Célestes [En Édition Avant De Reprendre L'écriture]

Chapitre 33

J'entends un craquement.

Quelque chose est derrière moi.

Je me plaque au sol.

Je vérifie ma barrière mentale, et m'assure que mon regard porte sur les points d'ombre. L'obscurité est telle, que même avec ma vue améliorée par mon Attribut, je ne vois presque rien. Je distingue vaguement la silhouette des arbres, et la forme des branches. Dans le bois, le couvert des arbres est tel que l'on ne voit même pas le ciel. Une faible lumière passe à travers les arbres en journée, mais la nuit, c'est l'obscurité totale.

Cela fait des semaines que je suis dans la forêt, et j'avance très lentement. Trop lentement. Entre les animaux géants, et le couvert des arbres, je n'ai pas quinze solutions, il faut que j'avance de la manière la plus circonspecte possible.

La dernière fois que j'étais dans la forêt, je n'étais pas seule, et même là, la traversée a été dure. L'avantage d'être seul, c'est que l'on passe plus facilement inaperçu, l'inconvénient, c'est que l'on ne peut pas se battre contre les créatures qu'abritent ces bois sans aide. C'est la mort.

Je me redresse, doucement.

Un deuxième craquement se fait entendre.

Je me retourne, prête à me battre. Je recule de quelques pas, en ne bougeant pas même un brin d'herbe. Mon Attribut affamé tente tant bien que mal de me permettre de voir, mais c'est inutile.

Il faut avouer que je suis dans un état d'épuisement assez avancé. Mes mains tremblent sous l'impact de l'adrénaline soudaine.

Un mouvement sur ma gauche. Pas très grand, ce n'est pas un animal géant.

Il sait que je suis là. Quoi que ce soit, il me tourne autour.

Je réagis immédiatement, et cours directement vers la droite, plus vite que possible. Je choisis stratégiquement de ne marcher que sur des endroits où je ne peux faire qu'un minimum de bruit.

Je cours, et je me jette derrière un buisson empoisonné. Si c'est un animal, il ne s'approchera pas. Je dois faire vite avant de moi-même perdre connaissance.

Je n'entends pas un bruit.

J'attends une minute, une deuxième, et me décide de sortir avant que le poison irradié par le buisson ne touche mes poumons.

A peine sortie, un corps se jette sur le mien et me plaque au sol. Il est plus lourd que moi, je dois me sortir de là et éviter le combat rapproché.

J'ai à peine le temps de prendre mon couteau pour menacer mon assaillant dans les côtes, qu'un autre couteau s'est glissé sous ma gorge.

- Qu'est ce que tu fais par là ? me chuchote une voix rauque. Tu veux mourir ?

- Je ne t'ai rien demandé, je m'excuse si j'ai dérangé qui que ce soit, je ne fais que passer.

- Personne ne "passe" dans la forêt, me réponds la voix. Tu cherches quelque chose.

- Oui, j'admets, puisque de toute évidence, personne ne vient dans la forêt pour se promener et faire un footing. Mais je ne fais que passer, je vais ailleurs.

- Où ?

- Aucune idée, je n'ai pas réfléchis aussi loin.

- Tu ne cherches pas à atteindre un endroit précis, répètes la voix. Que cherches tu ? me répète-t-il en s'approchant.

Je m'arrête. Une odeur de sève d'arbre assez forte se dégage de mon attaquant. Je crois que mon interlocuteur est un type plante, et qu'il veut savoir si je vais attaquer la forêt. J'ai déjà entendu parler de ces types qui dépendent de la forêt pour vivre, et choisissent de vivre comme des ermites, en totale harmonie avec la nature, la protégeant de tout humain qui passe. C'est une vie solitaire, souvent courte, et difficile. Peu de gens peuvent témoigner que ce mode de vie soit réellement tenable. Je tente le tout pour le tout.