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« Réveille-toi, Rita.

- Ahhhh, criais-je en sortant des songes de Morphée.

- Bienvenue dans un autre cauchemar, commence une voix ricaneuse. »

Je n'écoutais même pas ce qu'il disait, car mon cœur, battant la chamade, masquait totalement sa voix moqueuse. Ma respiration était aussi chaotique que les vagues qui narguaient ce fichu bateau pirate. Des perles de sueurs s'accumulaient sur le haut de mon front blanc. Ma tête tanguait comme si le monde tremblant allait s'effondrer. Cette voix sadique m'avait tiré d'un rêve cauchemardesque où régnait un monstre plus repoussant qu'Hadès. Ce même homme qui m'avait agressé la veille me changeant un peu plus. Cette nuit avait été traumatisante pour moi tout comme la précédente. L'accumulation de ces deux derniers jours allait me faire sombrer, mais je ne pouvais pas me laisser m'enfoncer vers cette noirceur. Je me repris soudain pour éviter de penser à ce sujet, sinon j'allais devenir complétement folle. Mon cerveau avait toujours réussi à me faire oublier les différents problèmes qui avaient mouvementé mon quotidien et surtout mon cœur. Il fallait que je reste calme, l'esprit complétement clair, pour ma mère, pour James, pour ma propre vie.

La seule chose importante à cet instant était de trouver une échappatoire avant d'être vendue au plus offrant. Je n'avais aucune idée du temps que je disposais alors chaque minute était précieuse. Oubliant ce que mes souvenirs me dictaient, je tentai d'oublier cette nuit. Je devais paraître docile et sereine pour plus facilement leur retourner le cerveau le moment venu. D'une voix calme, je dis doucement en sortant du lit du capitaine :

« Vous désirez que nous nettoyions l'intérieur de votre navire aujourd'hui ?

- De quoi as-tu rêvé, questionne-t-il en gardant son sourire. Et arrête de me vouvoyer.

- J'ai rêvé d'une personne terriblement affreuse, répondis-je en le fixant droit dans les yeux.

- Et bien si tu en cherches une autre, tu as l'embarras du choix sur ce rafiot !

- Je crois que j'ai trouvé la pire, arguais-je en fixant Clay davantage.

- Je vois que tu es piquante dès le réveil, ricane-t-il. C'est bien que tu sois en forme, parce que tu vas nettoyer l'extérieur tout à l'heure.

- D'accord, si vous le désirez, dis-je en sentant mes muscles souffrir des efforts de la veille.

- Parfait... sauf pour le vouvoiement. »

Clay partit directement après la fin de sa phrase. Je ne voulais pas discuter avec lui, ni avec quiconque d'ailleurs, donc cela m'arrangeait grandement. Lorsque je vis disparaître sa chevelure brun foncé dans l'embrasure, je relâchai la pression et pris une grande respiration. Depuis tout à l'heure, je n'avais osé prendre une seule inspiration. L'atmosphère avait été réellement pesante et éreintante au point où l'air manquait.

Mon corps s'habilla en un instant des vêtements de la veille et je fus fin prête à accomplir ma tâche de la journée. Durant toute mon enfance, j'avais été au service des autres, et c'est aujourd'hui que cela devenait vital. Chacune de mes actions sera une question de vie ou de mort.

Avant de franchir le seuil de la porte, je m'arrêtai et pris une immense respiration. Il fallait que j'affronte ce nouveau jour. Ce n'était que mon deuxième réveil sur ce bateau d'infortune et je n'arrivai déjà plus à voir le soleil à l'horizon.

« Rita, tu dois avancer, me réconfortais-je silencieusement. Tout oublier. »

Déterminées, mes jambes passèrent le pas de la porte. Lorsque j'arrivai sur le pont, l'air me donna envie de régurgiter le déjeuner que je n'avais pas encore mangé. Des frissons désagréables parcourus mon corps là où l'immonde pirate m'avait touché et son odeur de pourriture se mélangea aux effluves de la mer. Sans hésitation, mon corps courus à la rambarde la plus proche où je vomis toutes mes tripes. J'avais toujours aimé l'air marin, mais c'était la première fois qu'il me paraissait si insupportable. Je régurgitais, mais la boule dans mon ventre ne partait pas. C'était toujours là. Pendant que je rejetais toutes les sensations répugnantes qui me traversaient, je sentis une main se poser sur mon épaule. Bien que réconfortante, ce contact me glaça. Je la repoussai immédiatement et mes mouvements m'éloignèrent de cette présence.

Captive du capitaineOù les histoires vivent. Découvrez maintenant