9 ¦ Nestor sans le Nor

18 2 44
                                    

Nestor avait toujours été habitué à la solitude. Depuis sa plus tendre enfance, c'était sa meilleure amie, la seule chose qui ne l'abandonnait pas. Et oui, Nestor avait bien eu une vie avant sa mort et son job consistant à subir les humeurs d'Amaury, principalement.

Le fait est que même s'il était habitué, il n'appréciait pas sa présence, à la solitude. Le silence qui l'accompagnait toujours lui collait à la peau, et le vide autour de lui semblait s'infiltrer dans son organisme, jusqu'à devenir son principal oxygène.

C'est pourquoi, quand il eut décidé d'ignorer l'humain qu'il était censé protéger, elle était revenue, telle une vieille amie. Peut-être que c'était un peu gamin, mais il se protégeait comme ça, l'ange. Il ignorait. Faisait taire les voix dans sa tête. Et quand ça devenait trop lourd à supporter, il fixait ses ailes et les regardait bouger, comme des membres totalement indépendants de son corps.

Au début, elles l'avaient gêné un peu. Il se souvient de leur apparition comme si c'était hier. Ce mal de dos éphémère, et ces étranges plumes qui étaient apparues lentement. Il se souvient de son regard fuyant et perdu, aussi. De la voix de ces étranges costumes sans tête qui lui avait appris qu'il n'était pas sous LSD, mais bien mort. De son nom qui lui avait fait faire si souvent des cauchemars, se transformer en « Ange numéro 4675, catégorie gardien ». De sa réaction mi-choquée mi-heureuse quand on lui avait appris qu'il allait garder l'apparence de son physique à sa mort, c'est-à-dire ses 16 ans. Bon, au moins, il n'allait pas se taper une image de vieux croulant, comme le laissait penser son année de naissance ; 1987. Le désavantage, c'est qu'il garderait ses cicatrices. C'était moins cool, ça, mais la chemise de son costard les couvrait plutôt bien.

Ce qui était drôle, d'après Nestor, c'est qu'à ce moment précis, il s'était senti invincible. Dans son costume presque trop serré, ses nouvelles plumes d'un blanc éclatant fixées à son dos le suivant, et des nouvelles vies à protéger, le garçon s'était senti puissant, heureux. C'était assez ironique, d'être plus heureux après sa mort que pendant sa vie. Mais bon, ce n'était que son avis personnel après tout.

Il avait assisté à tous les debriefs, en élève assidu qu'il était. Puis, il avait pris soin d'une grand-mère de 80 ans, perdue dans sa campagne avec ses chats. On lui avait dit qu'avec leur vie calme, les personnes âgées étaient celles qu'on donnait aux nouveaux, le plus souvent, sauf s'il y avait un lien puissant reliant les anges et des humains encore en vie. Là, ils devenaient leurs anges gardiens, peu importe l'âge.

Mais, avant qu'il ne puisse faire quoi que ce soit, on lui apprit qu'il y avait eu une erreur. Que Dieu lui-même voulait écouter l'histoire de son âme égarée. Alors, il l'avait raconté. De sa naissance à sa mort, n'oubliant aucun détail. Peut-être par pitié, ou tout simplement par bienveillance, Nestor avait directement été promu au rôle de « Domination ». De « Ange numéro 4675, catégorie gardien », il était passé à « Domination numéro 7 ».

Les Dominations contrôlaient aussi les humains, mais d'une manière bien différente. Eux, ils dirigeaient l'Histoire avec un grand H. Rédigeaient les guerres, les faisaient respecter, détruisaient des peuples, créaient des langues, propageaient des virus...

Et Nestor n'aimait pas ça. Il trouvait ça cruel, bien que nécessaire. Alors, on lui avait redonné un humain. Pour qu'il s'entraîne, avant de reprendre son vrai rôle. Un nourrisson, cette fois-ci. Il avait vu l'accouchement, de là-haut.

Et quand le bébé poussa son premier cri, et que la mère, les larmes aux yeux, décida de l'appeler « Amaury », Nestor su qu'être ange gardien était tout aussi ennuyant que Domination. Non, il n'avait pas été touché de voir cette masse presque informe et couverte de sang crier ses poumons, ni même en s'efforçant de penser que la vie de cette petite chose fragile était entre ses mains maintenant. Quand il vu ses minuscules membres et les trois poils noirs lui servant de cheveux non plus, il ne s'extasia pas. Alors, il fit quelque chose de stupide et qu'il regrettait un peu aujourd'hui. Il ne s'occupa pas de lui.

