin de quoi que ce soit, n'hésitez pas à contacter les infirmiers. Ils sont là pour ça.

Le mouvement de tête de Katsuki est imperceptible. Il fixe ses draps blancs froissés comme s'il s'agissait de la dernière chose qu'il soit capable de voir. Après un instant de flottement, alors que l'Oméga ne daigne pas bouger, enfin, des bruits de pas devant son lit indique que son interlocuteur a initié un mouvement. Il ne daigne même pas le saluer.

Il veut qu'il s'en aille.

Quand il sera parti, là, il pourra s'exprimer. Mais pas avant.

- Monsieur Bakugo ?

Crispant sa mâchoire, l'Oméga répugne à bouger. Pourtant, dans un effort, il daigne enfin relever la nuque. Un regard peu amène dans la direction du médecin de service, il fronce les sourcils. Maintenant que les lunettes de ce dernier sont rangées dans sa poche avant, il a un accès à toute l'étendue de son regard. Des yeux couleurs de pluie se posent sur sa personne.

Le patient est le premier à détourner le regard.

- Je sais que c'est difficile. Mais cela ne sert à rien de vous ronger les sangs pour le moment, tant que nous n'avons pas accès aux résultats définitifs. Pour l'instant, il ne s'agit que de suppositions.

Katsuki garde le silence. Ses doigts jouent avec le collier à son cou, le faisant glisser sur sa peau. Après une hésitation, le médecin reprend :

- C'est peut-être un peu tôt pour vous en parler, mais sachez que vous pouvez toujours recourir à d'autres solutions si c'est ce que vous souhaitez. Rien ne vous empêche de...

- C'est bon, j'ai compris.

Le médecin n'insiste pas. Il hoche doucement la tête, se montrant étrangement compatissant quant au sort de l'Oméga, puis quitte la pièce après un bref salut.

Katsuki se retrouve seul avec lui-même. Durant un court instant, il reste immobile, comme s'il craignait que quelqu'un d'autre ne vienne prendre la suite de cet homme qui lui a malmené le ventre.

L'Oméga dévore sa lèvre inférieure, contenant tant bien que mal la déferlante qui menace le peu de calme qu'il avait réussi à garder jusqu'à présent.

Les mots du médecin tournent en boucle dans sa tête.

Il connaissait les risques, il avait lu les notices, il savait qu'il y avait une petite chance que cela arrive. Mais ça semblait être si dérisoire, presque impossible à concevoir. Il a fait attention, il s'est toujours montré prudent. Les probabilités étaient faibles. Il aurait dû pouvoir y échapper. Il devait y échapper.

L'Oméga se replie doucement sur lui-même, redresse les genoux cachés sous les draps et vient enfouit son visage dans ses bras. Les jambes contre son torse, le visage encadré par ses membres, il s'entend lâcher un gémissement.

La déchirure dans sa poitrine lui fait mal. La plaie est si récente qu'il sent le sang palpiter à sa surface.

Merde...

La porte grince.

Dans un sursaut, Katsuki se redresse, essuie son visage malmené et tente de reprendre son souffle. Ses phéromones sont difficiles à maintenir et si l'Oméga avait pu, il se serait jeté sur la fenêtre pour l'ouvrir et effacer toute trace de ses ressentiments.

Cela s'aggrave encore davantage lorsque l'Oméga découvre qui est le nouveau venu.

- Bonjour Katchan.

Son cœur reprend sa course effrénée. Comme hors de lui, l'Oméga sent que son visage se décompose et que l'acidité gagne sa peau, piquant chaque plaie à vif comme s'il y jetait du gros sel. 

À l'usure [DekuBaku]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant