8.2 Discussions

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« Profitez bien de tout ce que cette nuit a à vous offrir sans retenue ! »

Mon sang se glaça. J'étais immobile sur place, redoutant ce qu'il allait se produire. Je devais passer une nuit entière sur ce rafiot avec cet homme immonde. Qu'allait-il se produire ? Mon coeur frémit aux idées obscures qui me vinrent. Sans plus de pensés, les pirates ravis partirent, nous laissant une quinzaine sur ce bateau. Tel un capitaine, le second commença tout de suite après en prenant la parole :

« Les prisonniers, prenez les outils et descendez rapidement du bateau ! »

Puis, quelques secondes ensuite, il prit une voix des plus terrifiante et ajouta :

« Attention... Le premier qui tente de s'échapper, je le trou. »

Pour illustrer cette phrase sordide, il sortit un pistolet de son étui en cuir et l'enclencha. Le « clic » métallique fit frissonner ma peau déjà apeurée. Je voyais à ma gauche, la peau d'Anthoine s'hérisser aussi. Nous nous hâtâmes alors de chercher tous les ustensiles à notre disposition. Notre maigre équipe descendit sur la plage où l'équipage avait fait cale sèche ce qui nous permettait d'avoir accès à la coque abîmée. Un des matelots nous expliqua rapidement le procédé de nettoyage et sans perdre une minute, nous commençâmes notre tâche laborieuse.

Toutefois, pendant que j'enlevais les algues et les coquillages qui pouvaient ralentir le navire, je fis extrêmement attention de ne pas m'éloigner de James. Même si ce dernier n'en avait absolument pas conscience, il m'était d'une grande protection face à la présence de Brockley qui attendait la première occasion pour se rapprocher. Je croisais son regard perfide et pervers, et devant ses yeux maronnasses, je sentis toute ma force se carapater. J'avais terriblement peur.

« Non, non, non. Je ne peux pas avoir peur, me criais-je intérieurement. Où était passée la Rita que je connaissais ? »

J'avais envie de me foutre des baffes, de me réveiller de ce cauchemar, mais ça n'aurait de toute façon servi à rien. Il ne me restait qu'une chose à faire : obéir pour survivre. J'allais gratter, racler, écailler, enlever, frotter, peler, nettoyer, enlever, gratter, gratter et encore gratter jusqu'en n'en plus sentir mes doigts. Tout était bon pour ne pas me faire penser à ce que j'allais devoir affronter dans plusieurs heures.

L'après-midi passa beaucoup trop rapidement à mon goût sous un soleil de plomb et les regards des pirates

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L'après-midi passa beaucoup trop rapidement à mon goût sous un soleil de plomb et les regards des pirates. Malgré la douleur qui martelait mes bras, j'aurais aimé que la nuit ne tombât jamais. Soudainement, j'entendis :

« Les deux femmes, prenez le mélange dans le seau et appliquez-le sur la coque. »

Avec Jeanne, nous nous exécutâmes sans même penser à rouspéter. Après avoir effectué le même mouvement pendant des décennies, ce changement était rafraîchissant. Nous repartîmes alors au début où avait commencé notre tâche, à l'écart des hommes. Toujours dans un grand silence, nous appliquâmes un mélange informe et sombre. Celui-ci permettait de faire glisser davantage le bateau dans l'eau et de repousser les crustacés de venir croquer la coque. Au bout de plusieurs minutes, la jeune marquise, à l'abri des oreilles débuta étonnement une discussion avec moi :

Captive du capitaineOù les histoires vivent. Découvrez maintenant