2ème lettre.

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"Bonjour M'sieur Guzman !

Comment ça va ? Moi, super. Enfin super moyen, comme d'habitude, on change pas une équipe qui gagne. On a joué au basket avec mes copines, mais je n'ai pas aimé. J'ai continué à jouer parce que sinon, il leur manquait une personne.

Je n'aime pas le basket parce que je suis nulle à ça. J'ai tout fait pour m'améliorer, je reste une tanche complète à ce jeu. Ça m'énerve. Je me sens idiote à courir sans but derrière un ballon. Si j'arrivais à marquer des paniers, pourquoi pas. Mais là, je suis juste nulle, nulle et re-nulle. Et j'aime pas ça.

Willow est revenue me parler. Enfin, "parler" est un bien grand mot. Elle est juste venue s'excuser de m'avoir envoyé chier le jour dernier. Il n'y a pas eu plus de paroles échangées. Je ne l'aime pas trop, peut-être parce qu'elle ouvertement ce que je suis intérieurement. Willow montre ce qu'elle est et moi je n'y arrive pas.

J'ai dû faire un exposé. Je déteste les exposés. Il y a tout le monde qui te regarde et qui attend la moindre erreur de ta part pour te foutre la honte. Je n'aime pas les gens de ma classe de toute façon. Ils sont odieux. Je m'en fiche : l'année prochaine je vais dans un lycée privé pour filles. Ça sera mieux. Bien mieux.

James n'est pas encore sorti d'affaires, mais ça commence à aller mieux. Sa tumeur se rétracte de plus en plus, d'après les médecins. Je suis contente. Bientôt, je pourrai lui montrer les parcs et tous les endroits que j'aime. Je le considère comme un petit frère depuis mon séjour à l'hôpital. Il ne mérite pas ça. Personne ne mérite ça. Je suis restée la nuit avec lui, parce que sa mère avait des choses à faire. Je sais ce qu'elle fait, la nuit, pour payer les dépenses qu'engendre la maladie de son fils. Elle enchaîne les petits boulots et travaille la nuit pour son bien-être, je l'admire. Maria est vraiment l'une des meilleures mères sur cette planète.

La mienne est très bien aussi, rassurez-vous ^^. C'est juste que parfois, même chez moi, je me sens seule. Ça devient vraiment compliqué, docteur. J'en pleure le soir. C'est trop dur. Je sais que tout va bien dans ma vie, je ne suis pas harcelée, je ne suis pas traumatisée, alors qu'est-ce qui ne va pas ?

Il y a forcément quelque chose qui diffère chez moi. À part le fait de jouer un rôle à longueur de journée, qu'est-ce qui se passe ?

J'ai encore eu des bonnes notes aux exams. J'ai dû réviser comme une demeurée pour arriver à ce résultat, et si je ne l'avais pas fait, je n'aurais sûrement pas valider mon année. Tout le monde croit que je suis un génie, c'est faux. Je travaille encore et encore et encore pour avoir un niveau excellent. Ce n'est plus un jeu. Je n'ai même plus de vie.

Je vis par procuration parce que je ne suis pas capable de vivre pour moi-même.

Adi, votre patiente préférée"

ՏᏙᎬͲᏞᎪΝᎪ • ᏟϴႮᏞᎬႮᎡ ᏢϴႮᎡᏢᎡᎬOù les histoires vivent. Découvrez maintenant