Chapitre 50

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"Depuis que le monde existe et que les hommes s'entre-tuent, jamais un crime ne s'est commis sans que son auteur ait trouvé un apaisement à se dire que c'était pour le bien public, pour le bonheur supposé d'autrui."
Léon Tolstoï

Antoine se tient sur le toit, sous la pluie battante.

Ses cheveux sont collés sur son visage, ses vêtements mouillés sont comme imprimés sur son corps.

Mais, malgré le froid de l'orage battant, Antoine transpire de rage.

En face de lui, se tient Montboissier.

- Putain, dire que de là, je pourrais le tuer ce connard... marmonne-t-il en serrant les poings.

Gemma pose sa main sur le poing d'Antoine. Elle grelotte. Antoine sait qu'elle a horreur de la pluie, et que les filatures les opérations de surveillance et les planques à répétition l'ont épuisé.

Comme toute l'équipe.

Chibs a pris la place du secrétaire de Montboissier, il s'est infiltré depuis une semaine dans le bureau de ce taré.

Il n'envoie que des petits messages, mais apparemment, ce soir, il attend quelqu'un d'important. Ils sont tous au rendez-vous, planqués autour de l'appartement du fasciste, pour suivre de près cette rencontre.

Chibs a pris des risques pour les prévenir d'être là ce soir, et Blaine a même récupéré Basile pour l'occasion, lui indiquant que ce soir, on avait besoin d'un gars derrière le fusil de sniper.

Basile est arrivé tremblant, mais il est là. Il a répété dix fois que s'il lui arrivait encore un truc, sa mère le tuerait, et Blaine a joué sa carte de capitaine de garnison, protecteur et décidé. Nonchalamment, il lui tape dans le dos :

- Bien sûr qu'on te ramène sain et sauf. Tu sais quoi, on aura même le temps de s'arrêter pur une glace.

Le truc de Basile, c'est les fusils, les armes. Il ne rate jamais. En tout cas, l'escouade ne l'a jamais vu louper. En revanche, Basile est terrifié. Il vit dans le district, il a des armes entre les mains depuis qu'il est capable d'en tenir une, et il a déjà tué beaucoup trop de gens pour un jeune de son âge. Parfois, il a l'impression d'être hanté par les fantômes qu'il a tué.

Mais, état d'âme à part, Basile est un bon petit, et il ne rate jamais. Jamais. Ses flammes ne sont peut-être pas abouties, mais quand il s'agit de poudre à canon, de balles ou d'explosifs, il ne loupe jamais le moment et la cible. C'est comme si une fois déclenchée la flamme, il sait diriger l'objet.

Dans l'appartement, Montboissier bosse avec son secrétaire. Enfin, l'homme qu'il croit être son secretaire, puisque Chibs a pris la forme physique de son secrétaire. Le vrai croupis dans un endroit que seul Chibs connaît.

Antoine reconnaît qu'il est méthodique.

Antoine serre les poings, tandis que Gemma essaie de le détendre : "c'est toujours déconcertant avec quelle facilité il prend l'apparence de quelqu'un. Il l'a observé quoi, 24h ?"

- Les gens ont des habitudes, laissent des traces. Une fois qu'on a chopé le toc de langage, les deux trois personnes avec lesquelles ont doit absolument faire attention, le tour est joué. Mais là, c'est encore un gars qui n'a pas de famille, qui peut disparaître demain, et Montboissier le calcule à peine. C'est facile pour Chibs.

Gemma acquiesce. Montboissier ne connait même pas le nom du pauvre type qu'ils ont remplacé par Chibs.

Mais, grâce à lui, ils ont le son. Il porte un micro.

- ... Monsieur, votre interlocuteur est arrivé, entendent-ils Chibs prévenir Montboissier.

Antoine répète à l'équipe :

Célestes [En Édition Avant De Reprendre L'écriture]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant