Chapitre 9

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Journal de bord, 25 Avril, année 125, seconde ère


Deux mois viennent de s'écouler et nous n'avons pas vu le temps passer. Nous sommes tous à présent en totale maîtrise de ce nouveau don. 

Aly et Kam seront là d'ici quelques heures et je suis surpris de voir Lise presque nerveuse. Ma soeur n'est jamais ainsi. Cela nous est d'ailleurs interdit dans notre profession. Elle est donc partie courir le long de la plage. Depuis notre arrivée, elle court dans l'eau s'immergeant jusqu'aux genoux. Et je l'ai vu gagner en vitesse, elle qui possède déjà cette capacité. C'est assez impressionnant de constater que même encore aujourd'hui nous sommes capables de nous améliorer. Moi-même je sens ma vision plus développée. Aly pense que cela se produira chaque fois que nous changerons d'environnement. Que nous avons une faculté d'adaptation hors du commun. Elle pense également que c'est notre don. Le reste n'en sont que les conséquences bénéfiques. Nous pensons tous qu'elle a raison. Ils vont d'ailleurs nous le prouver de nouveau, devant s'adapter à l'hémisphère sud rapidement. Je sais que cela a déjà commencé. Les chaleurs bien que toute relative pour nous, ne les perturbent plus autant que lors des premières semaines de notre côté du monde.

Je ne sais pas si c'est de la chance mais leur voyage au Sud s'est incroyablement bien déroulé. Leur laser y est pour beaucoup. Ils ont ainsi pu éviter les problèmes grâce aux informations relayées par les colonies. Ils ont aussi pu se ravitailler grâce au troc utilisant les plantes et les remèdes d'Aly, emplissant leur cale, comme monnaie d'échange. Les leçons qu'elle pouvait dispenser aidèrent beaucoup. Parfois, elle le faisait sans rien demander en échange. Il est important pour notre empathe de partager son art.

Ils ont à présent des amis sur toute la route et c'est une bénédiction. Surtout pour Kam et Lise qui auront presque deux mois de voyage après notre séparation. 

Je la vois revenir, accélérant à mesure qu'elle se rapproche. Sa vitesse m'impressionnera toujours même si j'y suis habitué.

Le petit-déjeuner est d'ailleurs presque prêt. Je viens de déposer deux énormes oeufs, de je ne sais quel oiseau, dans une assiette en bois. Un seul nous rassasie pour la matinée. Je jette sur une pierre chauffée deux tranches de lards découpées dans un étrange animal vivant uniquement dans ce bois. Petit, très gras et d'un étrange rose, il semble inoffensif. Ce qui n'est hélas pas le cas, mes côtes s'en souviennent encore. Sans la vitesse de Lise j'aurai pu être blessé. Seuls nos dons nous permettent de le chasser, il est d'une vitesse anormale lorsque l'on voit sa taille et son poids. Mais cela en vaut largement la peine, sa chair nous change de nos réserves de kangourou et des poissons frais que nous savons à présent pêcher. Et nous pouvons utiliser sa graisse comme huile pour les braséros. Nous avons déjà commencé à en stocker tout comme sa chair, utilisant à présent le sel qu'Aly et Kam nous ont appris à récupérer. Il remplace nos feuilles de Baronier. Cet arbre ne semble pousser que dans le centre de notre pays. 

Je lève les yeux. Des voiles, immenses, se distinguent au loin. Lise, qui ne voit pas encore le bateau me sourit. Ils sont là. Ce matin, nous prendrons le petit-déjeuner à quatre. Enfin.


Lorsqu'Aly et Kam posèrent le pied sur le sable, Lise ayant oublié sa nervosité se jeta dans leur bras. Les deux marins s'accrochèrent à leur amie, surpris et perturbés par la sensation de terre ferme sous leurs pieds. Le sourire aux lèvres, Nate attrapa sa soeur par les épaules et la ramena vers lui. Laissant ainsi le temps aux Aléoutiens de prendre leurs repères.

"Bienvenue en Australie." lança Nathaniel.

Kam et Lise sourirent et se sentant enfin plus stable, serrèrent enfin leur ami dans leur bras. Comme s'ils se connaissaient depuis toujours, comme s'ils avaient été simplement séparés durant de trop longs mois.

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