Chap 11

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Les ruelles de Londres défilaient sous le regard absent du détective. Emmitouflé dans ses pensées, le charme de la ville symbolique de l'empire dont le soleil ne se couche jamais le laissait pourtant de marbre. Seul un mot, seul un nom, persistait dans son esprit, résonnait d'une façon qu'il ne pût plus penser à rien.
Son cœur tambourinait dans sa poitrine tandis qu'il continuait sa course effrénée. Battait-il aussi vite seulement à cause de cette effort sportif ? Avant qu'il ne puisse trouver la réponse cette question, il percuta violemment un passant qui l'interpella à coup de "mais ça va pas la tête ?!" ou encore "faut regarder devant vous jeune homme". Le détective bredouilla tant bien que mal quelques excuses, ayant été pris de court par cette bousculade.

Il continua sa route, cette fois-ci plus attentif à ce qui l'entourait. Les traits de son visage était tirés, son front plissé et ses sourcils froncés sans même qu'il ne s'en rende compte. Les quelques passants qu'il rencontrait sur son chemin ne pouvait s'empêcher de regarder curieusement cette homme à la tenue quelque peu debraillé résultant de son marathon a travers la ville. Intrigué par ce drôle de personnage, les individus se demandaient inconsciemment quel pouvait être la cause de cette ardeur, de cette hâte incongrue.

Les plus romantiques d'entre eux s'imaginaient- à tort ?- que celui-ci allait retrouver sa bien aimée. Il allait revoir l'élu de son cœur et l'embrassait passionnément dès qu'elle ouvrirait la porte. Il lui dirait sûrement à quel point il l'aime et que sa vie est vide de sens sans elle. Elle sourira timidement et répondra positivement à sa déclaration. Et ils vécurent heureux jusqu'à la fin des temps. Quelle charmante histoire !

Mais pour être honnête, Sherlock ne se préoccupait aucunement de ce que les gens pouvaient penser de lui à ce moment-la. Un seul objectif en tête, aucune perturbations n'était capable de le distraire. Au fur et à mesure, il parvenait à discerner son poul s'accélèrait frénétiquement tandis qu'il se rapprochait de plus en plus de l'endroit fatidique. C'est bien un temps à fumer des clopes pensa-t-il. Dommage qu'il n'en avait pas une. Quoique, fumer une clope et courir en même temps n'était pas la meilleure des idées.

Le jour s'assombrissait à présent, laissant progressivement entrevoir l'étoile du berger, la plus précoce comme toujours. Le crépuscule allait tomber et ramener les ténèbres avec lui.

Puis, après quelques maisons dépassées, il arriva enfin à destination. Un immense manoir se tenait devant lui, sombre sans être lugubre. Il semblait être en travaux avec toutes ses baches qui ornaient les murs extérieurs. A première vue, il semblait n'y avoir personne à l'intérieur. En effet, aucune lumière ne s'en émanait malgré l'obscurité grandissante. Le détective monta les escaliers qui menait au perron. Il toqua à la porte, attendit quelques minutes mais rien. Aucune réaction. Personne ne lui ouvrait la porte. Il décida de prendre lui-même l'initiative, même s'il n'était que très peu convaincu que la porte serait déjà déverouillée. Contre toute attente, aussitôt qu'il tourna la poignée, la porte s'ouvrit. Sherlock ne se posa pas plus de questions et entra.

Il se retrouva devant un charmant salon, pourvu de meubles simples qui n'otait tout de même pas leur élégance. Il s'avança un peu plus dans la pièce avant d'apercevoir de l'autre côté de celle ci un escalier en pierre. Il se dirigea dans sa direction, l'étudiant quelques instants tout en se demandant s'il devait continuer son chemin, sachant que cette maison n'était pas la sienne. Il s'introduisait délibérément dans la demeure d'autrui.

Des bruits de pas faisant grincer le plafond lui firent pourtant rapidement prendre une décision et acheva son dilemne moral. Il gravit alors l'escalier pour se rendre à l'étage, désireux de rencontrer l'autre personne présente dans ce manoir. Il sentit son cœur battre la chamade sans vraiment y comprendre pourquoi. Affirmer qu'il avait attendu ses retrouvailles avec impatience serait un euphémisme. Ses moindres pensées, nuit et jour, était tourné vers lui. Et le pire, c'est que... ça ne lui déplaisait pas.

Il avait l'impression qu'à chaque fois qu'il essayait de faire un pas vers William, celui ci disparaissait aussitôt et se retrancher encore plus dans la pénombre. Fuis moi, je te suis, suis moi je te fuis. Ou quelque chose comme ça. William avait le don de mettre son esprit sans dessus dessous. Lui qui avait pourtant toujours su mettre de l'ordre dans ses pensées, les classer, les trier entre elles, grâce à son fameux mind palace. A présent, tout, absolument tout le ramener à lui. C'était éprouvant et grisant à la fois.

Une fois en haut des marches, il découvrit une pièce presque vide, avec seulement un piano et quelques tableaux sur le mur en guise de décorations.

Mais il n'accorda aucune attention à ces détails futiles, ce qui l'intéressait, c'était l'homme, debout en face de lui, regardant à travers les carreaux de la fenêtre. Les derniers rayons du soleil couchant s'étaient frayés un chemin parmis les rideaux de soie rouges pour venir tendrement éclairer le visage et les cheveux d'or du lord.

Un curieux détail attira son regard sur les lèvres du blond. En effet, une cigarette y avait pris place, ce qui se révélait étonnant. Il ne l'avait jamais vu fumer. Peut être car il le pensait beaucoup trop intelligent pour céder à ces paradis artificiels.

William n'eut aucune réaction suite à l'arrivée du détective, un peu comme si ce n'était pas une surprise, comme s'il avait déjà antérieurement anticipé sa venue.

Le temps était comme suspendu, aucun des deux personnages n'osaient esquisser le moindre mouvement. Aucun bruit ne venait percer ce silence si ce n'était les légères respirations et inhalations du comte fumant sa cigarette. Puis, d'une lenteur insoutenable, il détourna le regard pour venir le planter dans les yeux du noireaud. Un long moment s'écoula. Intense, irréel, où tout ne passait plus que par les yeux. Les yeux rubis de William ne trahissaient aucune émotion, comme à son habitude. Ils se regardaient fixement, pareil à deux adolescents un peu gauches et maladroits.

Sherlock, qui s'était pourtant préparé mentalement au moins une centaine de fois à cette entrevue, ne pipa mots. Ils restaient coincés au fond de sa gorge, tapis dans le silence. Tout s'était effondré, juste par le seul regard de celui qu'il avait honte d'admirer.

Il reprit malgré cela vite contenance et décida de briser le silence.

-"Je ne m'attendais pas à voir que nous partagions encore un point commun." Annonça-t-il sur un ton léger.

-"C'est à dire ? De notre manie de nous introduire dans des manoirs qui ne nous appartiennent pas ?" Répondit Moriarty sur le même ton moqueur.

Sherlock esquissa un sourire narquois suite à cette remarque remontant aux événements passés, que son interlocuteur lui rendit aussitôt.

-"Non, nous fumons tous les deux pour oublier, pour se débarasser de ce poids qui nous comprime la poitrine. Et pour être honnête, je ne pensais pas que c'était ton cas. Je sais très bien qu'il y'a quelque chose qui cloche. Tu peux duper qui tu veux, mais pas moi. Alors s'il te plait, dis moi. Tell me what's on your mind, Liam."

Moriarty [MTP] : Étreinte MortelleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant