1. Juste un au revoir

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Mes yeux s'ouvrirent sur une mer calme illuminée par le soleil. Un soupir paisible s'échappa de ma bouche souriante ; cette matinée resplendissait contrairement aux précédentes. Devant cette étendue d'eau salée aussi délicate qu'un baiser, tous mes objectifs bouillonnaient en moi. J'avais passé tellement de journées à me peindre des mondes fabuleux, à me battre contre des arbres fiers, à travailler pour qui le souhaitait, à cuisiner pour ma mère et dans toute cette interminable et monotone vie, enfin un semblant d'espoir se dessinait à l'horizon...

« Plus que quelques heures, pensé-je. »

Après tant d'années, j'allais enfin pouvoir vivre une aventure ; et pas n'importe laquelle, c'était ma propre aventure. Le temps des rêves était terminé, c'était la réalisation qui s'annonçait.

Le jour où James m'avait proposé de faire un voyage en mer me revint en mémoire. Le souvenir de ma réponse positive immédiate qui avait suivi sa proposition m'arracha un rire sincère. Des pas derrière moi s'approchèrent, puis une voix masculine indiqua :

« Ça fait plaisir de t'entendre rigoler... »

Au son de cette intonation familière remplie d'affection, mon maigre corps se tourna pour découvrir James. À contre-jour, je ne perçu pas tout de suite son appréhension. Toutefois, lorsque je vis son regard marron et son geste maladroit, je compris que mon ami d'enfance était mal-en-point. Sa chevelure blonde brillait au soleil et adoucissait son visage tordu par la peur. Anxieuse, je lui demandai :

« Tu vas bien ?

- À vrai dire, pas vraiment... »

Après cette réponse, James s'approcha de moi pour venir s'asseoir à mes côtés. Les pieds dans le vide, nos silhouettes se rapprochèrent au bord de cette falaise immense. Puis, le regard tourné vers le paysage marin, il continua :

« Tu n'as pas peur, toi ?

- Bien sûr que non ! J'ai attendu ce moment toute ma vie, dis-je dans un rire.

- Comment fais-tu pour ne pas avoir la trouille ? Imagine... on se perd ! Non, imagine... on fait naufrage ! Ou pire ! Qu'on fasse la rencontre de réels pirates...

- Même pas peur, répondis-je au tac au tac. C'est mon rêve de faire un voyage en mer, alors peu importe les risques, je vais monter sur ce bateau !

- Et bien soit... Mais quand on sera rentré de ce circuit, promets-moi qu'ensuite, on fera que des explorations par la terre ?

- Mais James... As-tu tout simplement peur de la mer, en réalité ?

- Je... euh... Comment dire ? Oui, hésita-t-il.

- Pourquoi m'as-tu alors proposé de voyager dans un navire, hurlé-je abasourdie.

- Je sais que c'est ton rêve de découvrir le monde en bateau, donc j'ai juste voulu te faire plaisir...

- Il ne fallait pas ! Si tu veux, tu peux toujours rester... Après tout, je ne serai pas toute seule à bord.

- Hors de question ! J'ai envie de venir et puis, ça va me permettre d'affronter ma peur de l'eau, répondit-il pas serein.

- D'accord... Si tu veux. Mais ne t'inquiète pas, tout va bien se passer !

- Je sais, affirma-t-il en ébouriffant mes cheveux bruns. »

Après cette discussion entre amis, un silence reposant prit la suite de la conversation pendant que nos mots se firent emporter par le vent frais. Nous restâmes là plusieurs minutes, à contempler la mer qui s'élançait divinement devant nous. L'eau venait cogner les parois rocheuses pendant que les mouettes chantaient et dansaient entre deux brises épaisses. L'odeur si caractéristique de l'océan remplit mes narines et mon cœur. Toutefois, cet instant paisible devait prendre fin. Je pris une grande bouffée d'air pur et me levai rapidement, laissant James seul avec ses affaires. Je me devais de prévenir ma mère de mon départ imminent même si je savais qu'elle s'en ficherait pertinemment.

Captive du capitaineOù les histoires vivent. Découvrez maintenant