𝑨𝒑𝒑𝒓𝒆𝒏𝒅𝒔 𝒎𝒐𝒊 𝒂̀ 𝒂𝒊𝒎𝒆𝒓

21

Aurora.

Je regarde à travers la vitre du restaurant, la voiture de Tyron se garer. Je le vois sortir alors que mon cœur s'emballe aussitôt. Je me rends alors compte de l'importance de mes sentiments pour lui... En si peu de temps il a réussi à s'immiscer dans ma vie sans que je ne m'en rende compte.  En vérité, j'ai toujours été une fille qui pensait ne pas avoir besoin d'un homme pour vivre. Mais la présence d'une personne à nos côtés jouent beaucoup sur notre mental. Imaginez une seconde vivre dans un monde où personne ne fait attention à vous,où personne ne s'inquiète pour vous.

J'ai toujours fait semblant de ne pas être atteinte par les événements, J'ai toujours joué à la fille courageuse mais là... J'arrive à saturation, je n'arrive plus à me forcer à sourire. J'ai accumulé tellement de stress entre la maladie de mamie, mon rôle de mère, le travail, Arthur et maintenant mon agression.

Pourquoi on nous ment? Pourquoi on ne nous dit pas à quel point la vie peut être compliquée une fois qu'on est adulte ?

Une main se pose sur mon épaule me sortant de mes pensées. Je croise alors le regard de Tyron qui me sourit tendrement.

Tyron : ça va?

Il s'assoit en face de moi. Je l'observe et remarque son amaigrissement. Il a l'air épuisé même si il affiche ce sourire sur son visage. Aussi, son regard peut paraître tellement vide des fois... C'est comme si il faisait semblant d'aller bien.

Moi: oui *sourit*

Tyron : tu as déjà commandé ?

Je secoue la tête. Il lève alors la main pour appeler une serveuse qui se trouvait pas loin. Celle-ci arrive alors jusqu'à notre table avec son carnet de notes.

Elle: Bonjour, que puis-je faire pour vous?

Tyron : Aurora ? Tu veux quoi?

Moi: hum... un smoothie mangue/passion *fais-je en lisant le menu à notre disposition *

Elle: bien et vous monsieur, qu'est-ce que vous voulez?

Le regard de la serveuse se fait insistant sur Tyron qui lit le menu. Je la vois arranger discrètement son décolleté. Une pointe de jalousie naît en moi en observant cette fille. Elle est belle en plus. Je me contente de tousser pour attirer son attention et lui faire comprendre que je l'ai vu.

Elle me lance un coup d'œil furtif. Je sens alors la main de Tyron attraper la mienne qui se trouve sur la table.

Tyron : ça va? Tu veux de l'eau ?

Moi: non ne t'inquiète pas. J'ai juste la gorge qui me démange un peu,c'est sûrement la poussière.

La jeune femme me scrute faisant une petite mine.

Tyron : je vais prendre un café latte. Merci.

Serveuse : ce sera tout?

Moi: oui, vous pouvez y aller *dis-je froidement *

Elle s'en va sans tarder ,je la suis du regard jusqu'à ce qu'elle disparaisse de notre champ de vision. Je me tourne et surprend Tyron entrain de me fixer.

Moi: quoi?

Tyron : ne t'inquiète pas,elle n'est pas du tout mon genre.

Je fais mine de ne pas comprendre. Alors que j'ai très bien compris.

Moi: de quoi tu parles ?

Il se contente de rire doucement.

Moi: alors il était comment ton voyage ?

Tyron: ennuyeux à mourir, je n'ai fait que des conférences et j'ai rencontré des clients.

Moi: hum je vois... Il n'y a que ça ?

Ses yeux s'assombrissent d'un coup. Il souffle et me regarde.

Tyron : pourquoi tu me demande ça ? *il se braque*

Moi: je veux juste savoir c'est tout. Ne le prends pas mal.

Tyron : si tu veux tout savoir ,je n'ai pas vu d'autres filles si c'est ce que tu penses.

Moi: je n'ai pas dit ça.

Tyron : ça se voit sur ton visage.

Moi: c'est juste que tu n'as pas répondu à mes appels ces derniers jours,j'ai cru que -

Tyron : *il me coupe* j'étais occupé c'est tout ,maintenant  parlons d'autres choses.

Je m'enfonce dans mon siège et croise mes bras contre ma poitrine. Un froid venait de se jeter entre nous . Je regarde à nouveau par la vitre, je tombe alors sur une dame qui se balade avec une enfant, sûrement sa fille car elles se ressemblent. Mon cœur se serre ,me rappelant que je n'ai pas de mère car celle-ci m'a abandonnée. Je soupire pour réprimer la montée de mes larmes.

Je détourne le regard,j'ai trop pleuré pour cette femme.

Moi: dis moi Tyron ?

Il me regarde.

Tyron : oui?

Moi: elle est comment ta mère ?

Il croise des doigts sous son menton en posant ses coudes sur la table.

Tyron : je n'en sais rien... On n'est pas proche.

Moi: *confuse* oh... mais c'est ta mère.

Tyron : je sais mais il arrive parfois que dans certaines familles, les parents et les enfants ne s'entendent pas. Ma mère n'a pas pu tisser de vrais liens avec moi.

Moi: c'est triste ...

Tyron : pas tant que ça. Je me sens bien sans eux et j'ai toujours vécu ainsi alors,pour moi c'est normal.

Moi: je t'envie...

Tyron : pourquoi ? C'est une situation dont personne ne rêve.

Moi: tu as tes deux parents toi,à tout moment tu peux compter sur eux,même si c'est compliqué entre vous.

Il me regarde tristement.

Moi: moi je ne sais même pas comment s'appelle ma mère.

Ma grand-mère n'a jamais voulu me dire le prénom de ma mère, elle ne me parle presque pas d'elle et a quasiment jeté tout ce qui la concerne de près ou de loin. Elle ne veut pas entendre parler d'elle.

[...]

Je rentre chez moi et trouve Ava et Clara devant la télé. Je dépose mes affaires et les rejoins.

Moi: vous avez mangé ?

Clara: oui. Ton assiette est dans le micro-onde.

Soudain, je me mets à sentir comme une odeur de brûlé.

Moi: Clarita ,tu ne trouves pas que ça sent la fumée par ici?

Clara: j'ai senti aussi mais je ne vois pas d'où ça peut venir.

Moi: je vais ouvrir les fenêtres, c'est insupportable.

J'ouvre donc la fenêtre du salon qui donne sur les escaliers de secours. Ceux-ci sont plus que délabrés, tu y poses un pied et tu peux dire adieu à la vie.

Après avoir mangé, Clara par se coucher avec Ava qui a voulu dormir avec elle et tant mieux, j'aurai plus de place pour dormir. Je rejoins moi aussi ma chambre, à moitié endormie et toujours avec cette odeur de fumée dans l'air.

Je m'endors alors plus paisiblement que d'habitude. J'ai bien l'intention de dormir aujourd'hui.
Mais mon repos est de courte durée quand j'entends Clara crier derrière la porte.

Clara: Y'A LE FEU AURORA !!!

À suivre...