C'était peut-être pour ça qu'Amaury était si égocentrique, impulsif et déroutant aujourd'hui. C'était peut-être aussi pour ça qu'il avait passé son adolescence dans les bars, à boire comme si le lendemain n'existait pas. Et c'était sûrement pour ça que Nestor avait été mis au pied du mur, et appâté avec une promotion, dans l'au-delà.

Voilà où tout ça l'avait emmené. Maintenant, l'ange était allongé sur le toit de la maison d'Amaury, à fixer le ciel, bercé par les pleurs bruyant de l'humain occupant la chambre juste en dessous.

Nestor, lui, avait perdu cette capacité en même temps que la vie. Maintenant, il trouvait ça étrange de pleurer. Ça lui faisait repenser aux rires qui venaient du même humain, celui qui crachait de l'eau par les yeux actuellement.

De quand il s'était battus pour la télécommande. De leur rencontre un peu houleuse. De cette fois où ils avaient fait les courses ensembles, et que leur dispute à propos de la marque de Ketchup à prendre avait fait s'interroger sur la santé mentale d'Amaury, qui semblait parler aux sauces tomates sucrées en bouteilles. De leurs discussions tard le soir, à fixer ce même ciel.

Et puis, ça lui faisait repenser aux disputes aussi. Aux moins importantes, comme cette fois dans la voiture, sur le parking de l'hôpital. Aux plus importantes aussi, surtout cette nuit où ses paroles avaient légèrement dépassé ses pensées.

Bon, oui, peut-être un peu plus que légèrement. Il ne voulait pas le traiter de gamin et sous-entendre que ses ressentis devaient être minimisés. Mais, sous l'effet de la colère, il avait juste décidé de taper là où ça faisait mal. Il avait juste frappé un peu fort. Pourtant, il connaissait la puissance des mots. Eux qui étaient plus dévastateurs que n'importe quel guerre qu'il avait pu enclencher.

Ah, les pleurs s'étaient calmés. C'était déjà la sixième nuit comme ça, depuis le burn-out d'Elliot.

Cela le poussa à s'interroger. Nestor était blessé, certes. Il lui en voulait aussi. Il le trouvait débile, borné et vraiment culotté, mais Amaury restait tout de même l'humain dont il devait s'occuper. Et il n'aimait pas recommencer ses erreurs.

C'est ce qui le poussa à descendre, et à apparaître au milieu de la chambre de la personne maintenant majeure. Il prit une grande inspiration, pour se donner le courage nécessaire, et parla doucement :

"— Dis, un humain, c'est pas censé nous respecter ?"

Il essaya de ne pas faire trembler sa voix, pensant à ce qu'il allait faire dans quelques minutes. Pour ne pas vaciller, Nestor prit la sage décision de s'asseoir par terre, fixant l'humain allongé sur son lit.

"— Dégage. T'es la dernière personne que je veux voir maintenant, murmura Amaury, essuyant ses yeux larmoyants.

— Écoute Amaury, je sais que je t'ai blessé, et c'est pour ça que je veux m'excuser. Avec de vraies excuses. Et après ça, je veux que tu me pardonnes et je veux t'aider à redevenir ami avec Elliot et June, comme avant. Mais pour ça, j'ai besoin que tu fasses l'effort de m'écouter et de me comprendre.

— Et comment tu vas t'y prendre, pour tes vraies excuses ? Demanda l'ébène, en tournant la tête pour regarder dans les yeux le brun.

— Je vais te raconter mon passé."

[𑁍]

Hey hey !

Comment ça va ??

Bon, faudrait que Patrick se calme là, histoire que je vous laisse respirer. Dites-moi sincèrement, ça vous saoule les update si régulières ????

Anyway, place aux questions, parce que pour une fois, je n'ai rien d'autre à dire !

-Les débuts de Nestor en temps qu'Ange ! Qu'en pensez-vous ??

-Avez-vous compris la différence entre Ange et Dominations, ou je suis peu clair ?

-Cicatrices, vie avant la mort et histoire qui fait tellement pitié qu'il a été promu directement, que peut donc bien cacher l'ailé ??

-Et surtout, qu'avez-vous pensé de ce chapitre spécial Nestor ?

Je vous fais pleins de bisous sur le pouce,

Munroe

Il l'a maudit 5 foisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant