Chapitre 2

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Je me réveille en sursaut et me cogne la tête contre le mur. Ils sont solides ça fait mal ! Je prends un peu de temps à m'extirper de ce trou, sans oublier de regarder les alentours. La visite d'hier n'était pas très rassurante, il fallait vite que je trouve un moyen de sortir de là ! Je me remets debout et regarde le mur. Il y a du lierre. Du lierre qui monte assez haut. Oh et puis... pourquoi pas ?

   C'est ainsi une demi-heure plus tard, environ je pense, que je me retrouvais à grimper sur ses plantes escaladeuses. Enfin, j'essayais d'y monter. J'étais arrivé, je ne sais pas comment, à la moitié du mur ! Ce n'était pas le plus haut mais c'est en prenant de la hauteur que l'on peut avoir une vision plus large et, dans mon cas, une éventuelle sortie. Malheureusement la chance n'est pas de mon côté et alors que je serrais les dents par rapport à ma blessure au bras, une branche cède sous mon poids et je tombe littéralement sur le sol. Je me mords la main pour ne pas crier sous l'effet du choc et attirer d'ennemis, si ennemis il y a. La douleur de mon bras s'intensifie et me brûle. La souffrance traverse ma mâchoire, mes yeux (oui même mes yeux) et arrive jusqu'à ma tête. La douleur est fulgurante mais ça vaut vraiment la peine suite à la révélation qui me survient juste après ! Je me souviens d'une chose... une seule chose : je sais comment je me suis faite cette blessure. Une vision à surgit des abysses de mon passé pour me faire visionner ce moment précis :


   Je courais. Oui c'est cela, je courais avec ma respiration sifflante. Mes poumons ne pouvaient pas se remplir et, je ne sais pour quelle raison, je ne pouvais pas m'arrêter. Je continuais de courir dans des couloirs sombres. Un homme cagoulé m'avait bloqué le passage mais je lui avais donné un magnifique coup droit dans la mâchoire qui l'avait sonné. Sonner mais pas suffisamment. Il se remettait vite et fit un arc de cercle avec son bras. Et au bout de sa main un couteau. J'avais laissé échapper un petit cri du fond de ma gorge mais j'avais réagi avec rage. Je lui avais tordu le poignet et pris son arme. J'avais croisé son regard, sa cagoule ne laissait que ses yeux aux regards du monde. Des yeux marrons foncé, et je sais que ces yeux, que ce regard est une chose que je ne pourrais jamais oublier. J'avais continué à courir sans savoir si l'on me poursuivait, trop occuper à fuir. Je devais me dépêcher pour... pour ne pas oublier. Je devais courir, je ne devais pas m'arrêter ! Une porte devant moi et je m'étais littéralement jeté dessus. Elle avait pris du temps à s'ouvrir et une lumière aveuglante m'avait envahie, remplaçant les couloirs sombres. Cette lumière fut la dernière chose que je voyais.


   J'ouvris soudain les yeux et me relevais avec plus d'énergie que je ne m'en serait cru capable ! Je sortis le couteau de ma poche avec les initiales W.I.C.K.D, c'était le même couteau. Il n'y avait pas de sang sur la lame, j'avais sûrement dû l'essuyer. Je revoyais ce regard, le moment le plus marquant de mon souvenir. Un regard... indéfinissable mais inoubliable. J'entends du bruit, comme des pas, mais pas les cliquetis. Je relève la tête, sortit de mes pensées, et me recouche par réflexe dans le creux où j'avais dormis : invisible aux yeux des autres. Je ne savais pas ce que c'était cette fois. Des mutants ? Des monstres ? Des... je ne sais pas.

   Je vois des chaussures, des chaussures qui courent et une voix que disait :

-Vient Ben, on n'a pas que ça à faire ! J'aimerais jeter un œil au secteur 7.

-Le 7 ? Pourquoi tu veux aller voir le 7 ?

-Parce qu'hier on a vu le 6 et avant-hier le 5, alors c'est au tour du 7. On en a déjà parlé, allez dépêche-toi ! Il vaut mieux ne pas traîner dans le coin à la nuit tombé...

   Les pas s'éloignaient. C'était deux voix masculines, donc deux garçons dont un se prénommait Ben. Secteur ? Cela me disait quelque chose... oui vaguement... Bref, je sors de ma cachette, les deux adolescents sont déjà loin. Je reprends ma foulé dans le sens opposé des deux individus et accélère la cadence si jamais l'envie de revenir sur leurs pas leur prenait. Ils devaient bien venir de quelque part, et sûrement avec d'autres personnes... Il fallait le trouver, espérons que ce soit la sortie, c'était un véritable Labyrinthe ici !

   Des heures plus tard j'arrive enfin devant une porte. Enfin cela ressemble à une porte, immense, elle fait partie des murs de ce Labyrinthe. Mais il y a un seul problème : elles sont fermées. Le soleil est haut pendant que je constate que je ne suis pas devant la bonne entrée. J'aurais pu me consoler en me disant que j'avais au moins trouvé une porte et que d'autres n'étaient sûrement pas très loin mais au lieu de ça je me mis à crier à m'en déchirer les poumons ! Je donne un coup de pied à ces murs fermé avant de reprendre ma route, tournant toujours à droite.

   La nuit tombe, beaucoup trop vite à mon goût. Je dois continuer de chercher, je ne dois pas m'arrêter. Je suis un peu fatigué mais c'est tout à fait gérable. J'entends du bruit, pas des pas, je n'ai recroisé la route de personne. J'aurais peut-être dû m'arrêter pour me montrer à ces deux garçons... tant pis, le passé était le passé et puis je ne sais pas s'ils étaient fiables. Les bruits se rapprochent, les cliquetis sont tout proche... je ne le vois pas. Je sais pourtant que cette créature est toute proche... pourquoi je ne la vois pas ?

   Soudain je comprends et me redresse sous l'effet de la surprise. Ma respiration s'accélère et je me retourne lentement, très lentement pour constater que la créature est juste derrière moi, me fixant. Ma respiration ne s'améliore pas pendant que je fais face à cette créature qui me semble peu amicale.

La ChanceuseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant