2 - NOUS NOUS REGARDONS SOUFFRIR

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ÉCLAT

DÉSILLUSION

C'était du grand n'importe quoi. Inui ne voyait pas le problème. Ils s'appelaient souvent par leur prénom respectif sans utiliser de diminutif ou de surnom liés à leurs noms de famille. Sa réaction était ridicule. Et puis, il n'avait pas le droit de s'éloigner ?

Inui faisait la vaisselle qui restait dans le levier et était happé par des réflexions. Pourrait-il faire quitter Kokonoi de sa vie si ce dernier s'y opposait ? S'il montrait une quelconque réticence, du regret ? Et s'il s'excusait carrément ?
Que ferait Inui dans cette situation ?

Il ne partirait pas.
Il ne se faisait pas assez confiance pour partir alors qu'on lui demandait de rester.
Il n'en possédait pas la force. Ni le courage.
Mais le pire, il aimait encore cet homme. Pourquoi partir si l'homme qu'il aimait lui demandait de rester près de lui ?
La réponse se terrait dans un coin de son cœur et il n'osait la consulter. Il ne voulait pas se souvenir. Il préférait vivre ainsi, dans une sorte de bulle d'ignorance. Il avait tellement peur de perdre Koko. Ne plus vivre avec lui. Ne plus le côtoyer signifiait se jeter dans l'inconnu et laisser derrière lui plus de vingt ans de relation. Non…
Il ne devait pas penser ainsi.

Cet homme qu'il aimait l'avait totalement détruit de par ses insultes, son refus de prendre en considération sa parole, sa cupidité, sa méchanceté et son ingratitude.
Toutes ces choses, aux longs termes, devenaient insupportables, insoutenables ! Pourquoi celui qu'il aimait lui faisait-il du mal ? Qu'avait fait Inui pour ne pas mériter le bonheur ? Qu'avait-il fait ? Qu'on lui réponde ! Il n'en pouvait tout simplement plus !
Il était tout aussi humain que n'importe qui. Il devait avoir une conversation avec Ha-...

     — Inupi ?

Le blond se tourna vers la voix de celui qui hantait ses pensées.

Koko se tenait à l'entrebâillement de la cuisine. Il avait sa main sur la poignée, ses lèvres tremblaient légèrement et il transpirait d'hésitation.

     — Koko ? Tu veux me dire ton truc ?

     — … Non. Je voulais… je voulais t'aider.

     — J'ai presque fini tu sais.

Voyant que le brun ne savait plus où se mettre, Inui improvisa :

     — Tu vas prendre le couteau là.

     — Lui ?

     — Oui. Et accompagne moi sur le balcon dès que j'ai fini.

Les sourcils du brun se tordirent.

     — Je vais pas te tuer et te jeter par la fenêtre, précisa Inui en soupirant.

     — J'ai jamais pensé ça…

En rinçant un verre, Seishu sourit.
Ces derniers temps, Kokonoi se montrait très coopératif et plus… humain ? Aurait-il pu changer en si peu de temps ? Se rendait-il compte qu'il devenait invivable ?

     — Tant mieux. La dernière chose que j'aimerais, c'est qu'on me prenne pour un meurtrier.

     — Compréhensible…

Fissure. Nous nous regardons souffrir. [Two-Shot Kokonui]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant