***PDV YOUNÈS
Juillet 2012
Lundi
08h02En sursaut, j'me réveille de mon cauchemar, le visage en sueur.
Autour de moi, j'vois tout pleins d'appareils bizarres, blancs et remplis de lumières multicolores.
Je sens que des trucs sont collés à ma peau, qu'une aiguille est plantée dans mon bras, mais surtout, j'sens une douleur que j'ai jamais ressentie dans mon mon dos.
J'ai l'impression qu'on m'a arraché des membres et qu'on les a remis précipitemment à la même place.-Putain j'suis où...
Je marmonne dans ma barbe, tout en enlevant lentement les dizaines de câbles fixés à mon corps.
On dirait un vieux papi cabossé, incontinent et asmathique.Au loin, j'sens une odeur.
Une odeur que je déteste, celle des produits chimiques.
Ça pue le médoc à plein nez et la bouffe degueulasse de l'hôpital.Bordel qu'est ce que je fous ici? Depuis quand j'suis là moi?
De plus en plus concerné, j'me redresse sur mon lit et pose le pied par terre.
À c'moment là, un cri de douleur s'échappe de ma bouche, tandis que je m'étale sur le sol tel un gosse hyperactif.
Mon abdomen claque contre le carrelage, ce qui me provoque une fois de plus une forte envie d'hurler dans toute la pièce.
Heureusement j'me retiens, m'adosse au mur, et me relève, lentement mais sûrement.
Pour tenir debout, faut que j'm'agrippe à quelque chose, sinon j'ai pas d'équilibre.
Alors j'm'accroche à tout ce que je trouve, une chaise, un bout de placo éclaté, une poignée de porte...
J'suis un homme, mais j'ai envie de chialer, sûrement parce que j'me suis jamais senti aussi faible de ma vie.
Et p't'être aussi parce que j'ai honte de ressembler à un tétraplégique en train de ré-apprendre à marcher.Ouais, j'le dis, j'ai vraiment envie de ré-pleu.
Mais un homme, ça pleure pas, comme dirait Baba.
Et t'façon, ma vue est complètement brouillée.En silence, j'continue donc d'avancer, puis tombe enfin dans la salle de bain de la pièce.
Elle est petite, froide, jaune, et surtout très moche.
Mais c'est pas ce qui m'intéresse.
Non ce qui m'intéresse, moi, c'est le miroir.Et pourtant, quand j'aperçois enfin mon reflet dedans, j'aurais préféré ne jamais l'avoir cherché.
Une cicatrice est dessinée tout le long de la partie droite de mon visage.
Elle part du haut de mon sourcil, pour se terminer en bas de ma pommette, et recouvre l'entièreté de mon œil, fermé de force par d'ignobles points de suture.
C'est comme si mon reflet avait enfermé quelqu'un d'autre à ma place, dans le miroir.
Je me reconnais pas, moi et cette façade toute abîmée.Doucement, je touche ma joue encore gonflée, ma moustache un peu trop épaisse, mes sourcils démesurément ébouriffés, mon nez cabossé...non, j'y arrive pas.
C'est pas moi, ça.
Il y a quelque chose qui manque.
Mes grands yeux noirs que ma petite sœur complimentait tout le temps, où ils sont passés?
Pourquoi est-ce qu'il n'en reste plus qu'un?
Pourquoi je me souviens de rien?Plus les secondes passent, plus ma respiration s'accélère.
J'ai besoin de casser quelque chose, de hurler ma colère, de tout détruire sur mon passage.
Il faut que je le fasse, que j'expulse la haine et ce sentiment de solitude que je ressens tout d'un coup.
Pourquoi j'ai la tête qui tourne hein?
Pourquoi la personne que je vois en face de moi me dégoûte?
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COMME PAS DEUX
FanfictionNaha, vivant une vie misérable auprès de sa mère, accro à l'alcool et bousillée par la drogue dure, déménage aux Tarterêts en Janvier 2011. À ce moment là, elle fait la rencontre d'un jeune dealer de 18 ans, surnommé Ladif par la plupart de ses amis...