ՏᏙᎬͲᏞᎪΝᎪ • ᏟϴႮᏞᎬႮᎡ ᏢϴႮᎡᏢᎡᎬ

•5•

L'hiver venait à sa fin. Lentement mais sûrement, les doux rayons de soleil faisaient fondre la neige du sol et des arbres.

J'essayais de dormir, encore une fois. Adi m'avait tenu la conversation pendant dix minutes, mais je ne dormais toujours pas. Les cours ayant repris, les surveillantes s'étaient emparées de nos téléphone.

Je me décidais à me lever après m'être assurée qu'Adi dormait. La nuit, j'avais moins de chances de me faire attrapée si je faisais n'importe quoi. À peine avais-je posé ma main sur la poignée qu'une voix m'interpella. Je sursautais et me retournais, découvrant Adi avec une lampe torche à la main.

"- Tu vas mettre les projecteurs en panne ?

- Non, je pensais plutôt enlever les ampoules des salles de classe."

Ses yeux s'illuminèrent, son visage aussi. Je savais ce qu'elle avait derrière la tête, et c'était hors de question.

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Je n'avais pas réussi à refuser. Elle me tenait la lampe torche et un panier alors que j'étais debout sur la chaise en train de dévisser une ampoule. Je chuchotais pour éviter que les surveillants ne nous entendent, mais avec Adi à côté qui chantonnait du Lana del Rey, c'était compliqué.

"- À cause de toi on va se faire repérer.

- T'es pessimiste, chère Lana. Je suis grave discrète moi."

Je lui lançais un regard plein de suspicion, et elle me tira la langue. Elle avait les yeux les plus expressifs que j'ai jamais connu, et à ce moment précis, ils étaient juste remplis d'insolence. Je descendis de mon perchoir et lui prit la lampe torche des mains, m'avançant vers la porte de la salle en ayant posé l'ampoule dans le panier.

Il fallait faire vite. Les surveillants avaient un odorat incroyable en ce qui concernait les délits commis au sein de l'école. Je marchais vite, entendant les petits pas d'Adi me suivre. Elle paniquait presque, ça s'entendait. Sa respiration sifflante me stressait aussi, en fait.

J'entrais dans une autre salle de classe, répéta le même manège. Malgré son sourire apparent, je voyais qu'Adi n'était pas rassurée.

"- Vite, vite. Ils vont nous trouver.

- Mais non, t'inquiètes. C'est là tout l'enjeu du truc. Soit tu gagnes, soit tu perds."

Elle ne sembla pas convaincue, mais notre petite escapade avait l'air de lui plaire. Au début de l'année, j'avais commencé à bousiller le matériel en sachant que j'allais me faire choper. Pendant mes heures de colle, je faisais le récapitulatif des endroits où il était plus susceptible de croiser un surveillant. Nous avions fini le travail, il ne restait plus qu'à virer le panier par une fenêtre.

Je menais Adi, qui tenait le sac entre ses bras, vers une fenêtre loin de notre dortoir. Elle le jeta violemment, et recula ensuite. Dans sa précipitation, elle m'attrapa la main et m'emmena jusqu'à notre dortoir. Elle se recoucha aussi sec, je fis de même. Cependant, elle était au courant de mes insomnies,et sans même me parler, elle passa la main à travers les barreaux et balaya l'air en attendant que je la prenne. Hésitante, ce fut son sourire qui m'amena à m'emparer de sa main.

Ses fins doigts s'emmêlèrent aux miens, je pouvais sentir ses battements de cœur au travers de ses phalanges. Elle caressa le dos de ma main avec son pouce, mais je m'endormis après elle. Je regardais son visage paisible, ses paupières fermées et son habituel léger sourire.

Même en dormant, Adi rayonnait.

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Le lendemain, la directrice fit le tour des classes encore fonctionnelles. Son élégant chignon poivre et sel monté sur le haut de son crâne, elle nous dévisagea. Vint le moment où elle haussa le ton, violente et hautaine.

"- VOUS connaissez les règles de cet établissement. Aucune transgression n'est tolérée ici, et apparemment vous ne l'avez pas compris."

Madame Vivian passa son regard cruel sur nous. Assise derrière, je le lui rendis ; je savais que ce n'était pas bien, que j'aurai dû me faire toute petite. Je ne pouvais pas m'en empêcher, je détestais cette gourde. Elle continua son sermon, je restai calme. J'étais en tort, et je le savais. Quand elle quitta la classe, je n'avais qu'une crainte : qu'Adi prenne peur. Je ne voulais pas voir la peur sur son visage, et je ne voulais pas qu'elle nous trahisse par ses expressions faciales.

Quand l'heure fut finie (après un cours ma foi très ennuyeux de mathématiques), je m'élançais vers la salle d'Adi. Quand elle me vit, elle me sauta dans les bras.

"- Y'a la vieille directrice qui est passée, j'ai eu grave peur qu'elle capte le truc. Mais elle a rien remarqué, et j'ai fait de mon mieux pour rien laisser voir.

- T'es trop forte. J'avais peur que tu nous crâmes mais t'as géré, Adi."

Elle plaqua un bisou sur ma joue, ma lâcha enfin. J'évitais son regard par tous les moyens : mon visage était complètement rouge. Je ne m'attendais pas à ça et la connaissant, elle avait fait ça sur un pur coup de tête.

Ça ne m'avait pas dérangé.

"- J'aime vraiment pas la directrice. Elle est con, odieuse, méchante et... Très méchante.

- Beaucoup d'arguments à ce que je vois, deviens pas avocate.

- Tu viens de briser un de mes rêves Lana. Tu vas le regretter quand je deviendrai une grande avocate réputée.

- Tu paieras mon loyer ?

- Non.

- Coup à mon cœur, Adi."

Elle rigola, ce qui me fit sourire. Le soleil brillait, montrant que le printemps arrivait lui aussi. J'aimais le printemps. Pour moi, c'était synonyme de bonheur, de jolies couleurs et des bonnes odeurs de fleurs. J'avais hâte de pouvoir m'assoir dans l'herbe en regardant les nuages, à la recherche d'un avec une forme spéciale. Ç'allait peut-être être se transformer en été ensoleillé, qui sait. De toute manière, je savais qu'Adi resterait le soleil le plus éblouissant. Personne ne pouvait la surpasser, en fait.

Surtout pas pour moi. Des fois, je me demandais comment nous avions réussi à nous apprivoiser mutuellement. Après, je me disais que c'était peut-être parce que nous étions des inverses parfaits, des opposés qui se canalisaient. J'aimais bien cette version. Je trouvais ça joli, qu'Adi et moi soyons juste la même personne en inversé.

Pardonnez-moi. J'étais tombée amoureuse. En si peu de temps. Je me suis sentie idiote. Je me sens idiote.

Une histoire d'amour, ça se termine rarement bien.

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L'histoire va peut-être être un peu courte, je ne sais pas. J'ai encore pas mal de chapitres à écrire dans ma tête, ça ne va pas se finir tout de suite, mais puisque j'ai tout le scénario, j'avance peut-être un peu vite ^^.