Captive du capitaine

2. Une personne de trop à bord

Lorsque nous arrivâmes sur le bateau, les autres passagers étaient déjà tous là. Ce genre de circuit peu commun, était plutôt réservé à des gens plus aisés, c'est pourquoi ils étaient peu nombreux à bord. Il n'y avait en effet, que quatre voyageurs que nous saluâmes d'un geste lointain de la tête.

Notre petit groupe était composé de deux hommes grands à l'accent prononcé du sud ainsi qu'un couple. L'homme avec sa queue-de-cheval noire et son attitude confiante transpirait le charisme tandis que la femme brune paraissait sans intérêt à ses côtés. Cette dernière me lança un regard qui voulait en dire long sur son mépris. C'est vrai qu'après tout, je n'étais qu'une jeune villageoise, ce qui faisait vraiment tache en comparaison à ses nombreux bijoux et à sa robe bouffante ocre.

Mon regard se perdit un instant sur la tenue que je portais et malgré sa laideur, c'était la plus jolie que je n'avais jamais mise. Une jupe bleue venait habiller mes jambes, pendant qu'un simple nœud noué à la taille faisait le lien avec une triste chemise blanche en coton. Mes cheveux bruns tombaient en cascade dans mon dos et venaient quelques fois encadrer mon visage pâle.

Mes vêtements étaient clairement insuffisants pour venir rivaliser avec ceux de la brunette en face de moi. Toutefois, contrairement à elle, je n'en avais clairement rien à faire. Les quatre inconnus s'approchèrent de nous et je vis le regard de James se noircir. Ses yeux vinrent frapper les différents hommes d'une lueur menaçante. Mon ami avait toujours été ainsi au contact de personnes de son sexe. Pourtant, je n'avais jamais trop fait attention aux regards si particuliers de la gent masculine, me rappelant trop ceux envers ma mère. Elle était jolie, je l'étais aussi, mais à regret. Le regard vert de jalousie de la femme brune dans ma direction, me fit comprendre que j'étais vraiment la fille de ma mère. Celle-ci prit la parole :

« Jeanne, Marquise de la Courtivron.

- James, simple villageois, dit-il en baisant sa main.

- Oh ! Miracle ! Je vois que l'on vous a appris la politesse dans votre campagne. Venez voir cela, Anthoine, ricana-t-elle. »

James, absolument pas susceptible, se contenta de sourire devant ce pic gratuit. Puis, l'air de rien, il enchaîna simplement :

« Et voici mon amie, Rita. »

Les hommes vinrent à leur tour prendre ma main et différentes conversations naquirent. Après avoir fait connaissance, j'appris qu'il y avait donc Gilbert et Pierre ainsi qu'Anthoine, le futur mari de Jeanne.

Malgré l'effervescence et l'excitation d'un voyage qui s'annonçait, mon attention préférait se perdre sur l'étendue d'eau qui m'appelait. La coque en bois du bateau transperçait les vagues glacées au rythme des coups du gouvernail. Je me penchai alors au-delà de la rampe pour sentir mon corps au plus proche de la mer. L'eau éclaboussait parfois mon visage ce qui m'arrachait un sourire radieux :

« Enfin libre, pensé-je. »

Toutefois, le capitaine me sortit de mes pensées en annonçant à notre petit groupe :

« Nous sommes enfin au complet, le début de ce périple va pouvoir commencer ! Je suis le Capitaine Bot et voici mon équipage, dit-il en pointant du doigt les quelques marins sur le bateau. Nous nous dirigeons vers un grand port où vous montrez dans un plus grand rafiot qui vous fera le tour de toutes les îles du continent. Nous allons juste faire une petite escale sur une terre très riche en biodiversité en attendant qu'on rejoigne le port du Levant. Je vous souhaite donc un bon voyage à tous, dit-il avec entrain et joie. »

Après cette courte présentation, le capitaine Bot prit l'initiative de nous faire le tour de sa maison flottante. Ce bateau anciennement de commerce avait été aménagé exprès pour accueillir des passagers. Il passa devant ses appartements privés, puis ceux entassés de ses camarades et enfin, il nous mena à nos cabines respectives. Il y avait deux pièces pas très grandes. La première était réservée aux hommes et la seconde, à la marquise et moi-même.