Chapitre 11

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Journal de bord 3 Juillet année 125, seconde ère.


Nous sommes sur le continent sud depuis plus de trois jours. Et jusqu'à présent, nous n'avons pas vu âme qui vive. D'étranges chemins aménagés à travers les bois et forêts nous ont le plus surpris. Nous supposons que tout ceci est l'oeuvre des milices. Ils les ont littéralement coupés en deux, bâtissant d'immenses palissades en bois et les isolant de tout. Aly semble avoir une explication des plus logiques et pourtant totalement aberrante pour nous qui avons vécu au plus près de la nature toute notre vie. Elle pense en effet qu'ils l'évitent délibérément, qu'ils en ont peur. Comme ils le font avec nos deux pays qui les terrifient.

J'ai pu étudier les quelques traces laissées sur les routes de terre. Les bottes de ces hommes sont différentes des nôtres, semblant plus lourdes et plus imposantes. Il y a aussi de profondes marques de roues. Énormes. Certainement des chariots tirés par de puissants chevaux.

Ils auraient donc choisi de vivre comme leurs ancêtres avant l'arrivée de la seconde ère ignorant totalement la terre, préférant la laisser de côté et en avoir peur. Cela joue en notre faveur et nous pensons donc que la résistance se trouve bien cachée dans la plus importante de leur forêt. Ce qui paraît le plus logique. Nous savons à présent où chercher et comment. Kam et Lise approuvent notre plan et s'y prendront de la même manière, une fois arrivés au Nord.


Lise marche devant moi, les sens presque plus en alerte que les miens. Elle apprend vite mais est parfaitement consciente de son incapacité à pister et trouver le plus infime indice. Mais je la rassure en lui disant qu'en contrepartie elle est à présent capable de se défendre et surtout elle est empathe. 

Chez nous, tout comme en Alétoutie, les bêtes sont énormes et n'ont pas peur de l'homme. Ici, pour le moment, il ne semble rien avoir de tout cela, c'est nouveau pour nous. La forêt grouille pourtant d'animaux en tout genre mais nous ne risquons rien, ils semblent nous craindre. Même la nuit. Nous avons de toute manière assez de vivre pour tenir presque deux mois sans perturber plus encore cette pauvre faune.


~Tout est si paisible ici, c'en est presque dérangeant.~

Nate venait d'allumer le dernier braséro et leva la tête lorsqu'Aly prononça ses premiers mots depuis plus d'une heure. Elle finissait d'attacher leur corde d'alerte autour du camp. De leur coté, Kam et Lise étaient déjà en train de dîner.

~A croire que ce continent n'a pas évolué.~

Nate tendit de la viande séchée à son amie qu'elle accepta de bon coeur. Cet après-midi elle avait trouvé des tubercules, ils pourraient les cuisiner avec du poisson séché pour le dîner du lendemain. 


Lise semblait perplexe s'attendant lorsqu'ils arriveraient au nord à un paysage plus déroutant encore dû essentiellement aux températures extrêmes. Son frère confirma hélas ce qu'elle redoutait.

~Rien ne semble avoir changé ici. Ni les hommes, ni la nature.~

Ils tentèrent alors de se remémorer les histoires de l'ancienne ère que leurs mentors leur contaient parfois. Aly fût la première à les évoquer.

~Kylie avait l'habitude de nous parler du 21e siècle. Nous sommes, si mes souvenirs sont bons, sur ce qu'ils appelaient l'Afrique, l'Amérique du Sud et une partie de l'Asie.~

Elle sentit son frère approuver. Lance leur avait parlé des mouvements des anciens continents et de la disparition des îles. Ils savaient aussi que leur pays était à cette époque un énorme continent.

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