Prophéties

Chapitre un

Journal de bord, 21 Janvier, année 125, seconde ère

Je m'appelle Aly et nous venons d'embarquer à bord de notre catamaran. Mon frère, Kam, est à la barre et me regarde d'un air inquiet. La nuit est sans lune ce soir et nous en profitons pour quitter notre village et notre pays.Nous prenons tous ces risques afin de traverser l'unique Océan du nouveau monde, l'Equateur. Et ainsi rejoindre le second continent, l'Australie. Ils sont tous deux oublié volontairement par les gouvernements.

Nous devons y retrouver Nate et Lise. C'est la première étape de notre périple. Et il est possible que nous ne survivions pas à ce voyage. Nous ne redoutons pourtant ni les conditions en mer que Kam maîtrise si bien, ni l'inconnu. Mais les colonies maritimes sont si diverses qu'il nous faut à présent être vigilants. Le Gouvernement unique de l'hémisphère Sud ainsi que celui du Nord ne doivent pas nous trouver. Mais si nous devons périr au cours de notre aventure, je veux laisser une trace de ce qu'aura été notre vie. Mon frère n'est pas d'accord mais il sait que raconter enfin la vérité au monde tel que nous le connaissons aujourd'hui est important. Nous sommes les seuls à pouvoir prouver aux descendants des survivants de l'ancienne ère que l'interprétation de la dernière prophétie est erronée.

Nous sommes nés jumeaux et avons fêté nos vingt-quatre ans le mois dernier. Rien ne s'est pourtant produit à notre naissance. Le monde est resté tel qu'il était. Mais je vais déjà trop loin. Pour connaître notre présent, il vous faut apprendre de notre passé mais également comprendre celui de notre mère à tous, qui, un siècle avant notre naissance, avait choisit de reprendre ses droits que les hommes avaient bafoués.

Alors même qu'aucun scientifique ni aucun gouvernement n'y croyaient, en ce début de journée du 21 décembre 2012, la prophétie des mayas s'est enfin révélée aux yeux du monde. Personne n'y était préparé. Les grands de l'ancienne ère s'attendaient à une comète ou à un astéroïde. Notre chère mère a changé d'axe ce jour là comme elle l'avait fait voilà des millions d'années.

Très vite, un peuple, plus proche des mayas qu'on ne l'aurait cru, a lancé une seule et dernière prophétie.

La naissance de jumeaux provoquerait un second changement. Ils n'ont pu en dire plus. Les gouvernements pourtant encore dissociés ont tous ordonné la capture des tribus d'Amazonie à l'origine de cette prophétie. Personne n'a jamais plus entendu parler de ces indiens libres et en totale harmonie avec celle que nous appelons tous à présent notre mère. Mais elle avait été prononcée et les rumeurs se sont très rapidement répandues. Ce n'est que bien des dizaines d'années après ces changements que Kam a vu le jour, emportant la force vitale de notre mère. Le maître guérisseur, une femme puissante, a réussi à m'extraire du ventre de ma mère trois minutes après mon frère, j'avais le cordon ombilical autour du cou. Orphelins, Maître Kylie nous élevé comme ses propres enfants dans ce petit village marin d'Aléoutie.

Le gouvernement du Nord a créé des milices un siècle avant notre naissance pour nous traquer. Les moyens investis dans la médecine afin de contrôler les naissances et la fertilité des mères sont colossaux. Ils ne reste de l'ancien monde que cette connaissance. Les colonies et la résistance ont heureusement réussi à survivre sans le joug des deux gouvernements.

J'ai, depuis ma naissance chaotique, une santé fragile et Kylie n'a cessé d'avoir un oeil sur moi. Si elle ne pouvait pas, Kam en avait la lourde tâche et il s'y attelle depuis toujours avec dévotion. J'ai toujours senti chez mon frère un peu de culpabilité. Et je lui dis tous les jours que tout cela est fini, que Kylie et mon don de maître guérisseur ont fait de moi une femme grande et forte. L'écosystème ayant dû évoluer, certains humains ont changé pour leur survie. Kam en fait partie. Mon frère frôle le mètre quatre-vingt dix, a les mêmes cheveux bruns et bouclés que moi mais les préfère rasés. Je garde les miens en cascade sur mes épaules. Nos visages pourraient passer inaperçus grâce à ce changement si nos yeux d'une étrange couleur miel ne nous trahissaient pas.