9. Cauchemar

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À l'instant où Duarte quitta ma cabine, je me précipitai pour barricader la porte de mon frêle corps. Le danger était imminent, Brockley allait venir, et mon faible poids n'allait pas l'empêcher de rentrer. Le temps s'écoulait rapidement. La situation était critique, je devais trouver quelque chose, n'importe quoi qui pourrait m'aider. Fallait-il que je parte ou bien que je me barricade ? Malheureusement, je ne pouvais partir et il n'y avait absolument rien dans cette chambre mise à part un grand lit et une toute petite table. Désespérée, je pris ce dernier objet en bois et mes mains tentèrent de le coincer pour bloquer ma satanée entrée, mais rien n'y faisait. Elle était bien trop petite pour me sauver du pirate. Il fallait que je trouve une autre solution. Mes pas me guidèrent vers mon lit où j'essayai de le pousser, toutefois, mes muscles n'arrivaient pas à assumer le poids de ce meuble. Il ne bougea pas d'un unique centimètre jusqu'au moment où j'abandonnai, comprenant qu'en réalité, il était fixé dans le sol.

J'étais assise par terre, adossée contre le mur, ne sachant pas quoi faire. Des souvenirs de la veille vinrent marteler mon esprit et déterminée à protéger mon corps et mon âme, j'essayai malgré tout de déplacer ce lit immense. Tout en continuant mes efforts, les idées fusèrent dans ma tête sans qu'aucune ne se démarquât.

« Si seulement j'avais plus de meubles.... comme dans la chambre de Clay, songeai-je. »

À cette pensée, une solution soudaine me vint. Comme le capitaine n'allait pas dormir dans sa chambre cette nuit, pourquoi ne pas tout simplement prendre l'un de ses objets pour bloquer ma porte ? Après tout, j'avais facilement à le remettre à sa place au petit matin. Cette idée me sembla idéale. Sans hésitation, je sortis de ma cabine, légèrement apeurée de tomber nez à nez avec Brockley, mais pour mon plus grand bonheur, mon corps traversa le couloir sans problème. Une fois dans l'autre chambre, je vis une chaise d'une taille parfaite. Je la pris rapidement et j'essayai de la coincer contre la porte de Clay afin de la tester. Elle la barricada à merveille, et un soupir de soulagement s'échappa de ma bouche.

Cependant, en voyant cette chaise parfaitement bien bloquer cette porte, je n'avais plus du tout envie de quitter cette pièce. J'étais en sécurité, pourquoi tout risquer en partant alors que le danger pouvait venir à tout moment ? Après tout, Clay m'avait déjà autorisé une fois d'y dormir alors pourquoi ne pas y rester une nuit de plus ? À ses pensées, vint se greffer un deuxième argument. En effet, Brockley n'allait certainement pas risquer de rentrer dans la cabine de son capitaine, donc cette chambre m'assurer une seconde protection. Qui est-ce que je craignais le plus ? Les mains sales de Brockley ou l'aura terrifiante de Clay ? Ma réponse était évidente. C'était décidé, j'allais dormir dans son lit, une nuit encore. Je devais simplement quitter sa chambre à l'aube.

Lorsque je pris cette décision, je me sentis beaucoup plus en sécurité. C'est plus sereinement que je commençai à me déshabiller pour pouvoir me coucher dans son lit. Je n'avais évidemment pas de quoi me changer, mais la journée m'avait beaucoup trop fatiguée ; je devais quitter mes vêtements dégoûtants. Je vis immédiatement les affaires de Clay qui me firent de l'œil.

« Il n'allait pas s'en rendre compte, n'est-ce pas ? »

Sur ce murmure, je décidai alors de prendre l'une de ses chemises blanches. Son odeur embaumait le tissu soyeux et je ne supportais absolument pas cette senteur. J'avais l'impression que Clay était là, en train d'observer mes moindres gestes. Ce maudit pirate me répugnait. En fait, à bien y réfléchir, même ses draps sentaient son odeur, j'avais envie de vomir.

Néanmoins, mon corps éreinté s'allongea sur le matelas et je fermais doucement les yeux pour tenter de m'endormir, mais la peur m'empêchait de trouver Morphée. Je ne sais combien de temps passa avant que je n'entende des pas taper sur les planches en bois du couloir. Ils se rapprochaient terriblement pendant que mon corps se recroquevillait sous les draps. Les bruits réguliers s'arrêtèrent devant la porte de ma chambre. C'était lui, c'était Brockley. Il pénétra dans la pièce et demanda :

Captive du capitaineOù les histoires vivent. Découvrez maintenant