Chapitre 12

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Gally et moi marchions dans ces couloirs. On ne devait pas rester devant les portes car les Griffeurs y revenaient tout le temps, comme si qu'ils espéraient les trouver ouvertes ou que certaines personnes y seraient.

   Je regardais mon poignet, toujours rien pour indiquer l'heure. Maintenant je savais qu'avant je regardais fréquemment ma montre, je le savais grâce à mes rêves, je savais que c'était des flashs, des moments de mon passé remontant toujours plus loin dans ma mémoire et dans tout ce que j'avais pu faire avant d'ouvrir les yeux dans ce Labyrinthe.

   Je n'aimais pas tellement Gally c'est vrai, mais je pensais qu'il était là depuis bien plus longtemps que moi et qu'il méritait sa place au Bloc, moi non. Le silence régnait, c'est vrai, qu'est-ce que l'on pourrait se dire ? Seulement il faut croire que même si Gally était très têtus, il était aussi très curieux, et alors que l'on marchait côte à côte il me demanda d'une voix neutre, regardant toujours devant lui :

-C'est vrai que vous avait trouvé un indice ?

-Oui, mais c'est Minho qui là. Il était dans le cœur d'un Griffeur.

   Il laissa échapper un soupir moqueur.

-On avait ça sous les yeux toutes les nuits.

-Mais ce n'était pas si évident...

-Comment vous avez fait ? Les Griffeurs ne sortent que la nuit.

-Il y en avait un mort.

-Mort ? Ça doit être le premier, généralement ce sont les Blocards qui perdent face à eux.

-Je ne sais pas, il s'est peut-être fait avoir à cause des murs qui bougent la nuit.

   Je ne voulais pas lui dire la vérité, mais il n'est pas idiot non plus :

-C'est bon, pas la peine de mentir. C'est toi qui là tué ?

-Oui. Mais j'ai eu...

-De la chance, oui je sais. , me coupa-t-il. Tu vois, c'est ça qui me dérange : tu ne viens pas le la Boîte alors que tout le monde si. Tu as tué un Griffeur alors qu'aucun Blocard n'avait encore réussis. Tu as survécus donc une nuit dans ce Labyrinthe alors que la moitié d'entre nous non. Tu es...

-Différente ?

-Ouais, on peut dire ça.

-Il y a une différence entre vous et moi quand j'ai tué ce Griffeur : je n'étais pas encore une Blocarde.

-Je ne vois pas le rapport. , répondit-il neutre.

-Moi si. J'étais seule. Vous êtes ensembles, vous êtes une équipe. Vous pouvez vous faire confiance.

-Tu es restée combien de temps ici, seule ?

   Gally ne m'avait jamais dit qu'il ne me poserait pas de questions, mais je savais que celles-ci se limiterais à ce que je savais : seulement ce que j'avais vécu dans ce Labyrinthe. Ce qui était étrange c'est que c'était cette personne qui avait le moins confiance en moi qui ne me demandais pas des explications sur mon arrivé dans le Labyrinthe.

-A partir du moment où je me suis réveillé dans ce Labyrinthe jusqu'à ce que j'arrive au Bloc, il s'est passé trois jours.

   Il ne fit aucun commentaire, se contentant d'avancer.

-Et toi, ça fait combien de temps que tu es là ?

-Rien ne m'oblige à te répondre. , se défend-t-il.

-Rien ne m'y a obligé non plus.

-Très bien. , souffla-t-il une nouvelle fois. Je suis arrivé il y a trois ans. Je n'ai jamais était fait pour être Coureur, je n'ai pas d'endurance.

-Ou alors tu as peur.

   Il s'arrêta. Je devais avoir touché un point sensible. Il se tourna vers moi et planta ses yeux dans mes miens que je ne baissais pas.

-Tu crois que...

   Mais un bruit l'interrompit jusqu'à le faire taire complètement. Un bruit métallique, froid et qui ne présageait absolument rien de très festif.

-C'était quoi ça ? , demanda-t-il d'une voix tremblante, regardant le ciel.

-Ca ? Un Griffeur.

   Gally déglutit avec difficulté et on se mit à courir en même temps à la même vitesse. On ne devait ni ralentir ni se retourner, on ne devait pas perdre de temps. On arriva à un choix, je tournais à gauche et Gally à droite mais il me rejoignit avant que je n'ai pu le lui demander. On courait toujours, le cri perçant de la créature semblait nous suivre à la trace. La sueur dégoulinait sur mon front et je sentais que mes poumons réclamaient de l'air.

-Ah ouais, tu n'es pas endurant ? , souriais-je à Gally, ne pouvant m'en empêcher.

   Il ne répondit rien. En revanche mes poumons demandaient toujours plus d'oxygène, ma respiration se faisait sifflante. J'avais touché un point sensible quand je lui avais dit que s'il ne s'introduisait pas dans le Labyrinthe c'est parce qu'il avait peur (sûrement la colère qui lui avait donné l'impulsion de venir ici cette nuit), mais il en avait également touché un quand il m'avait demandé si j'avais des problèmes respiratoires. Le sifflement maintenant familier raclait ma gorge. Je ralentissais l'allure jusqu'à m'arrêter totalement, une main contre le mur.

-Ah oui tu es sûr que tu n'as pas de problème respiratoire ? , railla Gally et s'arrêtant aussi.

   J'étais trop occupé à survivre pour lui lancer un regard noir, je lui expliquais cependant :

-De l'asthme.

-Génial, il ne manquait plus que ça, que tu sois asthmatique !

   Mes poumons ne voulaient pas se remplirent. Je faisais les cent pas dans ce couloir et le cri du Griffeur nous fit en même temps tourner la tête.

-Tu... tu devrais y aller. Vite, vas-y, allez pars ! , lui criais-je avec le peu de souffle qui me rester.

   Il hésitait, il n'en faudrait pas beaucoup pour le convaincre de s'en aller.

-Tu mérites plus ta place au Bloc que moi, tu endures tout cela depuis plus longtemps. Allez pars ! S'il te plaît Gally... Je pourrais m'occuper de ce Griffeur le temps que tu retournes aux portes.

-Non. Je me perdrais. Je suis perdu depuis le début. Toi tu as déjà trouvé un indice en quelques jours. Moi en trois ans je n'ai rien fait. C'est la peur qui me guidait, tu avais vu juste. Mais tu as tué un Griffeur la première fois, c'était une chance, je doute que tu en es autant pour une deuxième fois.

-Tu veux prouver que tu mérites ta place aux autres ? Tu veux prouver que tu es digne d'être un Blocard ? C'est ça ? C'est ridicule.

-Non.

   Il n'y avait aucun moyen de l'en empêcher, il comptait rester. Je doute que ce soit réellement pour m'aider, juste pour se prouver à lui-même et aux autres qu'il en était capable.

   Et là il arriva. Le Griffeur se trouvait au bout du couloir, il nous observait sous nos moindres détails. Il se mit à courir vers nous et Gally prit une arme qui se trouvait dans mon dos, m'en laissant une. Ses genoux étaient à moitié pliés, posture de combat, il serrait les lèvres la sueur dégoulinant de tout son visage. Il tenait l'arme devant lui entre ses mains jointes. Il tremblait. Gally se préparait à combattre une chose qui le terrifiait : un Griffeur.

La ChanceuseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant