Chapitre 7

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Je ne voulais pas. Je criais. Je devais fuir. Je devais... je devais percer leurs défense. Je ne devais pas me laisser faire. Je devais les aider. Les aider à sortir. Mais on m'en empêchait. Je courais. Je me débattais. On m'empoignait. On me criait des choses. Des choses que je n'entendais pas, pas distinctement, je ne comprenais rien. Je sentais une chose sur mon bras, comme si que l'on me piquait et je crus même ressentir le produit se répandre dans mes veines. Ils me laissaient partir. Je commençais à courir malgré ça, je devais courir ! Je devais courir... Courir.



   J'ouvrais les yeux. J'étais dans le hamac, là où je m'étais endormie. Il ne faisait pas encore jour mais cela n'allait pas tarder. Je me levais donc, considérant qu'il était inutile de rester couché si on en a pas envie. J'étais en sueur et je partis respirer librement ailleurs, afin de quitter l'espace confiné de mon hamac. J'espérais que ma respiration ne trahissait pas mon asthme dans mon sommeil, je ne voulais toujours rien leur dire. Je n'avais pas une grande confiance en tous ces Blocards, du moins pas encore. Blocard. J'étais une Blocarde. Ils m'avaient accueillis, bien sûr avec quelques méfiances mais c'était toujours ça, personne ne m'avait planté de couteau pendant que je dormais, du moins pas à ma connaissance.

   Je montais mon poignet gauche à la hauteur de mes yeux, mais quand est-ce que j'allais me souvenir que je n'avais plus de montre ? Mon regard se porta vers les portes encore fermés. Etais-je vraiment la seule à être entrée au Bloc par le Labyrinthe ? Je devais les aider à sortir de là. Mais comment pourrais-je être sûr que ce n'est pas à cause d'eux que je ne sais plus qui je suis ? Plus le temps passe et plus je crois que ma perte de mémoire n'est pas que temporaire. Je ne pouvais rien répondre à cette question pour le moment.

   Alby vint me voir alors que mon esprit vagabondait toujours dans mes pensées. Avant qu'il ne puisse parler je lui fis remarquer :

-Je n'ai pas eu l'occasion de te remercier.

-De ?

-Pour hier, pour m'avoir défendue sans même savoir si j'étais un danger, et bien sûr de m'accueillir ici.

-C'est mon instinct qui me dit que tu n'es pas un danger. Et puis je n'allais pas te dire de retourner dans ce Labyrinthe, tu venais d'en sortir. Alors, ça été hier soir, je ne t'ai pas vue ?

-Oui c'était... sympa.

   Un grand bruit se fit entendre, le raclement des murs sur le sol : les portes étaient en train de s'ouvrir. Deux garçons arrivèrent vers nous.

-C'est Minho, le brun, et Ben. Ce sont des Coureurs. , m'expliqua Alby.

   Ils nous saluèrent d'un regard et Minho dit à Alby avant de repartir :

-Fais gaffe à Gally, il est vraiment très... réticent à son propos.

   Il me montra d'un signe de tête. Je reconnaissais son timbre de voix et devinais que c'était eux que j'avais vu dans le Labyrinthe alors que je m'étais caché. J'ignorais cette remarque pour lui demander :

-Vous y retourner tous les jours ?

   Minho me regarda comme légèrement surpris et acquiesça.

-Oui, tous les jours. Il faut bien trouver une sortie.

   J'hochais la tête. Il ne m'en demanda pas plus et se remit à courir entre les deux portes, s'engouffrant dans le Labyrinthe avec Ben.

-Il faut qu'ils reviennent avant la nuit.

-Oui, sinon les portes vont se refermer.

-Les Griffeurs sont coriaces.

   Je n'expliquai rien de plus et partit vers le centre du Bloc, laissant Alby dans ses pensées.

   Je voulais aider mais à quoi cela servait si personne ne m'en autoriser ? J'avais été voir Winston, le chef des Trancheurs qui s'occupait du bétail mais il n'avait « pas besoin d'aide ». J'étais également aller voir Clint et Jeff mais c'était plutôt calme. Et puis j'avais croisé Gally alors j'ai préféré aller dans la forêt.

   Je marchais sur la terre humide et les feuilles mortes. Je pensais... à quoi ? Je ne sais pas trop. J'entendais du bruit sur ma droite, un peu plus loin, et tourna la tête. J'y vis quelqu'un qui ne m'avait pas beaucoup parlé depuis le début de mon arriver. Il regardait le sol, un seau et une pelle à la main. Je devais dire quelque chose, je voulais quelques explications mais il ne m'en laissa pas l'occasion :

-Bien dormi ?

   Je ne trouvais rien à répondre alors j'optais pour le retournement de situation :

-Et toi Newt ?

   Il leva la tête vers moi pour la première fois et me répondit :

-Non. J'ai eu... j'ai fait un rêve. Ça t'es arrivé ?

-Je devrais répondre quoi à quelqu'un qui me regarde souvent sans m'expliquer pourquoi ?

-Moi j'ai fait un rêve, un drôle de rêve qui sortait pour une fois l'ordinaire. , m'ignora-t-il superbement. Il n'était pas comme les autres. Tu sais que c'est la première fois que je me réveille et que je me souviens de ce que j'ai rêvé ?

-Comment pourrais-je le savoir ?

-Puis hier je me suis souvenu du rêve que je faisais toutes les nuits, toujours le même et qui ne voulait jamais remonter à ma mémoire quand je le demandais.

-Et tu en sais la cause ?

-Je pense. , me répondit-il en cherchant toujours quelque chose sur le sol.

   Il vit mon regard intriguer alors il m'expliqua :

-Je dois prendre du fumier, pour les plantes.

-Je peux t'aider ?

-Si tu veux.

   C'est après un instant de recherche que Newt leva la tête et me regarda. Je pris un peu de temps à m'en rendre compte et il prit appuis avec son coude sur la branche qui nous séparait :

-Et tu sais pourquoi je m'en souviens ?

-Non. , répondis-je tout à fait neutre mais tout de même intéresser.

-C'est toi.

   Je ne comprenais pas.

-Pardon ?

-C'est toi. C'est quand tu as parlé. A partir de ce moment-là je savais de ce que je rêvais toutes les nuits depuis mon arrivé au Bloc, à partir de ce moment-là je m'en souvenais.

-Quand j'ai parlé ? Pourquoi, tu te souviens de quoi ?

-De ta voix.

-Ma voix ?

-Oui, et tu répétais toujours la même chose. En boucle et avec empressement.

-Ah oui, et qu'est-ce que je disais ? , répondis-je ironiquement.

-Mon nom. Seulement mon nom.

La ChanceuseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant