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C'était bientôt le début de l'été, et j'avais cet espèce de rituel depuis que j'étais au pensionnat des Belles Colombes. Au passage, quel nom de merde.

Je passais la nuit du premier jour d'été dehors et j'allumais un immense feu de joie au milieu de la clairière qui se trouvait à plusieurs kilomètres d'ici. J'avais toujours fait cela seule, mais pour la première fois, ça ne serait pas le cas.

J'en avais parlé à Adi, elle s'était énervée sur place. Je ne l'avais jamais vu aussi pressée pour quelque chose. Toute la journée, elle venait m'assaillir de questions et de tout ce qui allait avec. Je l'avais prévenue qu'il y avait beaucoup de chance qu'on se fasse attraper puisque nous étions deux, mais elle semblait prête à tout, même à briser sa coquille de fille parfaite.

Le soir du feu, je lui avais demandé de mettre des vêtements sous son pyjama, ce qu'elle avait fait. Adi s'était parée de son plus beau béret, d'un short et d'un T-shirt. Je la fis se lever et elle me rejoignit devant la fenêtre du rez-de-chaussée, le visage illuminé.

"- Et là on saute ?"

Il fallait savoir que le rez-de-chaussée était surélevé et que la distance fenêtre-sol était assez élevée. Adi parut soudainement moins assurée.

"- Euh... C'est haut quand même...

- T'inquiètes. C'est haut mais je te rattraperai."

Je sautais devant ses yeux et réattéris sur les genoux. On ne pouvait pas tout contrôler à chaque fois.

Adi avait retenu une exclamation de surprise et posa son pied sur le rebord de la fenêtre. Elle tremblait un peu, mais sauta et comme je le lui promis, je la rattrapais elle tomba dans mes bras. Elle retint un fou rire et m'emmena avec elle dans ma forêt, pour rejoindre la clairière.

Le trajet ne dura pas si longtemps que ça. En fait, au fur et à mesure de mes allez retour pour placer les nombreux morceaux de bois, j'avais créé un passage assez grand pour faire passer deux personnes.

Adi s'exalta devant le monceau de bâtons devant elle, et quand j'y mis le feu, elle devint hystérique. Ses rires enflammaient mon amour pour elle. Elle me prit les mains, me fit tourner autour d'elle. J'avais ramené mon enceinte, la musique résonnait dans la clairière. Adi me sautait dessus, s'éloignait, revenait, comme elle l'avait fait depuis le début.

Elle me faisait danser et je riais, parce qu'on était seules avec nous-mêmes et que j'aimais ça. Elle laissait exploser sa joie de vivre, je laissais exploser la mienne.

C'était une soirée incroyable. En fait, nous n'étions pas rentrées. Nous avions passé la nuit à la belle étoile, en nous serrant l'une contre l'autre pour nous protéger du froid qui nous glaçait les mollets. Adi connaissait les constellations par cœur et me les pointa du doigt en me récitant leur nom, l'équivalent en signe astrologique er chinois et le fait qu'on ne pouvait en voir que la moitié à cause de notre position sur le globe.

Adi resta collée contre moi, la main dans la mienne. Quand elle voyait une étoile filante, elle s'exclamait "regarde là !", et m'obligeait à faire un vœu. La seconde d'après, elle m'intimait de ne rien dire à propos du vœu en question.

Elle s'endormit sur moi, son souffle doux contre mon cou. Je lui embrassais le front et resta immobile, le nez dans ses cheveux. J'aimais Adi Abott comme je n'avais jamais aimé personne.

• 𝗙𝗜𝗡 𝗗𝗘 𝗟𝗔 𝗣𝗔𝗥𝗧𝗜𝗘 1 •

ՏᏙᎬͲᏞᎪΝᎪ • ᏟϴႮᏞᎬႮᎡ ᏢϴႮᎡᏢᎡᎬOù les histoires vivent. Découvrez maintenant