- ¡Farid, cariño, viens ici, hijo mío! {Farid, mon chéri, viens ici mon fils !}
- Mamá, ¿qué es? {Qu'y a-t-il, maman?}
- Là, là, va chercher tes sœurs, s'il te plait, elles sortent de l'école dans quelques minutes, et je suis en train de négocier la cuisson du pain. Vale. {Bien.}
Farid embrasse sa mère qui négocie au téléphone avec le bailleur d'avoir de l'électricité pendant suffisamment longtemps pour qu'elle puisse faire du pain, et lui promet deux miches. Il sourit, et va chercher ses petites sœurs. Madame Rodriguez est la meilleure négociatrice, il y aura du pain ce soir. En traversant le district, il s'arrête chez la fleuriste pour leur acheter à chacune un petit pied de jacinthe. Les jumelles ont une affinité avec les plantes, et notamment leur pouvoir se nourrit lorsque des plantes fleurissent autour d'elles.
En sortant de la fleuriste, les deux petites jacinthes dans une main, Farid lève la tête, et tout se passe très vite.
Un jeune homme, probablement pas plus âgé que lui, marche dans la rue. Il croise une seconde le regard de Farid, et son regard est celui d'un enfant affamé. Farid n'a même pas le temps de faire un pas vers lui, lui demander si tout va bien, avant que les mains du jeune homme ne prennent feu. Toutes seules.
Le gamin panique alors que les deux gardes sur le côté, adossés au camion de patrouille de l'armée se jettent sur le gamin avant même qu'il n'ai pu faire quoi que ce soit.
- AU SOL ! METS-TOI AU SOL !
L'enfant, qui, une seconde avant, paraissait juste affamé, maigre, sans défense, est traité manu militari, et sans aucune pitié, sans aucune humanité. Le représentant de l'armée le bloque sous son coude, pendant que son collègue l'enveloppe dans une couverture ignifugée.
Ils emballent l'enfant comme si c'était un vulgaire sac de pommes de terre. Le tournent, et le retournent comme si de rien n'était.
En une seconde, la forme disparu dans une sorte d'enveloppe jaune qui semble terriblement irrespirable, et est trainé par un crochet jusqu'à l'arrière du camion des militaires.
Si Farid n'était pas là une seconde plus tôt, il aurait pu croire que dans le sac, était une personne morte. Peut-être même qu'il se serait demandé ce que peuvent bien déplacer les gardes. Sauf que non, le sac respire. Le sac contient une personne.
Le sac contient une personne.
Farid frémit.
- Bon, vous restez dans mon passage jeune homme ? s'impatiente la fleuriste.
- Non, pardon, je m'en vais. Merci encore, excellente journée à vous.
- Que la lumière de l'empire guide vos pas, mon garçon.
- Et les vôtres, répond Farid, la gorge sèche.
Personne ne semble avoir vu. Cela s'est déroulé tellement vite, qu'il a l'impression que tout le monde a ignoré la scène.
Il se dirige vers l'école comme un zombie, fait signe à la maîtresse des jumelles à l'entrée et retrouve ses sœurs.
Les deux petites descendent les marches et courent vers leur frère aîné, qui pose les jacinthes au sol et les soulève, provoquant des rires de la fratrie.
- Vous avez faim, guapísimas ? {les plus belles}
- Une faim de loup ! répond une des jumelles.
- C'est quoi, ça ? lui demande l'autre, en regardant les jacinthes.
Farid les repose et leur donne les jacinthes. Une chacune. Il s'approche et leur chuchote. Sa voix tremble.
- Vous vous souvenez, mis cariños, no magia en público, ¿entendido? {mes amours, pas de magie en public, compris ?}
- Oui, oui, on sait, que à la maison, et pas devant les fenêtres. Merci pour les fleurs.
Farid serre ses deux sœurs contre lui, et leur chuchote :
- Allons, rentrons à la maison, maman doit encore se battre avec le four.
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Célestes [En Édition Avant De Reprendre L'écriture]
Ciencia FicciónDans le futur, le monde s'est effondré, et seule une très petite minorité de personnes vivent encore convenablement. Dans un Paris en ruine, survivre en cachant sa véritable nature n'est pas un problème, c'est une obligation, une question de vie ou...