Chap 2

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Il ne s'y était pas attendu. Il l'admettait.

Holmes l'avait eu cette fois. Il ne se serait jamais doute que ce serait lui qui appuyerait sur la gâchette. Ça y'est, lui aussi était devenu un meurtrier.

Mais ça n'allait pas contrecarrer ses plans. Il avait toujours le même but, et serait prêt à tout pour y parvenir.

Holmes allait devenir le héro des citoyens. Mais plus que tout, ce sera lui le principal acteur du bouquet final.

Une voix le fit sortir de ses pensées. C'était Louis.

-"Est ce que tout va bien grand frère?"

-"Oui Louis, ne t'inquiète pas" répondit-il.

-"Que penses tu de la situation, William?" Demanda Albert, assis en face de lui sur le sofa.

-"C'est plutôt complexe en effet. Mais ça ne change rien à ce qui était prévu Nous avons une mission à accomplir, et c'est de rendre le monde meilleur. Sherlock Holmes restera un pion. Il en faut plus que ça pour ébranler nos plans." Affirma d'un regard dur le cadet Moriarty. "D'ailleurs, Moran, Bond, tenez vous prêt, j'ai du travail pour vous."

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Une semaine s'était écoulée depuis la mort de Milverton. Londres avait été plutôt calme, excepté les habituels vols et cambriolages.

Sherlock avait donc disposé de temps libre lui permettant d'assister John pour les préparatifs du mariage. Son ami avait bien vu que ce qui s'était passé plus tôt continuait de tourmenter le détective. Il avait donc voulu lui changer un peu les idées.

-"Alors est ce que ça me va ?"
demanda l'ancien médecin.

-"Hmm...Parfait ! Mais tu m'as pas l'air vraiment à l'aise là dedans si je puis me permettre !" ricanna Sherlock.

-"Bien sur que je ne suis pas à l'aise ! Ça va être mon mariage! Je n'ai pas l'impression que tu t'en rends bien compte !"

-"Haha peut être. Je ne marierais jamais de toute façon. Je resterai pour toujours un homme mystérieux et solitaire" dit-il avec un sourire moqueur.

S'ensuit un soupir désespéré de John.

Après avoir fini les essayages, les deux hommes quittèrent la modeste boutique du tailleur et s'engagèrent dans le premier fiacre venu.

Une fois arrivée dans la rue de Baker Street, ils rentrèrent dans l'immeuble, et vaquèrent à leurs occupations. Cependant, le bruit d'un poing toquant à la porte rompit le calme de la maisonée.

Ainsi, plusieurs secondes plus tard, Sherlock qui était passivement assis sur le canapé, vit l'inspecteur Lestrade franchir le pas de la porte. Il bondit alors de sa chaise et s'avança pour serrer la main du nouvel arrivant.

-"Lestrade ! Quelle bonne surprise!" S'exclama joyeusement Sherlock.

Pendant que les deux hommes se serraient la main, John, qui avait entendu l'arrivée de l'inspecteur, les avait rejoint.

-"Je suis très touché par ton enthousiasme Sherlock, malheureusement je ne vous apporte pas de bonnes nouvelles." lança l'inspecteur le regard dur.

Le visage des deux hommes perdit alors toute trace de gaieté à la vue du visage grave qu'arborait Lestrade. Et cela ne présagait rien de bon.

Sherlock fut le premier à réagir.

-"C'est lui, n'est-ce pas?" Demanda-t-il les yeux rivés vers le sol.

-"J'ai bien peur que vous ayez raison." Soupira l'inspecteur.

-"Dites nous en plus." insista John

-"Le prince du crime a encore frappé. Cette fois ci, il a fait fort. Je viens d'apprendre qu'il a tué une dizaine de membres de la chambre des Lords. Jusque là, les nobles ne s'étaient pas vraiment mêler de cette affaires Mais maintenant, tout va changer. Il est allé trop loin. Les nobles ont prévu de faire pression sur la justice pour arrêter à tout prix ce criminel. Ils sont prêts à donner de généreuses sommes d'argent à quiconque aurait des informations sur lui. Et bien sûr, une récompense pour celui qui arriverait à l'attraper."

-"Prévisible" lâcha le noireaud.

-"Mais ce n'est pas tout" continua Lestrade, "Avec l'ampleur que prends cette affaire, et la furieuse obstination des nobles, Moriarty ne finira  sûrement pas ses jours en prison."

John, d'un esprit plutôt lent, ne comprit pas tout de suite ce qu'insinuait l'inspecteur. Quand à Sherlock, il resta confus pendant quelques instants avant que tout s'éclaire dans son esprit.

Si les deux hommes en face de lui avaient été un peu plus attentif, ils auraient remarqué que, le temps d'une seconde, Sherlock avait laissé transparaître l'angoisse sur son visage avant que son celui-ci ne se referme aussitôt.

-"C'est à dire ?"demanda John à Lestrade, toujours perplexe.

Avant que le concerné eut le temps d'ouvrir la bouche, une phrase glaçante se fit entendre :

-"Il sera pendu."

Ainsi fut la dernière phrase que prononça de Sherlock avant de se retirer. La gravité de son visage effraya même les deux autres hommes présent dans la pièce.

Les prochains jours allaient immanquablement être difficile.

Lestrade salua par la suite Mme Hudson et John, signe qu'il devait partir.

Watson repartit dans sa chambre, tandis que Sherlock reprenait sa place dans la pièce de vie. Chacun repris ces occupations ; John écrivait ses pensées tandis que Sherlock les jouait.

Sherlock posa ses doigts délicatement sur le violon et s'exécuta. Cette sensation familière l'avait manqué.

La mélodie semblait au premier abord douce et harmonieuse, agréable à entendre. C'était comme une berceuse pour les oreilles. Puis, en l'espace d'une fraction de seconde, cette impression d'ordre et d'équilibre se brisa. Le morceau se transformait lentement en une musique plus libre et plus sauvage. L'ardeur avec lequel le musicien jouait se faisait de plus en plus ressentir. La silence et la douceur n'était plus, remplacé par la fougue et l'effervescence.

La musique n'avait plus aucune limite, elle était devenue indomptable. Elle résonnait à présent furieusement dans tout l'appartement ainsi que dans l'esprit du détective. Elle s'infiltrait en lui, faisant surgir ses sentiments les plus refoulés. L'ivresse était dorénavant maîtresse.

Les sons du violent s'intensifiaient progressivement, témoignant de l'état mental de celui qui en jouer. Les notes devenaient de plus en plus agressives, se transformant peu à peu en un requiem déchirant. Cependant, la mélodie était si captivante qu'il était impossible de ne pas l'écouter attentivement. La discordance de la musique ne la rendait pas moins fascinante. Au contraire, c'était ce caractère brut et ardent qui la rendait si belle.

Madame Hudson et John avaient arrêté toute action pour laisser leurs oreilles profiter de cette drôle de complainte. Sherlock était décidément un as dans tout ce qu'il entreprenait. C'était un instant unique, coupé du reste du monde.

Les deux autres habitants de l'appartement n'avaient jamais entendu un air pareil. Bien sur, ils étaient tous les deux habitués aux excès de violon de Sherlock mais jamais à ce point la. Jamais aussi intense.

Le requiem se poursuivait avec frénésie, les notes s'enflammaient, l'archet frappait frénétiquement les fines cordes ; le violon s'embrasait.

Les murs semblaient trembler face à ce spectacle saisissant : un Sherlock cédant à ses émotions, aussi bien bouleversé que bouleversant.

Ses pensées étaient perceptibles dans sa musique. Personne n'avait besoin de demander à Sherlock ce qui préoccupait son esprit, n'importe qui aurait pu le comprendre à travers la bestialité de sa mélodie. Même lui, un génie à l'esprit sans faille, sentait ses pensées se mélanger et échapper à son contrôle. Tout était confus, tout était chaos.

Le morceau semblait infinissable. Les notes défilaient plus vite les unes que les autres, l'orage dehors grondait, en osmose avec le moment. Le détective ne semblait plus vouloir s'arrêter, s'acharnant sans relâche sur le frêle instrument en bois. Encore. Encore. Ses doigts tournoyaient, son esprit tourmenté, la musique s'époumonait. Puis soudain, une corde cassa, brisant ce hurlement du cœur. Le silence revint, le calme repris sa place, laissant un Sherlock stupéfait, encore essoufflé.

Les éclairs zébrant le ciel plusieurs instants plus tôt n'étaient plus. Le tonnerre, inexistant. Seul la tempête dans l'esprit du violoniste semblait intarissable.

Et ainsi, quelques rayons de soleil se firent apercevoir à travers les nuages, illuminant tendrement la pièce.

Fin du concert.

Moriarty [MTP] : Étreinte MortelleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant